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Politique - Décryptage

Le Hezbollah en état d’alerte pour calmer le jeu entre Amal et le CPL

Le Hezbollah en état d’alerte pour calmer le jeu entre Amal et le CPL

Le président Michel Aoun recevant le chef du législatif Nabih Berry, en novembre 2017, au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra

L’équipe du Hezbollah chargée du dossier des relations avec les alliés de ce parti ne semble pas être au bout de ses peines. Elle avait tout juste réussi à rétablir les liens entre Nabih Berry et le duo Michel Aoun-Gebran Bassil, ou du moins à obtenir leur engagement de mettre un bémol à leurs critiques respectives, et voici que les guéguerres recommencent entre eux et s’étalent dans les médias.C’est ainsi que la visite mardi à Baabda d’un candidat sur une liste rivale à celle du tandem chiite dans la circonscription du Liban-Sud II (Tyr-Zahrani) a relancé ouvertement les tiraillements entre le CPL et le mouvement Amal et montré que le feu continue de couver sous la cendre et que la moindre étincelle peut tout embraser. D’autant que cette visite a été précédée d’une déclaration du chef de l’État faite depuis Bkerké, où il se trouvait pour assister à la messe de Pâques, dans laquelle il a rappelé que ceux qui bloquent aujourd’hui le pouvoir judiciaire sont ceux-là mêmes qui avaient paralysé le gouvernement pendant plusieurs semaines. Autrement dit le tandem chiite, et plus particulièrement le mouvement Amal, surtout que le ministre des Finances, Youssef Khalil (proche de Nabih Berry), s’abstient toujours de signer le décret de la formation de l’assemblée plénière de la Cour de cassation (chargée de trancher les recours en dessaisissement contre Tarek Bitar, afin qu’il poursuive son enquête sur l’explosion du port de Beyrouth). Le Hezbollah avait pourtant déployé des efforts immenses pour pousser ses deux alliés, Amal et le CPL, à se présenter sur une même liste dans certaines circonscriptions et à cesser les campagnes hostiles entre eux, au moins jusqu’aux élections prévues le 15 mai. Il lui avait même fallu tenir plusieurs réunions avec chacun d’eux séparément, brandir les chiffres et invoquer l’intérêt collectif pour les convaincre d’accepter de conclure une sorte de trêve. Amal et le CPL ont finalement cédé face à l’insistance du Hezbollah, tout en se réservant chacun la possibilité de critiquer l’autre, dans le cadre des campagnes électorales, pour pouvoir mobiliser les électeurs. En effet, après des années de conflits entre les deux formations, pour divers prétextes mais essentiellement au sujet de ce que le CPL appelle la lutte contre la corruption, il était difficile de convaincre leurs bases respectives de la nécessité de nouer ce que les deux camps appellent « des alliances électorales », juste pour augmenter le nombre de sièges de la liste commune. Les conseils du Hezbollah l’ont finalement emporté et les deux formations se sont retrouvées dans certaines circonscriptions sur une même liste. Les adversaires du CPL ne se sont d’ailleurs pas privés de le critiquer à ce sujet, et son chef Gebran Bassil a clairement évoqué cette question, dans un de ses discours électoraux, assurant qu’une fois les élections législatives terminées, chaque député ira rejoindre son bloc et l’alliance électorale en restera là. Malgré tout, de l’avis du Hezbollah, le ton général du discours de Bassil était moins violent que d’habitude. De son côté, le président de la Chambre n’a pas du tout évoqué cette question dans son dernier discours, et ses lieutenants l’ont plus ou moins occultée dans leurs dernières déclarations.

Le Hezbollah pouvait donc s’estimer satisfait jusqu’à un certain point, considérant avoir réussi à calmer relativement le jeu entre ses deux alliés et, par la même occasion, à obtenir un répit pour pouvoir se consacrer aux questions électorales proprement dites. Mais le répit était de courte durée.

L’agression samedi contre des candidats de l’opposition à la liste Amal-Hezbollah à Sarafand et le tollé politique et populaire qu’elle a soulevé a relancé le conflit avec le CPL. Certes, Amal a condamné l’agression dans un communiqué officiel et l’armée a arrêté mercredi l’auteur présumé des tirs contre les candidats de l’opposition, mais la formation de Nabih Berry reste malgré tout mise en cause. D’ailleurs, le candidat Hassan Ahmad Khalil, connu pour ses critiques virulentes à l’égard du président de la Chambre et de son camp, s’est basé sur cette agression pour annoncer à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’État son intention de suspendre sa candidature aux législatives (il ne peut plus la retirer car le délai légal a expiré). La raison invoquée est l’absence de liberté d’action des candidats de l’opposition dans la circonscription du Liban-Sud II, considérée comme le fief du mouvement Amal et de son président. Dans une conférence de presse tenue le lendemain, il a réclamé des « garanties de sécurité pour les candidats de l’opposition, pour les délégués dans les bureaux de vote et pour les électeurs ». Le plus surprenant dans sa déclaration, c’est qu’elle a été faite à partir de Baabda. Cela a été considéré comme un signe d’escalade entre le chef de l’État et son camp d’une part, et le président de la Chambre et son camp d’une autre. Immédiatement, les médiateurs du Hezbollah se sont activés pour tenter de limiter les dégâts. À cause des campagnes électorales, les deux alliés du parti de Dieu estiment avoir une certaine latitude pour s’adresser à leurs bases électorales, et ce n’est pas parce qu’ils ont formé des listes communes qu’ils doivent renoncer à mobiliser les électeurs. Pour eux, l’alliance électorale est une chose et les questions politiques une autre. De plus, en cette période délicate où le CPL s’estime être la cible d’une grande campagne interne et externe visant à l’affaiblir, le Hezbollah ne peut que comprendre le souci de son allié de mobiliser les électeurs... tout en se tenant prêt à intervenir au cas où le conflit avec Amal dérape.

