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Nos Lecteurs ont la Parole

La soupe aux Schtroumpfs

La soupe aux Schtroumpfs

À quelques heures de l’élection de notre Grand Schtroumpf, ou plutôt devrais-je dire du Schtroumpfissime, je me rends compte que nous entrons dans un magma d’ingrédients et d’événements rocambolesques.

Il y a en premier lieu les Schtroumpfs noirs. Évidemment, ils s’attendaient à des miracles dès la fin des élections. Ils se sont dit : alléluia, si rien ne se passe, ce sera notre première victoire ! Sacrés Schtroumpfs à lunettes ! Ils s’attendaient à revenir à la piastre dès le 20 mai, voire à la monnaie or, argent ou bronze de Phénicie. Ils ont été déçus. Ce n’est pas demain la veille. Des fois qu’ils auraient oublié que sans la mise en place d’une vraie assemblée de Schtroumpfs sous la houlette d’un seigneur féodal et de lois votées dans un cadre qui se veut légal, une telle chute vertigineuse vers les monnaies antiques ne pourrait hélas pas se faire. Et, le sort en a malheureusement voulu ainsi, pour une bonne soupe, il faut de bons ingrédients et une bonne louche pour tout mélanger. Si déjà une partie est pourrie, comment faire ?

Et puis c’est trop sympa cette petite bataille des numéros deux. Moi je veux ! Moi je veux ! Et ça va vers le souverain autoproclamé pour dire que l’on est son obligé et ça va de l’autre côté pour éliminer les potentiels réfractaires et à qui mieux mieux ! C’est un peu je te tiens par la barbichette, le premier qui réussira donnera une raclée à l’autre. Schtroumpfement drôle ! C’est un peu comme à l’école des fans. À défaut d’avoir un 10 sur 10, tu auras un lot de consolation. Allez quoi ! Pleure pas, t’as l’air d’un crocodile, tu auras ta petite commission… à présider, bien évidemment. Ça va vite, les lots de consolation chez nous. Tant qu’à faire, qu’on offre aussi un Kinder aux autres. Il faudra s’y attendre. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises.

Et puis il y a tous nos petits Cosmoschtroumpfs. Ah ! ceux-là, ils sont les plus mignons. Tout nouveau, tout beau ! On entre dans une grande salle d’école et on lève le doigt pour dire non aux méchants. Comme la plupart sont encore là, le doigt va finir par avoir des crampes. Ils descendent de la lune, veulent tout remodeler : l’écologie, le tourisme, l’argent, l’électricité, l’eau, le gaz, les égouts, les chats de gouttière, les mélodies de Waël Kfoury (par contre, ça va être plus difficile à ce niveau, il va y avoir de la résistance). Mais rien que de beaux programmes savamment préparés. Des idées qu’on déploie, des thèses à défendre, des réponses à préparer (dans le doute d’un éventuel débat, on ne sait jamais). C’est qu’il y a du boulot pour contrer les gérontes.

Et il y a nos Schtroumpfettes ! Cette fois-ci, c’est un mix savant du Bal de la rose et du Bal des débutantes. Dans le premier, on a les finissantes et dans l’autre de jeunes louves prêtes à sortir leurs griffes et se battre comme des amazones pour convaincre les vils mâles misogynes et rétrogrades (ne lésinons pas sur les mots) du bien-fondé de leurs idées nouvelles qui vont révolutionner le pays et le faire entrer, de nouveau, dans l’ère du modernisme idéologique. Que c’est beau ! Gageons qu’elles réussissent. Non que je n’y croie pas, c’est tout le bonheur que je leur souhaite. Mais elles ne doivent pas oublier qu’elles sont face à des ptérodactyles encastrés sur leurs sièges avec des idées de renouveau tout aussi préhistoriques qu’eux.

Et puis il y a les mimis de l’hémicycle : les bébés schtroumpfs. Avec leur fougue, leur verve et leur volonté de bouleversements radicaux, ils en sont presque émouvants. Au fait, ils voulaient à un certain moment, quand leur impétuosité et leur manque d’expérience politique étaient à leur paroxysme, changer tout ce corps de corrompus avilis aux ors du pouvoir et à la décadence. Étrange, en fait ! Pour faire croire au changement, il faut bien commencer par soi-même et donner le bon exemple, notamment à leurs aînés. Mais non ! non ! Il ne faut pas être méchant. Tout le monde a droit à une seconde chance. D’ailleurs, au Liban, depuis les années 1990, il y en a qui ont eu jusqu’à une cinquième chance. Donc pourquoi pas eux ? Personne n’est mieux que personne. Il faut être juste. Il faut être droit. Les législatives ont été transparentes et tout a été équitable. Bref, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (sauf pour la monnaie phénicienne, mais c’est un autre sujet).

Bon, j’ai dû en manquer quelques-uns sur la route. Mais ce n’est pas grave !

Le suspense est à son comble pour l’élection du Grand Schtroumpf. Et comme on dit au tiercé, pour le vote, les chevaux sont sous les ordres et il y en a qui vont ruer dans les brancards.

En fait, qui va être Gargamel pour mélanger cette bonne soupe ? On va encore adresser nos reproches aux Italiens en dernier recours, vu que l’axe américano-saoudien est innocent et que l’Iran se lave les mains. Mais comme les Italiens, eux aussi, se sont fait éliminer lors des qualifications pour le Mondial sans lot de consolation, sur qui va échoir la dure responsabilité d’une éventuelle future dérive (si elle arrive, soyons positif) du pays ? Sur l’Autre, bien évidemment.

Dans tout ça, celui qui en verra de toutes les couleurs après avoir élu tous ces schtroumpfs, c’est Grossbouf et le gros plein de graisse malade à fond, plein de pustules purulentes au bord de l’implosion cataclysmique, c’est encore le peuple libanais. Encore et toujours les mêmes qui payent.

Au final, ce Parlement, c’est un peu schtroumpf vert et vert schtroumpf, ou, plus simplement, kif-kif bourricot et les bourricots, devinez c’est qui ?


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À quelques heures de l’élection de notre Grand Schtroumpf, ou plutôt devrais-je dire du Schtroumpfissime, je me rends compte que nous entrons dans un magma d’ingrédients et d’événements rocambolesques.Il y a en premier lieu les Schtroumpfs noirs. Évidemment, ils s’attendaient à des miracles dès la fin des élections. Ils se sont dit : alléluia, si rien ne se...

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