Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt s'en est pris, une nouvelle fois, au chef de l'Etat libanais, Michel Aoun, et l'a accusé implicitement d'être un "instrument entre les mains des Syriens et des Iraniens", tout en s'opposant assez clairement à l'élection de son gendre Gebran Bassil à la tête de l'Etat en octobre prochain.
"Le mandat de Michel Aoun n'a laissé que des catastrophes", a fustigé M. Joumblatt, dans un entretien accordé au quotidien koweïtien al-Qabas, dénonçant l'"incapacité du président à écarter des symboles qui nuisent à son mandat et à l'améliorer". "Son mandat est terminé. Nous n'avons plus qu'à attendre, en espérant que le prochain président sera acceptable et qu'aucune nouvelle catastrophe ne se produise si le président procède à un renouvellement à travers un membre de sa clique", a-t-il renchéri, dans une référence peu voilée à M. Gebran Bassil, considéré comme un candidat potentiel à la présidence.
"Il est important que le président libanais ne soit pas un instrument entre les mains des Syriens et des Iraniens", a plaidé le chef du PSP, critiquant de nouveau M. Aoun. Il a également estimé que le Hezbollah et d'autres parties internationales, qu'il n'a pas nommées, s'arrogent le droit de choisir le président du Liban. "Des pays décident. Hassan Nasrallah décide. L'élection d'un président au Liban a toujours été le résultat d'un cheminement international (...) le peuple doit choisir (...) et la bataille électorale n'est pas équitable vu la prédominance du Hezbollah qui possède un arsenal", a regretté le chef druze.
"Un seul allié"
Walid Joumblatt a affirmé, en outre, "avoir un seul allié, ou plutôt un ami, qui est le président de la Chambre Nabih Berry", notant toutefois entretenir toujours de bons liens avec l'ancien Premier ministre Saad Hariri, qui s'est retiré de la vie politique en janvier dernier.
Le leader druze a estimé, par ailleurs, que les législatives auront bien lieu en dépit des incidents sécuritaires qui ont dernièrement eu lieu au Liban. Samedi, plusieurs personnes ont été blessées lors de heurts en marge d'une tournée électorale de Gebran Bassil dans le Akkar. Et ces dernières semaines, de nombreux incidents sécuritaires ont été signalés dans les quatre coins du pays. Dans certaines régions, des rassemblements ont été attaqués, des candidats empêchés d'organiser leurs événements, comme par exemple au Liban-Sud, fief du tandem chiite Amal-Hezbollah où des individus armés ont encerclé et agressé des candidats de l'opposition dans le village de Sarafand. Et en début de semaine, des riverains avaient attaqué le convoi de Hadi Hobeiche, député du Akkar (Liban-Nord) sans toutefois faire de blessés, alors qu'un iftar organisé par une figure politique locale a également fait l'objet de tirs.
Au sujet de la crise financière qui paralyse le Liban, il a critiqué la position des Forces libanaises, du courant aouniste et de toutes les parties qui s'opposent à une loi sur le contrôle des capitaux. "Ils semblent être tous sous l'emprise de l'Association des banques (ABL)", a-t-il dénoncé, l'ABL ayant rejeté le plan de redressement du gouvernement, le jugeant "catastrophique" et "anticonstitutionnel".
Initialement rédigé par l’équipe de négociateurs libanais chargée de discuter avec le Fonds monétaire international (FMI) auprès duquel Beyrouth a sollicité une assistance financière, le projet de loi avait été avalisé fin mars par le Conseil des ministres avec de légères modifications. Le texte est toutefois critiqué par plusieurs associations et partis parce qu'il impute une partie des pertes de l'Etat à la population.
commentaires (16)
Nos politiques vieillissants au bord de la sénilité. Son seul allié est Nabih Berry, le plus grand usurpateur qui règne sur l’assemblée depuis presque 30 ans…ce qui n’est possible nul part en dehors de notre cher pays. Tous ces hommes politiques, il n’y a pas de femmes (mauvais signe pour la société), n’ont aucune légitimité en dehors de leur appartenance religieuse.
Karam Georges
22 h 24, le 02 mai 2022