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Jungle, terrible jungle

On nous a dit qu’il fallait économiser les ressources, mieux gérer l’eau et l’irrigation, collecter l’eau de pluie. On nous a dit que les OGM étaient potentiellement nocifs, qu’une partie de la planète était suralimentée face à une autre partie en famine endémique. On nous a dit qu’il fallait réduire l’utilisation des énergies fossiles, arrêter la déforestation sauvage et les détournements de cours d’eau. On nous a dit que certains dirigeants étaient infréquentables et une partie du monde leur a tourné le dos. Comme le chantait Guy Béart dans les années 1960 : « On m’a dit, on m’a dit, et puis on s’est contredit. » Qu’il les mette sur le compte de théories du complot ou tente de les faire passer pour inutiles, le monde s’est trop longtemps dicté sa propre méthode Coué pour traîner les pieds et rechigner à se défaire de ses nocives routines. Mais il faut croire qu’il n’a plus le choix.

D’une part le réchauffement climatique semble engagé sur une voie de non-retour. Ensuite, grenier du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (on le découvre avec la guerre que lui mène la Russie), l’Ukraine n’est plus en mesure d’en assurer la sécurité alimentaire. Le monde entier est en inflation et le prix des hydrocarbures se répercute sur tous les produits consommables et non consommables. Et mettant leurs « principes » de côté, on voit des chefs d’État renouer avec les hors-la-loi de la veille dont ils évitent simplement de regarder les mains. A-t-on les moyens de sa morale quand il y a péril en la demeure? Pandémie, conflit dévastateur aux portes de l’Europe et qui divise le monde et frustre les Nations unies plus « machin » que jamais, nous sommes clairement en situation de sauve-qui-peut. Et le plus grand danger qui nous guette est de voir la porte ouverte à tous les abus, sur la scène internationale, dès lors que l’intérêt prime le droit. On ne parle plus de Monsanto. Serons-nous contraints à bénir les OGM, qui poussent en accéléré, quand manqueront les céréales ? Sans les engrais ukrainiens dont dépend le Brésil, les récoltes suffiront-elles pour les immenses marchés que ce pays alimente ? Faudra-t-il accepter la déforestation de l’Amazonie en faveur de l’agriculture? Devrons-nous choisir entre manger et respirer ?

On pourrait, d’un certain côté, se réjouir de cette décélération du monde. Quelques années supplémentaires de privations nous attendent sans aucun doute, et comme on l’a imaginé les premiers mois de la pandémie, cela pourrait donner un bref répit à notre planète. Mais d’un autre côté, comment ne pas imaginer que la faille se creuse dans un monde radicalement scindé entre les pays qui ont les ressources et ceux qui en sont dépourvus ; et dans un même pays, entre les riches enrichis et les pauvres appauvris, ceux qui mangent à leur faim et font des projets d’avenir et ceux qui se déshumanisent à consacrer leur énergie à la recherche quotidienne de leur subsistance? L’émigration pourrait se présenter comme une solution séduisante, mais dans un contexte d’appauvrissement généralisé, de nouvelles flambées racistes ne sont pas à exclure.

Il nous reste, en cette veille d’élections, à nous pencher, nous autres Libanais, sur des solutions susceptibles de nous éviter une crise alimentaire et énergétique aiguë, pour ne pas dire une famine. Pour éviter aussi la soumission totale à n’importe quel État qui serait tenté de nous occuper au rabais, et en lequel nous verrions, sur le moment, un sauveur. Nous sommes si las des slogans creux, des « nous sommes là et nous y restons », des comparaisons botaniques, des candidats « chênes » et des candidats « cèdres ». Des comparaisons animalières plus ou moins flatteuses, ici un « caméléon », là un loup ou un lion. Inutile de nous rappeler que nous vivons dans une jungle. L’heure est grave et ces petites haines, ces campagnes exclusivement construites sur le rejet de l’autre sont d’une mesquinerie et d’une médiocrité inqualifiables. Aux candidats, nous disons : donnez-nous des plans, montrez-nous des solutions. Au pire régime que ce pays ait connu, nous disons : vous nous avez suffisamment enfoncés, vous êtes un problème. Nous n’avons pas besoin de problèmes supplémentaires.

On nous a dit qu’il fallait économiser les ressources, mieux gérer l’eau et l’irrigation, collecter l’eau de pluie. On nous a dit que les OGM étaient potentiellement nocifs, qu’une partie de la planète était suralimentée face à une autre partie en famine endémique. On nous a dit qu’il fallait réduire l’utilisation des énergies fossiles, arrêter la déforestation sauvage...

commentaires (2)

DANS LA JUNGLE IL Y A LES LOIS DE LA JUNGLE SI DURES SOIENT-ELLES ETABLIES PAR LA NATURE. C,EST PLUTOT DE MEGA BORDEL QU,IL S,AGIT OU IL N,Y A NI LOI NI FOI. ET TOUS CEUX QUI Y CIRCULENT SONT DE LA PEGRE BORDELIQUE...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 24, le 24 mars 2022

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Commentaires (2)

  • DANS LA JUNGLE IL Y A LES LOIS DE LA JUNGLE SI DURES SOIENT-ELLES ETABLIES PAR LA NATURE. C,EST PLUTOT DE MEGA BORDEL QU,IL S,AGIT OU IL N,Y A NI LOI NI FOI. ET TOUS CEUX QUI Y CIRCULENT SONT DE LA PEGRE BORDELIQUE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 24, le 24 mars 2022

  • Impeccable comme toujours! Le plaisir de vous lire est intact! Merci

    Panayot Myrna

    10 h 31, le 24 mars 2022

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