
Gebran Bassil lors du "festival de la victoire" de son parti aux élections, à Beyrouth, le 21 mai 2022. Photo Georges Feghaly / Tayyar.org
Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil a célébré samedi ce qu'il a qualifié de "victoire" de son parti aux élections législatives, tout en admettant que son groupe parlementaire avait rétréci de 29 à 21 députés. Il a cependant exprimé l'espoir que ce nombre augmentera "jusqu'à au moins 23 élus" après l'introduction de recours devant le Conseil constitutionnel.
Dans un discours prononcé à l'occasion d'un "festival de la victoire", devant une foule de partisans à Beyrouth, le député de Batroun a refusé tout marchandage pour la réélection du président du Parlement actuel Nabih Berry, en échange de l'élection d'un vice-président issu des rangs aounistes et rejeté tout débat éventuel sur la loi électorale, souhaité notamment par M. Berry. "Nous avons dit à tous nos détracteurs : venez, avec votre argent politique, vos médias et les pays qui vous soutiennent. Ils nous ont écoutés, ils se sont opposés à nous, mais nous les avons tous vaincus", a lancé M. Bassil.
S'il a reconnu que le nombre de députés au sein de son groupe parlementaire avait baissé depuis 2018, passant de 29 à 21, il a espéré que ce chiffre pourra augmenter "après les recours" que le parti entend présenter, notamment à Jezzine (Liban-Sud I), afin de dénoncer entre autres la pratique des pots-de-vin électoraux. Malgré cela "nous resterons le plus grand groupe parlementaire".
"Une claque"
Le chef du CPL a ensuite cité les différents facteurs qui selon lui ont mené à ce rétrécissement de son groupe parlementaire, à commencer par l'effondrement politique. "Il est naturel après l'effondrement du pays, que l'on nous en fasse porter, même injustement, la responsabilité", a-t-il concédé. Il a souligné que cette situation reflète "la différence entre le début et la fin du mandat" du chef de l’État Michel Aoun, fondateur du CPL, ainsi que le fait qu'ils avaient moins d'alliés dans certaines régions par rapport à 2018. "Mais nous sommes mieux sans eux, parce qu'ils nous ont abandonné au milieu de la route", a-t-il déclaré, en allusion notamment à Chamel Roukoz, ex-député et également gendre du chef de l’État, à l'industriel Nehmat Frem, à Michel Moawad ou encore l'ancien vice-président de la Chambre Élie Ferzli, qui faisaient tous partie du groupe aouniste mais l'ont quitté pour diverses raisons, entre autres suite au mouvement de contestation populaire de 2019. M. Bassil a d'ailleurs lancé une pique à l'attention de M. Ferzli : "Tous ceux qui ont levé la main sur nous se sont pris une claque, à commencer par le semeur de discorde de la Békaa-Ouest". C'est dans cette région que l'ex-vice-président de la Chambre a perdu son siège dimanche dernier, face à un candidat issu de la contestation.
Gebran Bassil a par ailleurs rejeté tout débat sur l'adoption d'une nouvelle loi électorale, réclamé au cours de la semaine dernière par le président du Parlement Nabih Berry, qui souhaite un texte basé sur un mode de scrutin proportionnel appliqué à une seule circonscription, contrairement à la loi actuelle qui divise le pays en quinze circonscriptions. "Je ne suis pas prêt à abandonner la loi électorale, sauf si on nous en propose une meilleure", a-t-il déclaré. Il a cependant fait savoir qu'il était prêt à "améliorer" la loi, en y ajoutant un seuil électoral, imposant l'obtention d'un minimum de voix aux candidats.
Les engagements du futur gouvernement
Le chef du CPL s'est en outre interrogé sur les raisons "qui empêchent que d'autres candidats se présentent pour la présidence du Parlement", alors que les aounistes et les Forces libanaises se sont déjà dit opposés à la candidature du chef du mouvement Amal Nabih Berry, qui occupe cette fonction depuis 30 ans. "Ceux qui pensent pouvoir nous proposer un troc pour que nous élisions le président de la Chambre, en échange du fauteuil du vice-président se trompent", a-t-il clamé. M. Berry avait démenti dans un entretien paru ce matin l'existence d'un marché entre le mouvement Amal qu'il dirige et le CPL, prévoyant que les députés aounistes voteraient pour lui et ceux d'Amal pour le député Élias Bou Saab à la vice-présidence de la Chambre.
