Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Le rayonnement culturel comme pilier de la nouvelle politique arabe de la France

La culture constitue un des piliers du « soft power » à la française, et c’est l’une des dimensions les plus visibles de l’action diplomatique de la France. Dans le Golfe, et dans le monde arabe de manière plus large, la France parvient à accroître sa visibilité sur les questions régionales grâce aux leviers que lui offrent son soft power et sa diplomatie culturelle, lesquels, combinés aux autres moyens classiques de la projection de puissance, qu’ils soient militaires ou économiques, la rendent plus influente et encore plus désirée comme partenaire.

Sa fameuse « politique arabe », que résume en quelque sorte aujourd’hui son soutien à l’axe Abou Dhabi-Le Caire avec ses extensions arabe et méditerranéenne, permet à la France de peser sur les orientations stratégiques de ses partenaires, et donc sur les affaires régionales et internationales. Elle lui permet de défendre son rang dans un contexte géopolitique régional agité. En effet, la France se maintient dans cette région marquée par les clivages entre les tenants d’un islam politique agressif et ceux qui défendent une vision plus apaisée des rapports entre la religion et les États, et par des bouleversements géopolitiques profonds qui ont pour noms les accords d’Abraham, le JCPoA, les tensions sur les marchés énergétiques, le terrorisme. La France parvient aussi à défendre sa place comme partenaire stratégique d’acteurs qui comptent dans le monde arabe, en dépit des déséquilibres provoqués par la prise de distance des États-Unis à l’égard de dossiers majeurs touchant à la sécurité de la région et à sa stabilité, et qui a libéré l’hégémonisme économique chinois et encouragé l’opportunisme politique russe observés actuellement.

Cette politique arabe, qui a survécu au chaos provoqué par les évolutions sociopolitiques et géopolitiques désordonnées des dernières années, aurait contribué à contenir les effets dévastateurs d’un islam politique virulent porté par les Frères musulmans, en soutien aux actions menées par les dirigeants de pays alliés et partenaires. Cette politique arabe, qui a contribué et qui contribue toujours aujourd’hui à freiner les ambitions débordantes de l’Iran révolutionnaire, vise aussi à limiter les risques d’un nouvel accord nucléaire bâclé et de ses implications sur les autres dossiers régionaux (missiles balistiques, influence...).

L’expérience actuelle montre que l’approche « duale », celle qui intègre à la fois le hard power et le soft power, accroît l’efficience de la diplomatie française, notamment sur la région du Moyen-Orient. En effet, la diplomatie française est la plus utile pour les partenaires arabes lorsqu’elle est « globale », en ce sens qu’elle pèse sur les questions stratégiques conventionnelles (défense, sécurité, etc.) tout en contribuant en même temps aux stratégies de ces partenaires en matière de culture, d’éducation, etc.

Paris accueille de nombreuses plateformes pouvant servir simultanément cette diplomatie duale, et dispose d’une multitude de leviers culturels et éducatifs bien implantés dans la région du Moyen-Orient. Parmi les plateformes franco-arabes, l’Institut du monde arabe (IMA), qui semble parfois sous-exploité (ou mal exploité) puisqu’il est volontairement limité à sa seule vocation culturelle… En effet, cet institut qui a les faveurs des partenaires arabes de la France gagnerait à ce que son rayonnement culturel et éducatif soit soutenu par une stratégie plus globale intégrant une culture d’action de type régalien. Il répondrait plus pertinemment aux besoins de la diplomatie française dans le monde arabe et aux attentes des partenaires arabes de la France, et aurait sa place dans « une nouvelle politique arabe de la France » associant intimement donc le régalien et le culturel (comme l’évoquait Renaud Girard dans sa chronique du Figaro parue le 19 avril 2022).

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espaces comprises.

La culture constitue un des piliers du « soft power » à la française, et c’est l’une des dimensions les plus visibles de l’action diplomatique de la France. Dans le Golfe, et dans le monde arabe de manière plus large, la France parvient à accroître sa visibilité sur les questions régionales grâce aux leviers que lui offrent son soft power et sa diplomatie culturelle,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut