Le ministre libanais de la Culture, Mohammad Mortada, a classé vendredi les silos du port de Beyrouth, ravagés par la double explosion meurtrière du 4 août 2020, parmi les monuments historiques, deux jours après que le gouvernement a approuvé leur destruction, malgré l'opposition des proches des victimes du drame et de militants.
Dans un communiqué, M. Mortada a souligné que "les silos ont toujours caractérisé la façade maritime de la capitale", et rappellent aux Libanais "une page douloureuse de l’histoire de leur ville". "Vu la nécessité de conserver ces silos historiques et de les considérer comme faisant partie d'un héritage humain puisqu'ils sont l'emblème d'une ville sinistrée, mais vu aussi la nécessité de préserver cette image pour les générations futures, j'ai pris la décision pour les classer parmi les monuments historiques", a affirmé le ministre. Il a également "interdit que des changements soient effectués sur les silos sans (son) accord préalable qu'il octroierait concernant les travaux, les moyens et les produits utilisés".
Le ministre des Travaux publics, Ali Hamiyé, a reçu le 1er mars une lettre du juge d'instruction Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur le drame du port, indiquant qu'"il n'est plus nécessaire de préserver ce qui reste des silos, à la lumière de l'état avancé de l'enquête médico-légale". Quelques jours auparavant, le ministre de l'Économie, Amine Salam, avait déclaré qu'il ne prendrait pas la décision de les démolir, dans l'attente d'une autorisation judiciaire de l'autorité compétente. Mercredi, le Conseil des ministres s'est prononcé en faveur de la destruction des silos.
L'initiative de la Déclaration urbaine de Beyrouth a lancé, en février dernier, une pétition demandant au gouvernement de ne pas détruire les silos. Les familles des victimes du port ont également protesté contre une telle décision.
Ces silos, gravement endommagés, s'inclinent quotidiennement de deux millimètres, selon des experts, et risqueraient ainsi de s'effondrer.
La démolition des silos serait un acte criminel qui complèterait l’acte criminel et toujours impuni de l’explosion du port… les silos appartiennent a la mémoire collective du peuple libanais et resteront le mausolée de cette tragédie dont nos dirigeants semblent vouloir oublier, effacer!
07 h 53, le 21 mars 2022