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Culture - Rencontre / Festival

Piano fou, danse spirituelle et improvisations électroacoustiques bientôt à Baalbeck

Le Festival de Baalbeck accueillera le 17 juillet les artistes Simon Ghraichy, Rana Gorgani et Jacopo Baboni Schilingi, pour une création originale autour du piano, amplifiée par la danse soufie et des intermèdes électroacoustiques. Ce concert-spectacle inédit, qui allie exigence, modernité et spiritualité, a commencé par une promesse.

Piano fou, danse spirituelle et improvisations électroacoustiques bientôt à Baalbeck

La danseuse franco-iranienne Rana Gorgani. Photo Joël Saget

À l’Institut du monde arabe s’est tenu le 2 décembre dernier un concert de huit artistes, rassemblés par Simon Ghraichy, qui ont choisi d’offrir leur travail et leurs talents artistiques pour soutenir le Festival de Baalbeck. Cet événement avait vu le jour à l’initiative du pianiste virtuose, sous le haut patronage de François Hollande, dans le cadre de l’initiative Li Beyrouth de l’Unesco et en présence de Nayla de Freige, présidente du festival. Simon Ghraichy avait souhaité, à l’issue d’un spectacle à la fois varié dans ses propositions et cohérent dans son exigence artistique, pouvoir participer au grand festival de la Békaa et il a tenu sa promesse, après l’invitation de Nayla de Freige. Et c’est avec le musicien Jacopo Baboni Schilingi et la danseuse Rana Gorgani qu’il montera sur scène le 17 juillet.

Actuellement à New York pour une tournée de concerts dans le Vermont, dans le cadre du Killington Music Festival, celui que l’on reconnaît facilement grâce à sa folle coupe de cheveux bouclés partage son enthousiasme de pouvoir reprendre un rythme soutenu de concerts. « Après le Covid, cette année a nécessité de se réadapter physiquement, intellectuellement, au niveau de l’endurance, pour reprendre la vie que j’ai choisie, faite de voyages, de partages avec le public et d’exigence. Le 8 juillet, je participerai au Festival de Toulouse, au jardin Raymond VI, derrière les remparts. Dès le 16 juillet, je serai au Liban : ce projet de concert me tenait à cœur, ce sont mes racines qui parlent. J’ai été très inquiet face à l’enchaînement des crises au Liban, sanitaires, politiques, économiques et sociales, et j’étais préoccupé pour les institutions culturelles, ce sont elles qui font vivre le peuple en temps de crise, en permettant de s’évader et de se changer les idées », confie celui qui a construit avec Rana Gorgani et Jacopo Baboni Schilingi une programmation unifiée autour du piano. Sans entracte, le spectacle proposé alliera des progressions linéaires et circulaires. « La collaboration de Rana et de Jacopo va amplifier ce qui se passe au piano. Le choix musical, associé à la performance continue de la derviche tourneuse, a favorisé des pièces rotatives, minimalistes, impressionnistes, et on a l’impression que le mouvement de la danse s’exacerbe et s’amplifie à travers ses tournoiements », annonce Simon Ghraichy, qui travaille avec la danseuse franco-iranienne depuis des années. « C’est une création commune, renchérit Rana Gorgani, on a eu toute une réflexion autour de l’architecture du site de Baalbeck, de son histoire, de sa lumière. D’ailleurs, mes costumes, les couleurs, les formes, les voiles, la chorégraphie seront aussi en phase avec mes lectures sur cet espace millénaire, dans leur dimension symbolique. Traditionnellement, c’est une danse spirituelle, méditative, en lien avec la prière, et elle est vécue sur des chants sacrés, qui sont répétitifs. Ainsi, les morceaux les plus adaptés sont construits sur des boucles, on y entend à travers les notes une spirale. La répétition va avec le tournoiement et il faut que la mélodie soit ascendante », explique celle qui a découvert la danse soufie lorsqu’elle était adolescente, lors d’un voyage en Iran.

Le musicien Jacopo Baboni Schilingi. Photo T. Tairadate

Des ponts électroacoustiques à la danse spirituelle

Le concert déroulera une ligne musicale ininterrompue, unifiée par les créations de Jacopo Baboni Schilingi qui feront glisser les différentes pièces proposées au piano les unes après les autres. « Ce sont les interludes de Jacopo, véritables ponts électroacoustiques, en partie composés d’avance et en partie mixés sur place à partir de ce que j’aurai joué avant, qui feront le lien entre les morceaux, pour leur donner une dimension grandiose, explosive et plus intense. Il mixera par exemple les dernières notes de mon morceau de Bach, qui se prolongera à travers les sons électroniques pour se métamorphoser progressivement et nous emmener vers la prochaine œuvre », détaille Simon Ghraichy. Au programme, Bach, Albéniz, Granados et des œuvres minimalistes, comme celles de Philip Glass ou de Michael Nyman.