L’équipe du Hezbollah chargée du dossier des relations avec les alliés de ce parti ne semble pas être au bout de ses peines. Elle avait tout juste réussi à rétablir les liens entre Nabih Berry et le duo Michel Aoun-Gebran Bassil, ou du moins à obtenir leur engagement de mettre un bémol à leurs critiques respectives, et voici que les guéguerres recommencent entre eux et s’étalent...

commentaires (10)

On doit impérativement faire échouer ce trio diabolique !

Wow

16 h 57, le 23 avril 2022

Tous les commentaires

Commentaires (10)

  • On doit impérativement faire échouer ce trio diabolique !

    Wow

    16 h 57, le 23 avril 2022

  • Quelle fausse démocratie ? Des ennemis qui s'associent dans des législatives ! Et des députés de la "nation" qui siègent au Parlement. L L

    Esber

    15 h 23, le 22 avril 2022

  • "... une déclaration du chef de l’État dans laquelle il a rappelé que ceux qui bloquent aujourd’hui le pouvoir judiciaire sont ceux-là mêmes qui avaient paralysé le gouvernement pendant plusieurs semaines ..." - N'importe qui SAUF MICHEL AOUN peut se plaindre d'un bloquage du gouvernement! C'est hallucinant de mauvaise foi...

    Gros Gnon

    15 h 10, le 22 avril 2022

  • "The Godfather 2022"...

    Wlek Sanferlou

    15 h 01, le 22 avril 2022

  • „Les conseils de Hisbollah“ . Vous nous prenez vraiment pour des naïfs. Dans un pays en remous utiliser des expressions comme conseils ou motivation touche au ridicule concernant le parti le plus puissant en ce moment. Pensez-vous aider votre camp en essayant de repasser et rapiécer? Un avis plus honnête aurait été probablement plus accepté et pris en considération venant du même camp. Peut-être que les mots trains et stations auraient été omis pour éviter des risées.

    Khazzaka May

    13 h 03, le 22 avril 2022

  • On dirait que la journaliste vient de se rendre à l’évidence que ses chouchous ont pataugé dans la mouise jusqu’à satiété et maintenant ils se rendent compte que les intentions de leurs alliés de toujours n’étaient pas de les propulser vers le haut mais de les anéantir pour pouvoir les remplacer par d’autres affamés qui eux seront plus dociles pour se remplir les fouilles en suivant l’exemple de leurs prédécesseurs qui peuvent maintenant aller paître ailleurs.

    Sissi zayyat

    11 h 19, le 22 avril 2022

  • j'aurais bien voulu que certaines des sources de dame haddad lui aient insuffle le mot d'ordre d'avouer, ne serait ce qu'aux lecteurs de l'OLJ-faute d'oser le faire aux suiveurs de ses 2 idoles-que ce charabia d'alliances contre nature, contre ethique, contre moeurs exige par teheran-une autre idole-est aberrant,vomitif,degueu ? pour une seule fois comme aiment bien l'appliquer Kellon dont font partie justement ses 3 idoles.

    Gaby SIOUFI

    10 h 26, le 22 avril 2022

  • Bof personne n a réussi à diluer l huile dans l eau Ces alliances contre nature vont couter cher au CPL Allez patience les amis le coup de balai arrive L opposition chretienne à cette mascarade se berra dans les urnes Wait and see nos bulletins d expat vont vous etonner

    Elime 11

    09 h 04, le 22 avril 2022

  • La porte parole officielle de l’ensemble CPL Hezbollah Amal s’est exprimée, dont acte. En réalité, le citoyen ordinaire s’en fout totalement de ces manœuvres. Il est trop occupé à faire la queue pour : retirer son aumône mensuelle de la banque, chercher du pain, essayer d’acheter des produits de première nécessité à des prix inférieurs à ceux du caviar, à remplir au compte gouttes son réservoir d'essence, à chercher à avoir quelques watts de l’EdL… mais pour l’auteure de cet article, ces problèmes n’existent pas. Comment pourraient ils exister avec un président fort, un régime fort et surtout un gendre superman mais malheureusement sanctionné par le trésor américain

    Lecteur excédé par la censure

    07 h 59, le 22 avril 2022

  • Votre décryptage, Mme Haddad est d’une superficialité sidérante…Vous avez toujours eu le don de remplir des paragraphes entiers de vérités et contre-vérités pour finir avec des truismes que tout le monde connaît et qui n’apportent absolument rien d’utile ou de constructif pour justifier les positions de vos champions qui sont carrément scandaleuses et indéfendables: c’est vraiment l’art de parler pour ne rien dire et de prendre un peu les lecteurs de l’OLJ pour des demeurés…et on pense changer quoi que ce soit dans ce pauvre pays?

    Saliba Nouhad

    01 h 36, le 22 avril 2022

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