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Économie - Revenus

Seuls 13,1 % des ménages ont accès à des dollars « frais », selon un sondage de l’AUB

Plus de 60 % des ménages travaillant dans sept secteurs différents n’arrivent pas à joindre les deux bouts.

Seuls 13,1 % des ménages ont accès à des dollars « frais », selon un sondage de l’AUB

Les ménages qui dépendent du secteur de la construction sont les moins bien lotis. Photo M.A.

Plus de la moitié de 931 ménages libanais résidents dont un membre travaille dans l’agriculture, le commerce de détail, la construction, l’éducation, l’industrie, la restauration et la santé, n’arrivent pas à joindre les deux bouts dans un Liban en crise depuis 2019.

C’est sans doute l’une des conclusions-clés que l’on peut tirer d’un sondage réalisé sous la direction de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) dont les résultats ont été publiés en fin de semaine dernière sous l’intitulé « Advancing Evidence-Based Policy in Crisis Management ». Le sondage, incluant une cinquantaine de questions ciblant les revenus des ménages, leurs dépenses ainsi que les mécanismes d’adaptation à la crise, a été réalisé lors des deux dernières semaines de mars.

Les 7 secteurs concernés représentaient près de 40 % du PIB libanais en 2021, selon les auteurs du sondage qui se basent sur les chiffres officiels de l’Administration centrale de la statistique (ACS). Pour chaque secteur, entre 131 et 133 ménages ont été sondés, ce qui permet de comparer les résultats pour chaque caractéristique étudiée.

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L’AUB prévoit d’analyser les résultats du sondage « en profondeur » lors d’une seconde phase dont l’échéance n’a pas été précisée, le but étant de mesurer l’impact de la crise – et du manque d’initiatives des autorités pour la gérer – sur les conditions de vie des ménages libanais afin d’émettre des recommandations pour améliorer la situation.

Accès aux dollars frais

Parmi les nombreux résultats du sondage, il ressort notamment que 13,1 % des ménages interrogés ont accès à des dollars « frais » – des devises non soumises aux restrictions bancaires illégales en place depuis 2019 –, que ce soit à travers leurs rémunérations ou des transferts provenant de l’étranger.

Les ménages qui dépendent du secteur de la santé sont en relativement moins mauvaise posture que les autres, avec 27,07 % d’entre eux qui ont accès à des dollars frais. Une proportion bien plus élevée que pour le commerce de détail (16,54 %), l’industrie (15,79 %), l’éducation (10,53 %), l’agriculture et la restauration (7,52 % chacun), et enfin la construction (6,77 %).

Dans une étude similaire publiée en février, la fondation allemande Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) avait indiqué que seuls 13,6 % des Libanais avaient accès à des dollars frais en décembre 2021. La fondation avait réalisé son sondage à la mi-décembre 2021 auprès d’un échantillon représentatif de 1 200 Libanaises et Libanais.

Le secteur de la construction

Autre enseignement : les ménages qui dépendent du secteur de la construction sont les moins bien lotis, aussi bien au niveau des revenus que des mécanismes d’adaptation. Ainsi, 21,05 % des sondés dans le secteur de la construction affirment gagner moins de 1,2 million de livres par mois – soit moins de 43 dollars au taux de change de 28 000 livres en vigueur sur le marché hier en fin de journée. Cette proportion est largement plus élevée que dans tous les secteurs, incluant en plus les 8,27 % de ménages travaillant dans la construction qui gagnent moins de 650 000 livres par mois (23,21 dollars au taux d’hier).

Toujours dans ce secteur, 79,70 % des ménages affirment avoir dépensé une partie ou la totalité de leurs économies, tandis que 61,65 % ont dû vendre l’un de leurs actifs pour survivre. Toujours dans la construction, 27,7 % d’enfants ont été contraints de sauter au moins un repas pendant une semaine, contre 45,11 % d’adultes. La faiblesse des revenus des ménages de ce secteur impacte également leur capacité à se soigner. Pas moins de 80,45 % de ces ménages n’ont par exemple pas pu consulter de médecins après être tombés malades, tandis que près de la moitié (49,62 %) ont intentionnellement réduit ou stoppé leur médication.

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Dans son sondage de décembre, la fondation allemande avait relevé que 31,6 % des personnes interrogées avaient été obligées de réduire le nombre de repas par jour depuis le début de la crise, alors que 40,3 % de la population avait réduit la quantité de nourriture consommée quotidiennement. En parallèle, ce sondage avait aussi permis de donner une idée de l’impact considérable qu’a eu la crise sur la santé des Libanais.

Faute d’argent, 34,1 % des gens ne pouvaient plus consulter un médecin s’ils sont malades, 31,4 % n’avaient pas accès aux médicaments qui leur sont nécessaires et 29,5 % n’étaient pas en mesure d’aller à l’hôpital, étant incapables de payer la facture.

Enfin, les auteurs du sondage publié par l’AUB ont indiqué que 73,68 % des ménages vivant de la construction avaient réduit l’utilisation de leur véhicule pour gagner sur le coût du transport, qui a augmenté en glissement annuel de 492,09 % selon les chiffres officiels. Au niveau national, la fondation KAS avait estimé que 74,5 % des Libanais ont réduit leurs déplacements depuis le début de la crise.

Plus de la moitié de 931 ménages libanais résidents dont un membre travaille dans l’agriculture, le commerce de détail, la construction, l’éducation, l’industrie, la restauration et la santé, n’arrivent pas à joindre les deux bouts dans un Liban en crise depuis 2019.C’est sans doute l’une des conclusions-clés que l’on peut tirer d’un sondage réalisé sous la direction de...

commentaires (2)

Si13, % gagnent des dollars, il reste 87% qui en sont privés. Ces derniers feront tout pour survivre, allant jusqu'aux actes illégaux. L'état n'existe plus, la sécurité sociale est effacée, les tribunaux en chômage forcé, les différents acteurs commerciaux et de santé font ce qui leur convient en l'absence d'une autorité légale. Allez vous faire f... messieurs les responsables de l'irresponsabilité.

Esber

11 h 40, le 07 juin 2022

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Commentaires (2)

  • Si13, % gagnent des dollars, il reste 87% qui en sont privés. Ces derniers feront tout pour survivre, allant jusqu'aux actes illégaux. L'état n'existe plus, la sécurité sociale est effacée, les tribunaux en chômage forcé, les différents acteurs commerciaux et de santé font ce qui leur convient en l'absence d'une autorité légale. Allez vous faire f... messieurs les responsables de l'irresponsabilité.

    Esber

    11 h 40, le 07 juin 2022

  • Concernant les depenses medicales, il est grand temps de poursuivre en plainte collective la BDL et les banques privees pour leur politique de multiples taux de change et les restrictions illegales au motif de "non-assistance a personnes en d

    Michel Trad

    10 h 49, le 07 juin 2022

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