Des Libanais ne savent pas que signifie État. Leur relation avec l’État est ambiguë. Nous vivons un cessez-le-feu pacifique à défaut d’État. Plus grave : chez tous les historiens du Liban, l’État est absent !
En 1920, il y a eu la proclamation de l’État du Grand Liban. De 1920 à 1943, un travail énorme est entrepris par le mandat français au niveau du droit avec changement dans l’armée, la douane, la sécurité intérieure… L’État monopolise quatre fonctions : la force organisée, les rapports diplomatiques, les impôts et les politiques publiques. Il s’agit de fonctions régaliennes ontologiques liées à l’existence même de l’État.
Il n’y a pas eu au Liban une éducation constructrice d’État. Dans les écoles, les universités, on manque de formation qui montre la genèse anthropologique de l’État. Pas d’études au niveau de la dimension culturelle et éducative de l’État. L’étudiant grandit dans un non-État. Le vivre-ensemble est impossible sans État dont la fonction est la mise en œuvre du droit.
Une autre raison réside dans des experts en manipulation du pluralisme et du régime constitutionnel libanais. Le slogan passe-partout de « confessionnalisme » est brandi pour la mobilisation démagogique conflictuelle. Le président Charles Hélou écrivait dans Le Jour, le 18 août 1945 : « Je supprime le confessionnalisme, tu supprimes le confessionnalisme, il supprime le confessionnalisme… ».
Tout un travail est à entreprendre pour le changement des mentalités. L’Exhortation apostolique du synode pour le Liban, proclamée par Jean-Paul II en 1997, souligne l’exigence d’un « changement de mentalité » (en italique dans le texte) ! Quels aspects de nos mentalités ! Il s’agit notamment de nos compromissions sur des problèmes d’État et de souveraineté et la mentalité du « maalesh » (ça ne fait rien…) due à des séquelles de psychologie historique.
État, mon amour ! C’est vers toi que j’aspire. Je rêve d’un État libanais souverain, une armée et non deux armées… où nos enfants vivent en paix. Un programme est actuellement en cours d’élaboration, avec des applications, pour l’acculturation de l’État au Liban, sa genèse et son institutionnalisation…
On brandit souvent la notion de citoyenneté, en tant que nouveau slogan pour se donner bonne conscience, sans indiquer le contenu d’une citoyenneté composée dans une société pluraliste. Le professeur Antoine Messarra, à travers ses écrits, expose le contenu, dont le sens de la chose publique et donc de l’État, ce qui est par nature transcommunautaire.
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Il fallait rester a la proclamation des français de l’Etat du Grand Liban , yia haram
18 h 36, le 10 juin 2022