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Économie - Saison estivale

Établissements touristiques : les prix pourront être affichés en dollars

La décision du ministre du Tourisme a pris effet hier et s’appliquera pendant quatre mois.

Établissements touristiques : les prix pourront être affichés en dollars

La circulaire du ministre Walid Nassar concerne notamment les centres balnéaires qui avaient déjà bénéficié d’une première dérogation l’année dernière. Photo J.R.B.

L’été approche à grands pas et le secteur touristique trépigne d’impatience à l’idée d’ouvrir cette nouvelle saison estivale aux perspectives plus optimistes que les deux dernières, en raison de la crise économique et financière.

Entre l’explosion dévastatrice qui a ravagé le port de Beyrouth et les quartiers environnants le 4 août 2020, les pénuries de carburants, d’électricité et de certains produits qui avaient écumé l’été 2021, les professionnels du secteur pourront difficilement affronter pire. Récemment interrogés par L’Orient-Le Jour, la plupart des syndicats concernés ont indiqué que tous les signaux étaient au vert pour que cette saison soit un succès, surtout auprès des expatriés et des touristes de la région, principalement les Irakiens, les Jordaniens et les Égyptiens.

C’est dans cet optimisme relatif donc que le ministre sortant du Tourisme, Walid Nassar, a publié hier une circulaire autorisant l’affichage « exceptionnel et facultatif » des prix en dollars pour tous les établissements touristiques « dès aujourd’hui (hier) et jusqu’à fin septembre 2022 inclus ». Une décision motivée par une saison « prometteuse », a-t-il qualifié dans la presse locale hier, dans un Liban qui peine toujours à trouver des solutions de sortie de crise depuis bientôt trois ans.

Si les règlements pourront toujours se faire en livres libanaises au taux dollar/livre du marché libre (qui oscillait hier autour de 28 000 livres), le ministre a justifié ce retour à la dollarisation des tarifs pour ce secteur comme un moyen de « faciliter » le séjour au Liban des voyageurs. « Les prix en dollars seront beaucoup plus bas que ceux à l’étranger », a-t-il ainsi justifié.

Contacté par L’Orient-Le Jour, le ministre de l’Économie et du Commerce, Amine Salam, a rappelé que cette décision du ministère du Tourisme concerne uniquement le secteur de l’horeca (hôtels, restaurants et cafés) et les établissements touristiques. Interrogé sur un éventuel chevauchement avec l’obligation d’afficher les tarifs dans les commerces en livres libanaises, comme imposé par la loi n° 659 du 4 février 2005 relative à la protection du consommateur, ce ministre, dont l’administration est chargée de s’assurer de la bonne application de cette mesure, a précisé que les établissements susmentionnés sont surveillés par le ministère du Tourisme.

« Dans ce cas, c’est la police touristique qui sera responsable de la bonne application des mesures énoncées par le ministère du Tourisme », a-t-il expliqué, ajoutant toutefois que son équipe est en train de vérifier si la décision de Walid Nassar concernerait certaines institutions relevant des prérogatives du ministère de l’Économie afin « d’éviter toute confusion et d’y remédier le plus vite possible ».

Les réactions du secteur

C’est avec satisfaction que le président de la Fédération des syndicats touristiques et du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, a accueilli hier cette nouvelle. En effet, bien que depuis mai 2021 les hôtels soient autorisés à facturer les étrangers non résidents en dollars, ils rencontraient des problèmes avec les clients libanais en raison de la volatilité de la livre sur le marché. « Je devais imprimer chaque jour ma carte de prix », explique-t-il, tant pour le service hôtelier que pour son restaurant. Selon lui, cette nouvelle mesure facilitera également les contrôles du ministère du Tourisme. « Avant, le ministère ne savait même pas quel prix employer pour vérifier le bon respect des lois, alors que certains propriétaires se faisaient des marges supplémentaires grâce à la différence de change. »

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De surcroît, pour Pierre Achkar, cette mesure a « un effet psychologique positif ». Selon lui, les prix en dollars ont baissé « de près de 40 % », alors que ceux en livres ont un taux d’inflation à trois chiffres en glissement annuel depuis plus d’un an et demi. « Par exemple, un verre de whisky, qui coûtait 14 dollars avant 2019, en coûte à présent 8. » Une situation permettant au bouche-à-oreille de répandre l’information que « le Liban n’est pas un pays cher », assure-t-il encore, « alors que le monde entier fait face à une hausse des prix généralisée », notamment en raison de la pandémie de Covid-19 en Chine, qui ralentit la croissance, et de la guerre en Ukraine, qui a causé une hausse des prix des carburants et d’autres denrées essentielles.

Réagissant également à cette décision, prise en faveur du secteur et en accord avec lui selon le communiqué ministériel, le président du syndicat des propriétaires de restaurants, boîtes de nuit, cafés et pâtisseries au Liban, Tony Rami, a d’ores et déjà déclaré que si la mise en application de cette circulaire se révèle un succès, la filière demandera « à la prolonger » au-delà des « quatre mois » actuellement programmés.

Le syndicaliste a également salué cette intervention du ministère en fonction de laquelle les établissements essaieraient « d’améliorer les conditions de travail des employés » et de « maintenir la continuité » du secteur.

De même, le président du syndicat des propriétaires de centres balnéaires et de plages, Jean Beyrouthi, s’est lui aussi dit satisfait de cette décision et a insisté auprès de L’Orient-Le Jour, comme indiqué dans la circulaire, sur le fait que les factures afficheront les prix en dollars et en livres au taux du marché.

Fortement impactés par les divers crises et événements survenus au Liban ces dernières années, notamment la pandémie de Covid-19 dès mars 2020, les revenus du tourisme en 2020 n’avaient atteint que 2,4 milliards de dollars, soit une chute de 72,6 % par rapport à l’année record de 2019 qui avait généré 8,6 milliards de dollars, selon les chiffres de la Banque du Liban.

Le bilan de 2021 quant à lui n’a pas encore été publié, si ce n’est celui du premier trimestre qui a indiqué une baisse des revenus du secteur touristique de 51,6 % en glissement annuel, passant de 1,04 milliard de dollars à 505,04 millions de dollars.

L’été approche à grands pas et le secteur touristique trépigne d’impatience à l’idée d’ouvrir cette nouvelle saison estivale aux perspectives plus optimistes que les deux dernières, en raison de la crise économique et financière. Entre l’explosion dévastatrice qui a ravagé le port de Beyrouth et les quartiers environnants le 4 août 2020, les pénuries de carburants,...

commentaires (2)

Ce régime démontre encore une fois que le seul "bon" Libanais est un Libanais a l'étranger. La liquidation contre cette société continue à vitesse grand V

Mounir Doumani

09 h 54, le 06 juin 2022

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Commentaires (2)

  • Ce régime démontre encore une fois que le seul "bon" Libanais est un Libanais a l'étranger. La liquidation contre cette société continue à vitesse grand V

    Mounir Doumani

    09 h 54, le 06 juin 2022

  • Pour une fois une decision intelligente d'un ministre

    Tina Zaidan

    10 h 36, le 03 juin 2022

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