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Politique - Liban-Syrie

Polémique après la visite d’Élias Jaradé à Damas

Ce déplacement « n’était pas politique, et ma priorité est et restera mes patients, libanais ou étrangers » , a affirmé le député issu des rangs de la contestation.

Polémique après la visite d’Élias Jaradé à Damas

Élias Jaradé (5e à partir de la gauche) lors d’une conférence à Damas, en juin. Photo tirée du compte Twitter du député

Dans un pays comme le Liban, où la polarisation politique bat son plein, notamment depuis les législatives de mai, la nouvelle ne pouvait passer inaperçue. Un des députés de la contestation, Élias Jaradé, médecin de profession, s’est rendu il y a dix jours à Damas pour assister à une conférence réunissant des ophtalmologues syriens et arabes. Une visite qui a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, alors qu’une partie importante des Libanais voit d’un très mauvais œil le régime syrien, ancienne puissance tutélaire, et l’accuse d’avoir, malgré son retrait en 2005, des ambitions hégémoniques sur le pays.

Sur les réseaux sociaux, des internautes ont accusé M. Jaradé d’être engagé dans un processus de normalisation avec « le boucher Bachar el-Assad… qui viole régulièrement la souveraineté libanaise ». D’autres ont même demandé « des excuses publiques » au député de Marjeyoun-Hasbaya, dont la victoire en mai dernier a été célébrée comme une gifle au camp prosyrien, M. Jaradé ayant délogé le leader du Parti syrien social national Assaad Hardane.

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Toutefois, dans l’entourage du député, on affirme que la visite est complètement dissociée de la politique, d’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’il participe à cette conférence annuelle. « Je suis un médecin avant d’être un député, et je continuerai à l’être après mon mandat parlementaire », a-t-il tweeté il y a quelques jours, dans une tentative de mettre fin à la polémique. Hier, M. Jaradé est revenu à la charge : « Encore une fois, ma visite n’était pas politique, et ma priorité est et restera mes patients, libanais ou étrangers », a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne al-Jadeed. Contacté par L’Orient-Le Jour, il n’a pas souhaité faire d’autres commentaires.

« Impitoyable »

Mais qu’en pensent les collègues de M. Jaradé au sein du groupe de la contestation au Parlement ? Contacté par L’Orient-Le Jour, l’un de ces élus, un vétéran du 14 Mars ayant souhaité garder l’anonymat, a indiqué ne pas comprendre la polémique autour du voyage de son camarade. « La question que je me pose, c’est pourquoi, dans un pays où il n’y a ni eau, ni électricité, ni pain, on alloue à un dossier pareil toute cette énergie », ironise-t-il. « Élias Jaradé l’a dit à plusieurs reprises : sa visite n’était pas politique, d’autant qu’il participe régulièrement à cette conférence. Si un député a de la famille en Syrie et qu’il va lui rendre visite, sera-t-il également bombardé de critiques ? » s’interroge l’élu. Même son de cloche du côté de Cynthia Zarazir, députée de Beyrouth I, également affiliée au groupe de la contestation et connue pour ses positions très sévères quant à la présence syrienne au Liban. « Je suis engagée depuis des années dans la lutte pour la libération des Libanais disparus en Syrie durant la guerre civile. Mais je ne comprends pas la polémique impitoyable qui vise Élias Jaradé alors qu’il n’a fait que son travail de médecin. Il ne faut vraiment pas donner à une affaire aussi insignifiante autant d’importance », dénonce-t-elle.

Le Liban n’a pas officiellement rompu les liens avec la Syrie depuis le déclenchement de la guerre en 2011, mais aucun représentant de premier plan ne s’y est rendu depuis. Le sujet demeure extrêmement clivant, et une partie du spectre politique prône un rétablissement complet des relations.

Au sein du mouvement de contestation, Cynthia Zarazir se dit convaincue qu’il ne faut pas couper complètement les ponts avec Damas. « Si le dialogue avec les autorités syriennes est dans l’intérêt du Liban, s’il concerne par exemple le sort des Libanais disparus dans ce pays, alors, je le soutiens », indique-t-elle. Dans son interview hier à al-Jadeed, Élias Jaradé partageait ce point de vue. « Même deux États ennemis maintiennent des canaux de communication pour les négociations, comme c’est le cas entre le Liban et l’ennemi israélien en ce moment. Nous ne sommes pas en guerre contre la Syrie ou son peuple, alors, je ne vois pas pourquoi on couperait complètement les ponts, d’autant plus qu’il existe des défis communs, comme la présence massive des réfugiés syriens au Liban », souligne-t-il.Il y a quelques jours, le ministre sortant des Déplacés Issam Charafeddine (proche de Talal Arslane, figure druze prosyrienne) a indiqué que le Liban prévoit de renvoyer 15 000 réfugiés syriens par mois dans leur pays et a suggéré la mise sur pied d’un comité tripartite avec des représentants du Liban, de la Syrie et du Haut-Commissariat de l’ONU pour le réfugiés afin de concrétiser ce plan. Des associations des droits de l’homme ont cependant dénoncé l’initiative, le régime syrien ayant arrêté plusieurs réfugiés à leur retour au pays. Si, lors de son interview hier, Élias Jaradé a éludé une question concernant les raisons pour lesquelles certains réfugiés syriens craignent le retour en Syrie, il s’est de nouveau défendu de toute inclinaison politique pro-Damas. « Si je prône le dialogue politique entre deux États, cela ne signifie pas qu’il faut que les dirigeants libanais aillent en Syrie pour promettre obéissance au régime comme ils le faisaient dans le passé », a-t-il lancé en référence aux années de tutelle syrienne entre 1990 et 2005.

