Elle adore Vivienne Westwood et la mode bohémienne depuis aussi longtemps qu’elle se souvienne. Aujourd’hui à 24 ans, Pia-Maria Béchara travaille sur sa seconde collection de vêtements bohémiens qui porte un message auquel elle croit fort : peu importe l’apparence d’une personne, elle est toujours la bienvenue. « J’aimerais mettre en lumière ce que la société considère comme défaut et le normaliser. C’est l’identité de ma marque. Les vêtements sont faits pour se sentir à l’aise avec soi-même », lance d’emblée la jeune styliste.
Née « avec une main qui ne s’est pas complètement développée », Pia-Maria Béchara confie qu’elle n’a jamais « voulu être traitée comme un cas spécial en classe ». « Je n’ai pas voulu être une personne qui reste dans son coin », poursuit-elle. Une attitude qu’elle a maintenue même après avoir subi du harcèlement à cause de cette malformation.
Concernant son orientation, la jeune designer affirme que sa famille et ses amis étaient contents d’apprendre qu’elle voulait poursuivre des études de mode. « Ce sont eux qui me soutiennent le plus, précise-t-elle, même s’ils craignaient que je ne sois harcelée à nouveau. » La jeune conceptrice qui dit « aimer les défis » avoue qu’elle « ne cherche de l’aide que si elle en a besoin ».
Après l’obtention de son master en design de mode de l’Institut européen de design à Milan en 2020, la jeune créatrice a entamé une carrière d’enseignante au collège technique CIS à Beyrouth, où elle donne aujourd’hui des cours de stylisme, de Photoshop et d’Adobe Illustrator pour des étudiants âgés de 15 à plus de 40 ans. « Il est crucial pour moi de transmettre à mes étudiants toutes mes connaissances. Chacun d’entre eux a sa propre identité, et je veux les aider à la trouver pour qu’ils soient confortables avec leurs créations », explique la jeune enseignante, en ajoutant que « les designs sont une projection de soi ».
Pia-Maria Béchara confie qu’après l’obtention de son bac en 2015, elle a voulu poursuivre des études de criminologie, mais qu’elle « n’a pas voulu voyager alors qu’elle n’avait que 17 ans ». « Derrière chaque crime, il y a souvent une mauvaise communication qui a mené à ce crime-là », estime cette jeune passionnée. « On remarque ces problèmes de communication partout. Même dans mon cas, je ne ressentais pas de connexions avec mon entourage et personne ne communiquait vraiment avec moi », confie-t-elle. Et d’ajouter : « J’ai constaté qu’à travers les designs, je peux faire parvenir des messages d’antiharcèlement et de paix avec soi-même. »
La beauté n’est pas unique
Revenant sur ce qui l’inspire, Pia-Maria Béchara raconte : « J’ai appelé ma première collection de vêtements bohémiens, en 2019, Meraki, ce qui signifie en grec faire ce que l’on aime. » La jeune passionnée de mode confie avoir « choisi sa famille et ses amis comme modèles pour la séance photo », afin de mettre en valeur une collection « de toutes les tailles et de toutes les formes ». Sa vision est claire : « La beauté n’est pas d’un seul type. » D’ailleurs, ces mêmes principes sous-tendent sa nouvelle collection qui sera prête dans les deux prochains mois.
La jeune femme confie avoir « toujours voulu être vue et entendue », et surtout qu’elle « aime avancer, mais pas seule ». La créatrice explique qu’elle est à la recherche d’une équipe « pas nécessairement spécialisée en design et en arts » pour ses séances photos. Car pour elle, il n’est pas nécessaire d’avoir suivi des études spécifiques pour avoir du talent, « le plus important à mes yeux c’est de permettre aux autres de s’élever avec nous », conclut-elle.
un bel exemple de courage.
09 h 37, le 05 mai 2022