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Campus - TÉMOIGNAGES

Ces jeunes qui ont choisi de rester au Liban et ne le regrettent pas

Alors que beaucoup de jeunes Libanais ont décidé de quitter le pays pour poursuivre leurs études à l’étranger, d’autres ont choisi de rester au Liban. Ils racontent.

Ces jeunes qui ont choisi de rester au Liban et ne le regrettent pas

Cristina Oneïssi, étudiante en fashion design à la LAU.

« Lorsqu’il a fallu choisir entre rester étudier au Liban ou partir à l’étranger comme la plupart de mes amis, j’ai beaucoup hésité car j’avais peur d’être lésée par rapport aux autres », avoue Cristina Oneïssi, 20 ans. Étant dans le monde de l’art, l’étudiante qui termine sa première année de fashion design à la LAU craignait « de ne pas avoir au Liban la même ouverture sur le monde artistique, et surtout un bagage qui me permettrait de bien bâtir mon avenir ». « J’ai finalement décidé de m’inscrire à la LAU, et je ne le regrette absolument pas », affirme-t-elle encore avec beaucoup d’enthousiasme. Dès les premières semaines, Cristina réalise que ce que l’on raconte concernant le niveau d’éducation au Liban est complètement erroné. « C’est faux de croire que si on étudie au Liban, on aura beaucoup de difficultés à travailler à l’étranger. La LAU nous pousse sans arrêt à nous inscrire dans des concours à l’extérieur et présente nos portfolios pour nous faire connaître et nous lancer. De plus, en comparant mes cours et mes projets à l’université avec mes amis qui poursuivent leurs études de fashion design à l’extérieur, j’ai constaté que nous avions le même cursus et autant de projets qu’eux. Sans oublier que nous avons au Liban un excellent corps professoral à l’écoute des étudiants, toujours prêt à les aider et les soutenir », ajoute-t-elle. Toutefois, avec la décision des universités de faire payer les scolarités en dollars à partir de l’an prochain, Cristina se trouve contrainte de quitter le pays. « J’en suis très malheureuse, mais je n’ai pas le choix. La vie est devenue tellement chère ici, et je comprends la décision de mes parents. »

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Même état d’esprit chez Youmna Badro, qui avait la possibilité de voyager et poursuivre ses études à l’étranger, mais a choisi de se donner encore une chance de rester au Liban pour poursuivre ses études de product design à l’Alba. « Je ne regrette absolument pas mon choix, malgré la situation sécuritaire du pays qui décourage les jeunes aujourd’hui », confie-t-elle tristement. Youmna ne partage pas l’avis de ceux qui affirment que le niveau universitaire au Liban a beaucoup baissé. Elle relève avec beaucoup de véhémence « les efforts que font les universités au Liban pour maintenir le niveau de l’enseignement malgré toutes les difficultés du pays ». « Je suis consciente qu’il y a une plus grande ouverture vers le monde de l’art à l’extérieur et je sais qu’un jour je devrai partir pour travailler ou faire ma spécialisation, et là j’aurai l’occasion de voir et d’apprécier cet art. Mais aujourd’hui, je n’en n’ai aucune envie et je ne regrette absolument pas mon choix. » Et de poursuivre : « Lorsque je compare les projets que nous faisons à l’Alba avec ceux de mes amis à l’étranger, je constate que nous avons le même cursus. Et cela me réconforte beaucoup. » Toutefois, elle ajoute avec amertume : « L’université est aujourd’hui le seul endroit au Liban qui permette aux jeunes d’oublier un peu le marasme et le stress qu’ils subissent au quotidien, tout en leur offrant les outils nécessaires pour affronter le monde du travail à l’extérieur s’ils le désirent. »

Philippe Kamel, étudiant en droit à l’USJ.

Mieux encadrés qu’à l’étranger

Après un semestre en étude de droit à Paris II Assas, Philippe Kamel décide de quitter la France et de retourner au Liban poursuivre ses études à l’USJ. « Trop de concurrence à l’université et très peu de communication entre les élèves », déplore le jeune étudiant, qui admet que cette décision était toutefois très difficile à prendre. De plus, le jeune étudiant réalise qu’en obtenant une licence libanaise en droit, il pourra exercer par la suite au Liban, alors qu’une licence française ne le lui permettrait pas. « C’est cela aussi qui a pesé dans ma décision, avoue-t-il, et je ne le regrette absolument pas aujourd’hui. Nous sommes beaucoup mieux encadrés au Liban qu’à l’étranger. Il y a un suivi entre les étudiants et les professeurs, qui comprennent parfaitement la situation des jeunes, ce qui nous aide à supporter le stress du quotidien. » Relevant le niveau d’enseignement au Liban « maintenu malgré tous les préjugés et tout ce qui est dit », Philippe admet « qu’il n’est ni moins bon qu’en France ni meilleur, mais plutôt différent ». « Ici, nous étudions toutes les matières en deux langues, ce qui fait qu’il y a plus de travail et de pression. C’est certainement plus dur, mais cela nous forme beaucoup plus. »

Laura Menassa, 1re année de nutrition à l’AUB.

Étudiante en nutrition à l’AUB, Laura Menassa fait partie de ceux qui n’ont pas cherché à étudier à l’extérieur, car « elle ne se sentait pas encore prête à franchir ce pas à 17 ans ». De sa première année à l’AUB, elle avoue qu’elle a « beaucoup aimé le campus et le système de l’AUB qui est strict et rigoureux, certes, mais pousse aussi les étudiants à être autonomes ». « De plus, le corps professoral au Liban comprend très bien la situation des jeunes. Il nous encadre et nous aide beaucoup, ce qui facilite notre adaptation à ce nouveau monde, contrairement à certaines de mes amies qui ont souffert de cela dans les universités à l’étranger. »

François Haddad, 2e année de médecine à l’USJ. Photos DR

Un niveau qui n’est plus à contester

Pour François Haddad, étudiant en 2e année à la faculté de médecine de l’USJ, le niveau de cette université n’est plus à prouver. « Au dernier concours qu’il faut présenter aux États-Unis pour être admis en 7e année de médecine, c’est un étudiant de l’USJ qui a obtenu le plus haut score. C’est dire le niveau dont on bénéficie au Liban. Et lorsque je compare nos cours avec ceux de mes copains à l’extérieur, je me rends compte que nous avons exactement la même formation et que nous ne sommes absolument pas lésés, contrairement à ce que tout le monde pense », estime-t-il. Le jeune homme admet pourtant que « le plus gros problème auquel fait face l’université aujourd’hui, c’est le départ de médecins enseignant à l’USJ, contraints de quitter le pays à cause de la crise économique ». « Heureusement que leur nombre est encore assez restreint », ajoute-t-il, affirmant que s’il « décide de quitter le Liban, c’est à cause de la vie sociale devenue très difficile pour les jeunes, et certainement pas à cause du niveau d’éducation ».

Lynn Keyrouz, 2e année de licence en affaires à l’ESA.

Lynn Keyrouz, qui a décidé de commencer sa licence en affaires à l’ESA pour se familiariser avec l’ambiance de l’université au tout début, ne regrette absolument pas sa décision. « Je sais que je peux poursuivre par la suite mes études à l’Essec, la grande école de business en France, et c’est cela qui a un peu pesé dans ma décision », explique la jeune fille qui termine sa deuxième année de gestion à l’ESA. « De plus, L’ESA est la seule école de commerce au Liban qui propose dès la première année une ouverture aux étudiants qui désirent poursuivre leurs études à l’étranger. Ils nous mettent en contact avec des sociétés, nous poussent à envoyer nos CV et nos portfolios pour entreprendre des stages à l’extérieur ou travailler ultérieurement. Et grâce aux séminaires et aux cours donnés par les anciens étudiants de l’ESA et les professeurs français, nous avons déjà un réseau bien formé. » Et Lynn d’ajouter, en relevant le lot de travail et de séminaires qu’ils ont : « Des professeurs étrangers nous ont confié que certains cours qu’ils donnent à l’ESA sont plus avancés que ceux qu’ils enseignent en France. Ils ont senti que nous étions capables de les assimiler », avoue fièrement la jeune étudiante. « Et ils ne se sont pas trompés », s’exclame-t-elle. Si la plupart de ces jeunes ne regrettent pas leur choix d’être restés au Liban pour étudier, ils confient pourtant ne rêver que d’une chose : quitter le pays à cause de la situation sociale et des conditions très difficiles qu’ils vivent aujourd’hui.

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commentaires (3)

Ces jeunes témoignent et cherchent à justifier leur choix. Sans vouloir déplaire à quiconque, la réalité est qu'ils n'ont pas réussi à être sevré de Papa Maman....Ont-ils vôté pour changer les choses ? c'est même pas sûr (moins d'une personne sur deux est allé voter)...

citoyen lambda

18 h 46, le 16 juin 2022

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Commentaires (3)

  • Ces jeunes témoignent et cherchent à justifier leur choix. Sans vouloir déplaire à quiconque, la réalité est qu'ils n'ont pas réussi à être sevré de Papa Maman....Ont-ils vôté pour changer les choses ? c'est même pas sûr (moins d'une personne sur deux est allé voter)...

    citoyen lambda

    18 h 46, le 16 juin 2022

  • FAUT CORRIGER. ILS N,ONT PAS CHOISI DE RESTER AU PAYS. ILS N,ONT PAS LES MOYENS DE FAIRE AUTREMENT. LES REQUINS CORROMPUS ET VOLEURS ET LES PREDATEURS BANQUIERS ET L,ETAT BORDEL LEUR ONT OTE MEME LE MOYEN DE LA SUBSISTANCE JOURNALIERE. ILS ONT FAIM ! DES DOLLARS POUR PAYER LEURS ETUDES ILS EN REVENT UNIQUEMENT LA NUIT QUAND ILS DORMENT... ET S,ILS DORMENT... A CAUSE DE LA FAIM, DU DEMAIN INCONNU ET DU DESESPOIR QUI LES TIRAILLE ET DECHIRE MEME LEURS SENTIMENTS LES PLUS DISCRETS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 45, le 16 juin 2022

  • Bravo à tous ces jeunes qui ne succombent pas à cette dernière mode de l'expatriation. Il est encore possible de réussir au Liban et le pays du cèdre a encore malgré tout des atouts pour y passer une belle vie et y faire une belle carrière. De nombreuses entreprises croient encore en ce marché et y investissement. Le rôle de la génération d'avant, celle dont je fais partie, et d'y créer des emplois et je peux vous garantir que nous ne lâcherons pas notre pays.

    K1000

    10 h 07, le 16 juin 2022

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