Le ministre sortant des Déplacés insiste sur le rapatriement des réfugiés syriens

Le ministre sortant des Déplacés, Issam Charafeddine, a confirmé hier que « le Liban suivra le plan de retour des réfugiés syriens dans leur pays, quelle que soit la position du HCR », après que l’agence des Nations unies pour les réfugiés a déclaré qu’elle ne faisait partie d’aucune négociation visant à rapatrier les réfugiés dans leur pays d’origine en proie aux conflits. M. Charafeddine a par ailleurs déclaré qu’il se rendrait en visite officielle en Syrie dans le courant du mois de juillet pour discuter de la question du rapatriement avec les autorités syriennes, selon l’Agence nationale d’information.

Les commentaires du ministre font suite à la déclaration du HCR mardi, selon laquelle il ne participerait à aucune négociation ni aucun projet de retour en masse des réfugiés du Liban vers la Syrie. M. Charafeddine avait annoncé lundi que les responsables libanais travaillent sur un plan visant à rapatrier 15 000 réfugiés syriens chaque mois. Hier, il a ajouté que le rapatriement sera « sûr et digne », soulignant que « des abris seront créés pour les personnes déplacées dans leurs villages en Syrie ». Le ministre sortant a également indiqué que « le HCR n’a pas accepté un certain nombre de points qui ont été mis en avant, y compris la demande de suspension des paiements des aides », estimant que sa position est « politique. » « L’agence ne fait actuellement pas partie des négociations tripartites au Liban sur les retours ou toute forme de planification des retours », a déclaré un porte-parole du haut-commissariat dans le communiqué publié mardi, ajoutant que l’organisme onusien « continue d’appeler le gouvernement libanais à respecter le droit fondamental de tous les réfugiés à un retour volontaire, sûr et digne, ainsi que le principe de non-refoulement ».

Des groupes de défense des droits humaïns, tels qu’Amnesty International et Human Rights Watch, ont déclaré que la Syrie n’était pas « sûre pour le retour », détaillant les abus que les Syriens risquent en rentrant dans leur pays, dans des rapports en 2021. Ces rapports ont corroboré le fait que, bien que les conflits aient diminué, « les arrestations arbitraires, la détention, la torture et les mauvais traitements, les disparitions involontaires ou forcées, le viol et la mort » sont toujours monnaie courante en Syrie.

Dans un pays comme le Liban, où la polarisation politique bat son plein, notamment depuis les législatives de mai, la nouvelle ne pouvait passer inaperçue. Un des députés de la contestation, Élias Jaradé, médecin de profession, s’est rendu il y a dix jours à Damas pour assister à une conférence réunissant des ophtalmologues syriens et arabes. Une visite qui a provoqué un tollé sur...

commentaires (4)

Censurée

Sissi zayyat

11 h 25, le 08 juillet 2022

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Commentaires (4)

  • Censurée

    Sissi zayyat

    11 h 25, le 08 juillet 2022

  • On l’avait prédit … tous les membres du changement, sauf quelque uns qui ne dépassent pas le nombre de 5-6

    Bery tus

    13 h 51, le 07 juillet 2022

  • allons, allons, soyons serieux. la polemique a pour origine les etats d'ame du depute jarady, qu'il avait commence a devoiler des apres les elections-jamais auparavant-, etats d'ame qui avaient certainement etonne & surement decu aussi, surtout ceux qui avaient vote pour lui : car il n'avait pas su, pu ou voulu qu'il est pour les armes du hezb . je plains les MP de la contestation d'avoir parmi eux -au cas ou il ne quitterait pas le groupe-un pro khamenai.

    Gaby SIOUFI

    08 h 55, le 07 juillet 2022

  • UN DES PARTISANS SECRETS DES PARTIS QUI S,EST PRESENTE AUX ELECTIONS COMME THAWRISTE POUR GAGNER LA CONFIANCE DES GENS DU CHANGEMENT... ET QUI SE DECLARE SOUDAIN AU GRAND JOUR. JE N,AI PAS CONFIANCE NI AUX PRETENDUS INDEPENDANTS NI AUX PRETENDUS THAWRISTES. TOUS S,ACHETENT S,ILS NE SONT PAS DEJA PARTISANS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 05, le 07 juillet 2022

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