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La danseuse soufie semble impatiente de découvrir comment sa performance sera influencée par le lieu unique que constituent les ruines de Baalbeck. « Il ne s’agira pas d’interventions dansées, mais d’un réel spectacle pendant lequel je vais tourner de manière constante, et le lieu va forcément jouer au niveau de l’énergie, de l’intensité, car la danse soufie relève du spirituel, que la musique soit religieuse ou non. Certains morceaux ne s’y prêtent pas, certains méritent d’être juste écoutés dans un espace vide, même si la danse n’est pas là pour remplir un vide. Parfois, je révèle ce vide à travers la danse, et parfois je laisse le son vivre. On a imaginé le concert avec un temps où je ne suis pas forcément présente, mais où je le suis quand même, par la trace », analyse la danseuse, qui apprécie tout particulièrement la musique classique. « Je travaille actuellement avec une chanteuse lyrique classique iranienne, Ariana Vafadari. En septembre, nous serons sur scène pour deux festivals, Arabesques d’une part à Montpellier et Émergences, à Paris. Avec Simon, c’est le piano mon instrument de cœur, et avec Ariana, ce sera la voix. Je vais également participer au projet SAMĀ de Pierre Thilloy, un spectacle où un orchestre symphonique rencontre la danse soufie », prévoit la derviche tourneuse après son spectacle libanais.

Simon Ghraichy, pianiste virtuose. Photo DR

Simon, ses notes, ses tenues, ses idéaux

Le sens de la tenue de Simon Ghraichy est imparable, ce dont il ne se cache pas. « Aujourd’hui, être un artiste moderne et complet, c’est vivre avec son temps, et ce n’est pas parce que je joue des œuvres de Bach que je dois lui ressembler. Mes tenues s’inspirent de l’air du temps, chaque concert est différent et j’ai un grand dressing ! Je ne sais pas encore ce que je vais porter à Baalbeck, mais il y aura deux éléments essentiels, l’élégance, par respect pour ceux qui sont venus m’écouter, et le petit détail personnel, celui qui va faire que cette tenue ne sera pas pareille si quelqu’un d’autre la porte, un élément de l’ordre de l’intime, qui n’est pas de l’ordre du travestissement, car il me correspond », explique le pianiste qui semble avoir trouvé un équilibre insolite entre excellence et accessibilité. « C’est l’avenir de la musique classique qui est en jeu, elle est intemporelle et adaptable à toutes les époques. L’associer à une dimension ringarde, incluant smoking, chemise blanche et public âgé n’est pas tenable pour l’avenir. On vit dans un monde qui est en pleine mutation, on est en train de redéfinir les liens entre nous, aux niveaux social, politique, artistique… La préoccupation principale est la diffusion de l’art au plus grand nombre. Parfois, c’est à travers un look, une coupe de cheveux ou un angle de communication qui peut parler à un plus large public, sans toutefois dénaturer ni les œuvres ni ma démarche artistique, à travers laquelle je recherche l’excellence. Ce travail doit être répercuté dans la société qui va venir nous écouter et s’intéresser à nous, sinon c’est un travail vain », conclut le pianiste, qui va sûrement enchanter les pierres dorées de Baalbeck.

Grand coup d’envoi le vendredi 8 juillet

Après deux ans d’absence de spectacles en présentiel, le Festival de Baalbeck signe son grand retour avec quatre soirées placées sous le slogan « We Are ALive » pour célébrer la vie et le retour au direct. Le coup d’envoi sera donné ce vendredi 8 juillet, avec une soirée inaugurale sur les marches du temple de Bacchus donnée par le maestro Loubnan Baalbaki et la chanteuse Soumaya Baalbaki, accompagnés d’un orchestre de plus de 35 musiciens ainsi que du chœur de Notre-Dame de Louaïzé. Figure incontournable de la scène musicale indépendante arabe, le quatuor Adonis, groupe d’indie-pop libanais réputé pour ses textes emblématiques en arabe et ses performances live époustouflantes, s’emparera de la scène le dimanche 10 juillet. Combinant parfaitement le flamenco le plus traditionnel avec les sons du jazz, le spectacle de José Quevedo « Bolita » promet une belle soirée de flamenco-jazz le lundi 11 juillet. Quevedo sera accompagné par les artistes Rafael de Utrera au « cante » et Carlos Merino à la percussion pour un concert en collaboration avec l’ambassade d’Espagne. Le 17 juillet, clôture en beauté avec le spectacle original, spécialement conçu pour Baalbeck, alliant différents styles musicaux de Simon Ghraichy, pianiste virtuose avec la danseuse Rana Gorgani et le musicien Jacopo Baboni Schilingi.

Billetterie dans toutes les branches de la librairie Antoine ainsi qu’à l’entrée de l’acropole de Baalbeck. Transport par bus à réserver également à la librairie Antoine.

Tél. : +961 1 697310, ext. : 260.

À l’Institut du monde arabe s’est tenu le 2 décembre dernier un concert de huit artistes, rassemblés par Simon Ghraichy, qui ont choisi d’offrir leur travail et leurs talents artistiques pour soutenir le Festival de Baalbeck. Cet événement avait vu le jour à l’initiative du pianiste virtuose, sous le haut patronage de François Hollande, dans le cadre de l’initiative Li Beyrouth...

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