Àla soupe ! C’était hier Byzance pour les roitelets locaux qui défilaient au Château de l’Homme au bois dormant ! Pas mal de nouvelles têtes, une poignée de jeunes, mais le reste valait le détour, certains allant généreusement bien au-delà des 60 balais, une classe politique génétiquement momifiée aux dentiers vibrant au rythme des salivations à la sortie. Bref, une véritable maison de retraite. Pire, le musée de l’Homme !
Hors Baabda, le décor n’a pas changé. Sur scène, on jouera le même petit navet et le Grand Mikou ira promener sa carrure pour quémander des comparses. Il sera bien obligé de frayer avec les irano-collabos du Parti pileux, ces disjonctés du rasoir dont la joie de vivre palpite au rythme des barbes qui poussent ; avec le Basileus aussi, qui rumine sa vengeance et prépare un chien de sa chienne à ceux qui lui ont savonné la planche auprès des Américains ; sans oublier le Tondu et ses Fleus qui n’ont rien à braire de la future équipe et trouvent plus confortable de donner des leçons en restant dans l’opposition ; enfin, les neuneus blanc-bleu de la contestation, qui commencent à apprendre le métier puisqu’ils se sont crêpé la touffe rien que pour choisir un patronyme, avant de s’étaler comme une limande face à la désignation du déménageur de piano de Tripoli.
Tous pourtant veulent un gouvernement, tous veulent une sortie de crise, tous pensent qu’une page de l’histoire du Liban est en train de s’écrire. Bon, on dit ça juste pour causer, parce que tous sont surtout affamés ! Et avec le piment confessionnel qui épice la pantalonnade, on ne voit pas comment Mongénéral pourrait contenter tout ce monde… et terminer son règne sur autre chose qu’une République en capilotade.
Mais à chaque coup tordu suffit sa peine. En attendant les arrangements de derrière les fagots et qu’exsudent les premiers miasmes in utero de la magouille gouvernementale, on nous ressortira pour patienter la sempiternelle formule : « La hâte sans précipitation. » Avant sans doute de passer à « la vitesse sans rapidité », « la célérité sans vélocité », ou encore « la promptitude sans empressement ».
Ainsi, le clampin de base pourra toujours se repaître de déclarations portant davantage sur des lieux communs débiles que sur les urgences économiques. Ceux qui crèvent la dalle en fantasmant sur les réformes structurelles sauront donc apaiser leur faim en se gavant de « défis à relever », de « partenariat » et de « communauté de destin ». Ils n’auront plus alors qu’à enjamber l’extrême limite du fil du rasoir qui surplombe le gouffre, et là, lorsqu’ils auront un pied bien suspendu au-dessus du néant et l’autre bien posé sur une flaque de purin, Mikou leur torchera une solution bâclée tout juste bonne à les maintenir sous respiration artificielle.
Tenez et reniflez, ceci est mon sac-poubelle…
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (6)
Les libanais seraient perdus sans la horde des mafieux qui les gouverne. Ils se sont habitués à occuper leur temps à trouver des entourloupes pour survivre à la misère qu’ils ont choisi en votant les mêmes qui s’ingénient à les surpasser et seront morts d’ennuis si par bonheur ils auront de quoi s’éduquer, s’alimenter et boire jusqu’à plus soif de leur robinet, une eau garantie sans bactérie et sans réserve. Sans parler de l’électricité que le nabot leur a soufflé pour des raisons purement personnelles et lucratives pour sa pomme, ils en redemandent comme si le malheur subi ne fait aucun effet sur eux. Les routes sont embouteillées et les restos pleins à craquer et ils pleurnichent de manquer de moyens pour subvenir à leurs besoins au quotidien. C’est à n’y rien comprendre.
Sissi zayyat
14 h 03, le 28 juin 2022