Il a encore appelé à une formation rapide du gouvernement, réclamant que le futur Premier ministre et les membres de son cabinet "ne protègent pas le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, garantissent la publication de l'acte d'accusation dans l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth et assurent le suivi de l'audit juricomptable".
Gebran Bassil a également réclamé que l'élection présidentielle prévue cette automne se fasse en deux tours, mais au suffrage universel : "Un premier tour auprès des chrétiens et un second auprès de tous les Libanais, afin d'assurer une bonne représentativité du futur président", a-t-il expliqué.
Avant le discours de M. Bassil, les différents intervenants ont dénoncé à de nombreuses reprises les "pots-de-vin distribués" par les adversaires du CPL, les "critiques", "l'influence des ambassades", la volonté d'"assassiner politiquement" le parti et son chef, ainsi que les sanctions à l'encontre de ce dernier. Les nouveaux députés du groupe aouniste, qu'ils soient encartés au CPL ou alliés, ont ensuite été nommés un par un. Pour rappel, ces députés sont : à Zahlé (Békaa I) : Sélim Aoun et Georges Bouchikian ; dans la Békaa-Ouest-Rachaya : Charbel Maroun ; dans la circonscription de la Békaa III : Samer el-Tom ; au Mont-Liban IV (Chouf-Aley) : César Abi Khalil, Ghassan Atallah et Farid Boustany ; à Baabda : Alain Aoun ; à Beyrouth : Edgar Traboulsi et Nicolas Sehnaoui, ainsi que Hagop Terzian, membre du Tachnag ; dans le Metn (Mont-Liban III) : Élias Bou Saab, Ibrahim Kanaan et Hagop Pakradounian pour le Tachnag ; au Mont-Liban I (Kesrouan-Jbeil) : Nada Boustany et Simon Abiramia ; au Liban-Nord II (Akkar) : Assaad Dergham et Jimmy Jabbour, ainsi que le sunnite Mohammad Yehia qui s'est allié au CPL ; et au Liban-Nord III : Gebran Bassil et Georges Atallah.
Ali Hassan Khalil, bras droit du président de la Chambre, a répondu à M. Bassil, rejetant une nouvelle fois tout marchandage concernant l'élection de Nabih Berry au perchoir. "Ce n'est pas dans les habitudes de M. Berry de négocier sous la table pour des postes, quels qu'ils soient", a-t-il ajouté dans un communiqué. Il a toutefois tendu la main au CPL "et à tout le monde, que l'on s'entende avec eux ou pas, pour un réel partenariat afin de sauver notre pays".
Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil a célébré samedi ce qu'il a qualifié de "victoire" de son parti aux élections législatives, tout en admettant que son groupe parlementaire avait rétréci de 29 à 21 députés. Il a cependant exprimé l'espoir que ce nombre augmentera "jusqu'à au moins 23 élus" après l'introduction de recours devant le Conseil...
commentaires (22)
Je le trouve assez véhément quant à son opposition à Berry. Voyons voir pendant combien de temps. Pour rappel, il a été obligé de se retrouver à négocier avec lui pour les élections législatives sous la houlette de son boss Hassouna, sans même un mot plus haut que l’autre. Il veut nous faire croire qu’il est libre de ses choix? A d’autres, ces mêmes protagonistes qui lui ont ouvert les coffres fort de l’état pour s’en servir peuvent à tout moment lui clouer le bec et l’envoyer dar dar voter son pseudo ennemi qui en fonction de ses intérêts devient son ami. Sans compter sur les scandales qui vont être révélés juste avant l’échéance présidentielle pour nous éclairer sur le bénéficiaire des milliards détournés du ministère de l’énergie et leur emplacement précis toujours par les mêmes qui connaissent le menu détail mais attendent le moment opportun pour nous le communiquer. J’ai nommé les américains qui l’ont déjà sanctionné mais apparement il n’a pas retenu la leçon. En attendant il peut fanfaronner puisque c’est la seule chose qui lui reste avant la révélation de la VÉRITÉ sur tous ses travers dont il peut s’enorgueillir et que quelques uns les prennent pour de l’intelligence. Voler, détruire et trahir n’ont jamais été des qualités pour briguer un poste de responsabilité quel qu’il soit.
Sissi zayyat
11 h 50, le 23 mai 2022