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Nos Lecteurs ont la Parole

Hoblos à la recherche d’une femme perdue !

Mohammad Ahmad Hoblos est né en 1964, au Akkar, nord du Liban. Hoblos est professeur à l’Université libanaise en littérature générale et comparée. Parmi ses écritures de recherches : La littérature comparée et le symbolisme de couleur dans le poème arabe moderne. Parmi ses écritures poétiques : Rugissement de la tempête (2001) – Psalmodie du cœur (2004) – Des poésies rebelles (2005) – Et mes lettres vertes fleurissent en tant qu’un palmier (2012) – Laya (2016).

Après avoir vu un petit aperçu sur le poète Hoblos, passons à son recueil intitulé Poèmes d’amour publié en 2020. Dans ce livre, les thèmes semblent apparemment polyphoniques de l’amour jusqu’à la haine, de la vie jusqu’à la mort, de l’image angélique de la femme jusqu’à l’image satanique. Et le thème de la femme enchantée règne sur tout ce qui précède. Alors comment le poète pourrait-il dévoiler sa Vénus de femme aux visages controversés derrière les barreaux d’une image divine floue ?

De prime abord, nous débuterons par la présence d’un Dieu inspirateur du poète dans ses lettres pour la beauté féminine. Il coupe les souffles des puritains avec ses versets coraniques sur la beauté féminine. Puis il partage avec nous quelques petites lignes de l’histoire du prophète Joseph. Ce prophète qui était le plus bel homme du monde selon les religions ibrahimiques et qui a pu attirer toutes les jolies filles du monde. Hoblos, par le biais de cet avant-propos, dévoile un avertissement à ce type de gens qui refusent la joie, la beauté et la sensualité de la femme. Il affirme dans la page 8 : « Mes poèmes dans mon recueil expriment ma vision des femmes: la femme/âme et la femme/corps ; Dieu a créé les femmes sous deux formes : spirituelle et physique. » À l’incarnation de l’image divine de la femme dans les yeux d’un beau et bon Dieu, Hoblos nous fait appel à aimer cet être doux et pensif par ses beaux et mauvais caractères, par ses hauts et ses bas. C’est un poète qui n’a pas pour la haine une place malgré ses tentatives pour humilier la timidité de l’amoureuse ; prenons en guise d’illustration son poème intitulé Paresseuse. Il dit « Paresseuse jusqu’à ce que je déteste ton amour, et je n’ai jamais hâte de te revoir » (p. 69). Pour lui, la timidité semble inexplicable entre un couple, surtout dans les moments les plus intimes. S’il déteste, il déteste la fuite de son amoureuse « Pourquoi la disparition et la fuite ? » (P. 89). C’est un poète avec des ailes d’un Baudelaire mû par les vagues de la passion.

En deuxième lieu, la polyphonie occupe une place primordiale dans ses poèmes, des noms jusqu’au lieux, d’une femme à une autre. L’image de la « passante » de Hoblos est celle d’une femme dont nous ne pouvons pas détecter son identité, ni son nom, ni son âge, ni quoi que ce soit. Amour, beauté, esprit sont les traits significatifs et distinctifs de la figure esthétique de la femme hoblosienne. D’où le choix du titre : « À la recherche d’une femme perdue » parce que le poète nous comble par la polyphonie à l’égard de cette femme. C’est un Proust à côté de ses amoureuses. C’est un Adonis, un Backhos, un Joseph à sa manière. Il connote ses recherches dans ses plaisirs du rêve « En cherchant la femme qui habitait mes rêveries » (p. 88). Il chante l’amoureuse par ses propres mots, tantôt en disant « Malak » le nom propre de sa femme, tantôt en disant ange, tantôt en précisant qu’elle est une reine (p. 9). En arabe, un seul mot pourrait avoir plus qu’un sens selon le contexte. De ce fait, le poète éloquent est un roi dans son royaume de mots. Il joue avec les mots comme il joue avec l’image et les courbes de la femme. Personne ne peut lire ses écritures sans être passé dans un voyage lointain. Pour lui aussi la femme acquiert une dimension spatiale : « Et toi, tu es mon univers ! » (p. 9)

Enfin, vient un coin universel pour voir les beautés cachées derrière les cigarettes hoblosiennes en décrivant les courbes de la femme à la manière des grands poètes. La littérature comparée englobe les alentours des écritures hoblosiennes. Le poète ne peut pas s’échapper de la comparaison, l’intertextualité et l’esthétique. Son parcours académique participe d’une manière ou d’une autre à l’acte de la rédaction. En lisant Hoblos, des bribes et des étincelles des grands poètes arabes et occidentaux s’éclatent dans l’esprit des lecteurs. Dans le poème Donne-moi plus de désertion (p. 14), c’est l’image paradoxale d’un Nizar Kabbani qui refuse le fait d’être éloigné de sa passion. Ce n’est plus « Donne-moi plus d’amour ». Hoblos partage avec Nazik al-Malaika le haïssement de la froideur en amour en proclamant l’amour ébranlé « Sors une rage infernale » (p. 32). Le poète affirme et justifie qu’il continuera à enchanter l’amour dans son poème « Incessant » (p. 33). C’est un « Albatros » avec une grande arrogance. C’est un Baudelaire qui ne voit que l’espérance dans l’ascension. « Le point de l’aigle, c’est à voler vers les sommets » (p.33).

En conclusion, nous avons vu ensemble comment le poète fusionne les images les plus opposées de la femme dans son aventure passionnée. C’est un chevalier akkarien qui voit dans la femme une incarnation de tout ce qui est sublime. C’est le poète qui écrit les plus beaux vers en brûlant ses cigarettes d’amour. Ses perspectives intenses sont inachevées à l’égard de sa femme plurielle. Bien que le poète soit universel dans ses écritures, nous avons remarqué qu’il a un zèle vers la beauté libanaise « Je vois le Liban dans ses costumes » (p. 62). Comment le poète pourrait satisfaire les autres femmes de différentes nationalités en avouant que l’incarnation de la beauté féminine et divine est à la base libanaise ?

Professeure universitaire à al-Jinan, faculté des lettres et des sciences humaines, département de traduction

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Mohammad Ahmad Hoblos est né en 1964, au Akkar, nord du Liban. Hoblos est professeur à l’Université libanaise en littérature générale et comparée. Parmi ses écritures de recherches : La littérature comparée et le symbolisme de couleur dans le poème arabe moderne. Parmi ses écritures poétiques : Rugissement de la tempête (2001) – Psalmodie du cœur (2004) – Des...

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