Mikati : Le Liban doit entamer la "phase de test des intentions"

Le Premier ministre libanais Nagib Mikati a estimé nécessaire que le Liban entame la "phase de test des intentions" en vue de rétablir les liens diplomatiques avec les monarchies du Golfe, sérieusement minés par une crise qui a éclaté fin octobre autour du rôle du Hezbollah dans la région. Le chef du gouvernement a dans ce contexte affirmé que Beyrouth adopte "une attitude positive" vis-à vis de la feuille de route arabe transmise au Liban par le Koweït en janvier dernier, pour tenter de mettre un terme à cette crise.

Relance politique
"Le gouvernement fait preuve d'ouverture concernant la feuille de route arabe (...) et traite cette question de manière positive", a affirmé M. Mikati dans un entretien publié lundi dans le quotidien saoudien al-Chark al-Awsat. "Le gouvernement libanais est extrêmement engagé à maintenir les meilleures relations avec les monarchies du Golfe, Arabie saoudite en tête, afin de remédier aux failles qui les ont entachées", a  également souligné M. Mikati, en allusion à la crise déclenchée par des propos hostiles de Georges Cordahi, ex-ministre de l'Information, au rôle de Riyad dans la guerre au Yémen. Nagib Mikati s'est dans ce cadre montré en faveur d'un "renforcement de la coopération avec les pays du Golfe sur la base du respect des résolutions arabes et internationales, et la préservation de la stabilité du pays".

"Le gouvernement est conscient de l'importance que le Liban ne soit pas le point de départ d'activités à même de menacer sa stabilité, ou de secouer ses rapports historiques avec les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite", a insisté M. Mikati, dans une référence claire aux activités militaires et prises de positions politiques du Hezbollah, hostiles aux monarchies du Golfe.

Selon al-Chark al-Awsat, le Premier ministre "estime nécessaire que le Liban entame la phase de test des intentions, afin de rétablir ses relations avec les pays du Golfe" et "espère que celle-ci sera rapidement engagée en vue de passer à celle de la relance politique".

Le Koweït avait mené en janvier une mission diplomatique à Beyrouth au nom des monarchies du Golfe avec le soutien des puissances occidentales. Au cours d’une visite officielle, son ministre des Affaires étrangères, Ahmad Nasser al-Mohammad al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, avait remis aux autorités une feuille de route arabe pour aider le Liban à rétablir ses liens avec les pays du Golfe. Ce document comprend des requêtes parmi lesquelles le désarmement du Hezbollah, une question hautement sensible au Liban qui divise la classe politique. Beyrouth avait transmis sa réponse aux pays du Golfe, mais attend toujours leur réaction. Samedi, le ministre koweïtien s'était entretenu par téléphone avec Nagib Mikati. Il avait exprimé sa "satisfaction" quant aux "initiatives du gouvernement pour rétablir les relations entre Beyrouth et le Golfe".

Lutte contre le trafic de drogue
L'un des sujets épineux qui a contribué à la crise est le trafic de drogue en provenance du Liban. Au cours derniers mois, les autorités libanaises ont multiplié les annonces dans la presse concernant des saisies de cargaisons de drogue à destination des monarchies du Golfe, dans une volonté de rassurer ces pays.

"Nous tenons à prendre toutes les mesures pour interdire le trafic de produits illicites, notamment les pilules de Captagon, en direction des pays du Golfe", a assuré le Premier ministre. Il a dans ce contexte insisté sur "la nécessité d'une coopération sécuritaire assortie d'échange d'informations et de fermeture de tous les passages aériens, maritimes et terrestres aux trafiquants, ainsi que la destruction des usines de production de Captagon".

Lundi après-midi, M. Mikati a publié un communiqué dans lequel il réitère l'engagement de son gouvernement à rétablir les relations entre le Liban et les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Le Premier ministre a réaffirmé la détermination du Liban à interdire que son système financier et bancaire soit utilisé dans des opérations qui "pourraient porter atteinte à la sécurité de l'Arabie saoudite et des pays du CCG". Il a également appelé à "l'arrêt des activités politiques, militaires, sécuritaires et médiatiques qui portent atteinte à la souveraineté" de ces pays.