Au moins trois personnes ont été blessées samedi lors de heurts dans le Akkar, pendant une tournée du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui a provoqué la colère de riverains qui lui sont opposés. L’armée a été massivement déployée, alors qu’une vive tension règne depuis vendredi soir dans la localité de Rahbé, où des affrontements ont été signalés.
Des médias locaux avaient initialement rapporté qu'un responsable local de la formation fondée par le chef de l'Etat, Michel Aoun, a été blessé samedi, mais cette information a été démentie.
Dès vendredi soir, notre correspondant au Liban-Nord, Michel Hallak, rapportait que des manifestants ont bloqué la voie publique à Joumé, au niveau du croisement de Rahbé, à l'aide de gravats. Ils entendaient ainsi protester contre la tournée de Gebran Bassil, le Akkar étant une région majoritairement sunnite et souvent considérée comme hostile au Hezbollah, allié chiite du CPL. Certains protestataires ont même brûlé des affiches du parti aouniste, promettant d'interdire à M. Bassil de venir sur place.
Le député de Batroun est malgré tout arrivé samedi en début d'après-midi dans le Akkar, mais le rassemblement aouniste a accusé trois heures de retard. La tension est montée d'un cran lorsqu'une bagarre a éclaté au niveau du croisement de Rahbé. La chaîne Al-Jadeed avait initialement rapporté que Tony Assi, un responsable local du CPL, a été blessé, mais cette information a été démentie. Toutefois, trois individus ont été blessés, selon notre correspondant : un agent des forces de l'ordre, un manifestant, ainsi qu'un individu qui passait par les lieux où des jets de pierre de la part de certains manifestants. L'armée est intervenue, mais des échauffourées ont été signalées entre les manifestants et les militaires. Selon notre correspondant, les militaires ont rouvert la route de Rahbé par la force, alors que des manifestants l'avaient bloquée à l'aide de véhicules.
"Est-ce normal qu'en temps d'élections, il y ait un incident à chaque fois que nous voulons faire une tournée dans une région ? Je pose cette question au Premier ministre, ainsi qu'aux ministres de l'Intérieur et de la Défense", a lancé M. Bassil, lors d'un discours prononcé devant des dizaines de partisans rassemblés dans le stade municipal de Rahbé. "Le gouvernement et les forces de l'ordre sont responsables de la sécurité, à défaut de quoi, ils seront incapables d'organiser les élections", a prévenu le chef du CPL. "Aujourd'hui, nous sommes dans le Akkar. Demain, nous serons à Aley, dans le Chouf, à Jezzine, et après-demain dans la Békaa puis à Beyrouth. Nous devons pouvoir circuler. (...) Nous reviendrons dans le Akkar", a-t-il promis.
Gebran Bassil, ex-ministre des Affaires étrangères, de l'Energie et des Télécoms, et gendre du chef de l'Etat, est l'une des figures politiques les plus clivantes de la scène politique libanaise. Il est particulièrement honni par une partie de la population qui s'est soulevée en octobre 2019 contre le pouvoir, et qui l'accuse, ainsi que d'autres responsables, d'être à l'origine de la crise économique grave que vit le pays depuis trois ans.
Maoulaoui se veut rassurant sur la sécurité
Les élections législatives, qui se déroulent à l'étranger les 6 et 8 mai et le 15 mai sur le territoire libanais, sont attendues par la communauté internationale et la population qui espère un changement au pouvoir. Mais ces dernières semaines, de nombreux incidents sécuritaires ont été signalés dans les quatre coins du pays, faisant craindre un report du scrutin. Dans certaines régions, des rassemblements ont été attaqués, des candidats empêchés d'organiser leurs événements, comme par exemple au Liban-Sud, fief du tandem chiite Amal-Hezbollah où des individus armés ont encerclé et agressé des candidats de l'opposition dans le village de Sarafand. Et en début de semaine, des riverains avaient attaqué le convoi de Hadi Hobeiche, député du Akkar (Liban-Nord) sans toutefois faire de blessés, alors qu'un iftar organisé par une figure politique locale a également fait l'objet de tirs.
Les autorités se veulent rassurantes. Vendredi, à l'issue d'une réunion du Conseil supérieur de défense au palais présidentiel de Baabda, les responsables ont affirmé que les forces de l'ordre étaient prêtes à assurer la sécurité du scrutin.
Samedi, le ministre de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a tenu des propos dans le même sens. "Les forces de l'ordre sont entièrement prêtes pour prendre les mesures nécessaires à la stabilité et au calme, le jour des élections", a-t-il affirmé, à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité central. Il a, dans ce contexte, insisté sur "la nécessité d'interdire les grands rassemblements, notamment les compétitions sportives, qui risquent de provoquer des heurts". "Les forces de sécurité sont prêtes dès aujourd'hui, et les services de renseignement seront constamment disponibles pour nous informer", a-t-il ajouté.
commentaires (15)
Waw il est bien aimé et apprécier ce Bassil
Eleni Caridopoulou
01 h 11, le 02 mai 2022