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Lifestyle - Liban Pop

Dans « Lil maout 2 », des affaires qui sont loin d’être réglées

La série est de retour pour une seconde saison avec ses deux célèbres arnaqueuses populaires. « Tout au long du premier volet, le jeu entre les personnages se faisait sournoisement, confie la scénariste Nadine Jaber. Maintenant, tout peut se jouer à découvert. »

Dans « Lil maout 2 », des affaires qui sont loin d’être réglées

« Lil maout », une nouvelle saison qui s’annonce très réussie. Photo DR

Les feuilletons libanais en ce mois de ramadan sont peu nombreux sur les plateformes et les télévisions en raison notamment de la crise économique ayant éprouvé les producteurs, la saison électorale qui occupe une grande part de la programmation des chaînes locales, le report de certaines séries qui n’ont pas été achevées à temps et le choix qu’ont fait quelques stars de s’éclipser en cette saison. Dans ce paysage quelque peu inhabituel, une série se démarque pourtant et semble être la seule à connaître un vrai succès. Il s’agit de la saison 2 de Lil maout, diffusée sur Shahid et MTV, et qui capitalise sur la réussite du premier volet diffusé l’an dernier. Un premier chapitre qui avait permis de découvrir deux protagonistes féminines, Sahar et Rim, incarnées respectivement par Maguy Bou Ghosn et Daniella Rahmé. Élevées dans un orphelinat et ayant grandi dans les rues, ces deux personnalités à la fois fortes et aigries consacrent leur vie à duper des hommes riches dans de nombreux pays, à travers un stratagème fourbe. Quand l’une d’elles fait tomber dans ses filets un homme qui accepte de l’épouser, la seconde fait tout pour le séduire à son tour afin qu’il trahisse sa femme. S’ensuivent alors un divorce et un butin financier que les deux femmes se partagent, amies à la vie et « Lil maout  » (à la mort). La première saison s’était achevée par les retrouvailles à Paris de Rim et de son dernier époux Hadi (Ahmad el-Ahmad), soucieux de se venger malgré le véritable amour qui les avait unis, menaçant de faire imploser le tandem féminin et leur amitié solide. « Je pense que de nombreux facteurs ont permis le succès de Lil maout l’an dernier, confie Nadine Jaber, la scénariste. Le thème est assez nouveau, ainsi que l’histoire peu traditionnelle de ces deux femmes qui sont fortes et insoumises, et qui arnaquent des hommes ingénieusement. Le genre de la série, qui allie mystère et suspense, crée la surprise chez le téléspectateur qui découvre continuellement une vérité différente de ce qu’il attendait. C’est comme si on se jouait de lui et qu’on lui envoyait une claque à chaque épisode. Le succès est aussi évidemment dû à la réalisation de Philippe Asmar, aux moyens de production mis par Eagle Films et au choix des acteurs. Sans oublier que le langage est proche des gens, car les choses sont dites comme dans la vraie vie et les expressions vulgaires utilisées par ces femmes, qui sont en apparence élégantes, sont devenues culte.

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Ce vocabulaire a surpris certains, mais il est justifié. Quand ces femmes se retrouvent avec Omar, leur ami d’enfance depuis l’orphelinat (Bassem Moughniyé), leur naturel les rattrape. Notamment quand elles sont furieuses et qu’elles perdent le contrôle, leurs masques tombent. » Étonnamment, le public a sympathisé avec les deux arnaqueuses, surtout quand elles tombent véritablement amoureuses. « Leur passé est touchant malgré leurs manigances, assure Nadine Jaber. Elles ont grandi dans la rue et ont une part de vulnérabilité. Même si on ne justifie pas leurs crimes, ce sont des personnes qui ont souffert, et on se dit qu’on aurait peut-être fait comme elles si on était à leur place. On se solidarise avec elles car, quand elles commettent un acte mauvais, très vite on apprend qu’elles sont capables aussi du meilleur. Chaque humain a sa part d’ombre et de lumière, et je ne voulais pas que le public les déteste. »

Une nouvelle intrigue

Celles que Nadine Jaber appelle ses « filles » et ses « amies » dévoilent en effet de nouvelles facettes de leurs personnalités dans ce second chapitre, marqué par le désir de vengeance de Hadi dont on découvre le commerce mafieux ; le côté romantique de Sahar jusque-là caché ; la résurgence du père de Rim et de nouvelles querelles entre elles. Dans le générique, d’ailleurs, les protagonistes se déplacent sur un échiquier géant, perdus dans leurs stratagèmes et leurs guerres individuelles et psychologiques. « Quand on a évoqué la possibilité d’une seconde saison, raconte Nadine Jaber, je me suis posée pour voir si les éléments de l’histoire le permettaient. Après ce brainstorming, j’ai découvert que tout au long du premier volet, le jeu entre les personnages se faisait sournoisement. Maintenant, tout peut se jouer à découvert. C’est donc une toute nouvelle intrigue qui était possible et l’opportunité de créer quelque chose de nouveau, loin des arnaques de Sahar et Rim, alors que Hadi n’a pas encore assouvi son désir de vengeance. »

La nouvelle saison, qui reprend le titre du chanteur Nassif Zeytoun Aw’at, est par ailleurs marquée par le retour de personnages importants qui vivent dans un quartier populaire : Hanane (Randa Kaady), qui s’est occupée des deux orphelines pendant quelque temps ; son compagnon qui commence à vieillir (Rabih ez-Zein) ; Lamis (Rayane Haraké), la fille de Rim qui ignore qui est sa mère ; Saria, la femme qui l’a élevée (Carole Abboud), toujours aussi assoiffée d’argent, et la très jeune Khouloud (Taline Abou Rjeily) qui a été sauvée de la rue par Rim. Khouloud doit pourtant faire face à Hakima (Liliane Nemri), qui entretient un commerce d’enfants et de jeunes mendiants, une cause qui tenait à cœur pour la scénariste. À quoi s’attendre dans les prochains épisodes ? « Plus de surprises ! » assure Nadine Jaber. « Les événements vont se compliquer davantage, et un événement viendra complètement changer la série à la mi-ramadan. Le dénouement, lui, pourra être interprété comme une fin ou pas… »

Si l’auteure de Salon Zahra et 2020 se réjouit du succès grandissant de son feuilleton qui s’affiche en tête dans de nombreux pays sur la plateforme Shahid, « même en dehors du monde arabe et malgré la forte concurrence des séries du Golfe et d’Égypte », elle ne cache pas sa fierté qu’il soit presque intégralement libanais. Elle estime que les séries mixtes et qui traitent de sujets universels permettent souvent une plus grande expansion. Cela ne l’a pas empêchée d’illustrer des aspects sociaux de la crise libanaise dans Lil maout 2, où il est parfois question de manque d’électricité, de fioul, de médicaments et de dollars. « On a envie de parler du Liban mais on le fait de manière subtile car les séries doivent voyager et ce ne sont pas des bulletins d’information, dit-elle. J’ai quelques idées sur ce plan et de nombreux projets en préparation pour parler de thèmes qui intéressent notre société d’aujourd’hui. On dit souvent que l’écrivain a la hantise de devoir traiter de sujets que d’autres ont exploités, mais je n’y crois pas. Les sujets sont les mêmes partout. C’est la revisite qui fait toute la différence. »

Les feuilletons libanais en ce mois de ramadan sont peu nombreux sur les plateformes et les télévisions en raison notamment de la crise économique ayant éprouvé les producteurs, la saison électorale qui occupe une grande part de la programmation des chaînes locales, le report de certaines séries qui n’ont pas été achevées à temps et le choix qu’ont fait quelques stars de...

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