"Celui qui vote pour le CPL vote pour le Hezbollah". C'est du moins ce qu'a affirmé jeudi le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, rival chrétien du Courant patriotique libre du député Gebran Bassil qui fustige le soutien du parti chiite à la formation fondée par le président de la République, Michel Aoun. Des propos qui interviennent à moins de deux mois des élections législatives du 15 mai, alors que M. Geagea fait de la lutte contre l'arsenal du parti pro-iranien son cheval de bataille. Le chef des FL a également accusé le camp aouniste de "servir" le projet du Hezbollah. La veille, le secrétaire général du parti de Dieu, Hassan Nasrallah, avait affirmé que la bataille de sa formation est "celle de ses alliés", dont le CPL, assurant soutenir leurs candidats afin qu'ils remportent les élections. Déjà dimanche, Gebran Bassil, en perte de popularité, avait estimé que ses adversaires visent à le "faire tomber et à faire tomber son parti".
"Rien n'est gratuit en politique"
Dans un communiqué, Samir Geagea a estimé que "le fait que le Hezbollah admette clairement que sa bataille durant les prochaines législatives est celle de la réussite de ses alliés, à savoir le Courant patriotique libre, doit interpeler les Libanais, car rien n'est gratuit en politique. Cela montre à quel point le CPL sert le Hezbollah et son projet". Pour le leader chrétien, "nous pouvons donc dire avec objectivité que tout Libanais qui vote pour le CPL vote pratiquement pour le Hezbollah".
M. Geagea a ensuite rappelé que le CPL a dernièrement "tenté de suggérer qu'il ne s'entend pas avec le Hezbollah sur tout, et cela est vrai, il ne s'entend pas avec lui en ce qui concerne la répartition des quotes-parts au sein de l’État". Il a également accusé le camp aouniste et le parti chiite de s'entendre sur "tout ce qui empêche le redressement de l’État, la régulation des institutions et le rétablissement de la stabilité". Il a dans ce cadre déploré le fait qu'ils "compromettent la souveraineté du Liban, entravent le monopole des armes par l'armée, obstruant l'exclusivité de la décision militaire et sécuritaire de l’État et sa politique étrangère (...)" et "exposent le pays en permanence à des dangers majeurs au nom de la résistance".
Mardi, le numéro un du Hezbollah était lui aussi revenu à la charge contre ses adversaires sur la scène locale, notamment les FL, qui s'opposent à sa ligne politique et à l'Iran. "Notre adversaire n'a pas présenté de programme. Il parle uniquement de l'arsenal de la résistance, de l'occupation iranienne et de la prédominance du Hezbollah sur l'Etat", avait lancé Hassan Nasrallah, dans une critique peu voilée à Samir Geagea qui avait fustigé, lors du lancement de sa campagne électorale, le projet pro-iranien du parti chiite. "Soit on recouvre ce qui reste de la souveraineté, soit on devient une province d'une République qui ne nous ressemble en rien", avait lancé le chef des FL.
Les législatives du 15 mai sont perçues par nombre de Libanais comme un premier tremplin vers le changement auquel ils aspirent, alors que le pays est frappé depuis l'été 2019 par la pire crise socio-économique et financière de son histoire contemporaine. Plusieurs acteurs de la communauté internationale tiennent également à la tenue du scrutin et affichent une volonté de le superviser. Le délai de dépôt des candidatures pour les élections a expiré mardi à minuit avec 1.043 candidatures présentées. Un chiffre en hausse par rapport au scrutin de 2018 et qui dénote d'une volonté croissante de participer à la vie politique.
Amin Maalouf a un jour décrit le Liban comme '' Une terre hostile aux hommes de bonne volonté ''. Tout homme qui dit la vérité au Liban devient '' Déstabilisé''. Comment comptez vous bâtir une nation dans ces conditions, si vous vous mettez toujours dans une position de déni de la vérité ? Signé : Le Phénicien. (Prière d'utiliser mon pseudonyme pour des raisons de protection de ma vie privée).
23 h 10, le 19 mars 2022