
Depuis plusieurs mois, le marché foncier dans la capitale libanaise est plongé dans une certaine léthargie. Photo João Sousa.
Après la certaine euphorie qui avait marqué la période allant de la fin de 2019 au milieu de 2021 en matière de vente d’appartements à Beyrouth contre des chèques bancaires, le marché foncier plonge, depuis plusieurs mois, dans une certaine léthargie. Les raisons de cette tendance sont multiples.
La dégradation de la situation économique, dans un Liban en crise depuis plus de deux ans, a naturellement pénalisé les transactions, et l’absence de perspectives positives a entamé l’intérêt des acheteurs. S’ils vivent majoritairement à l’étranger, ceux-ci restent en effet prudents, dans un contexte local autant qu’international n’incitant pas à investir.
Depuis 2021, le passage du paiement en dollars libanais (ou « lollars », ceux bloqués en banque) au paiement en « vrais » dollars s’est généralisé, réduisant par là le nombre d’acheteurs potentiels. Les chèques bancaires ne sont plus acceptés et seuls les « vrais » dollars comptent désormais. Mais cette nouvelle donne engendre un coût qui n’est pas automatiquement accepté par les propriétaires. Beaucoup rechignent en effet à adapter leurs prix et refusent de se soumettre à la réalité du marché. S’ils ont tous accepté d’appliquer une baisse, ils n’accordent en moyenne que des réductions de 20 à 30 % par rapport aux prix de 2019, c’est-à-dire avant le mouvement de contestation populaire du 17 octobre.
Offre relativement limitée
Pourtant, les quelques ventes réalisées ces dernières semaines prouvent que la baisse des prix est bien plus sévère et reflète, en moyenne, une chute de 40 à 50 % par rapport à 2019. Ainsi, la valeur d’un appartement affiché à un million de dollars en 2019 devrait se situer aujourd’hui entre 500 000 et 600 000 dollars. Afficher ce même logement à environ 750 000 dollars s’avère improductif car, en toute logique, personne ne va se positionner si le prix n’est pas réajusté de manière cohérente. Le comble est que, même avec un rabais de 50 %, les produits peinent à s’écouler.
Si la baisse des prix aurait dû redynamiser l’appétit des Libanais expatriés à la recherche d’un pied-à-terre à Beyrouth, il n’en est malheureusement rien. D’une part, le nombre d’acheteurs est restreint. D’autre part, les acquéreurs sont difficiles et veulent profiter de la morosité du marché pour obtenir de meilleurs rabais. Certains préfèrent donc prendre leur temps dans l’espoir que la conjoncture se dégradera et leur sera prochainement plus favorable.
C’est ainsi que quelques appartements, pourtant de qualité et affichés à des prix réalistes, ne séduisent quasiment personne, à l’image de cet appartement de 155 m2, affiché à 265 000 dollars, à côté de l’hôtel Le Gabriel, rue de l’Indépendance, ou de ce logement de 400 m2 situé au-delà du 15e étage dans l’une des tours les plus élégantes du centre-ville et annoncé à 5 000 dollars le m2. En 2019, ce prix était demandé pour le premier étage.De surcroît, le marché est également ralenti par une offre relativement limitée. Aujourd’hui, les appartements mis en vente ne sont pas légion. Pour commencer, les mises en chantier sont quasi inexistantes. Ensuite, dans les immeubles terminés, les promoteurs ont déjà liquidé leurs invendus.
Il reste les propriétaires qui ont acheté leur bien en chèque bancaire de 2019 à 2021. Même s’ils ont acheté des appartements dont ils n’avaient pas besoin, la grande majorité n’est pas encore prête à revendre avec une forte décote. Non endettés et sans un besoin urgent de vendre, ils préfèrent louer leur appartement ou le laisser vide.
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Bravo,ESBER.
20 h 34, le 24 mars 2022