Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, lors d'un discours prononcé à Beyrouth, le 13 mars 2022. Photo Twitter @Gebran_Bassil
Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a annoncé dimanche les candidats aounistes aux législatives du 15 mai, et confirmé son alliance avec le Hezbollah alors que son parti est en nette perte de popularité, mais il a tenu à souligner que "l'alliance au niveau des listes électorales n'est pas une alliance au niveau des programmes" et assuré tenir à la souveraineté du Liban, au moment où l'arsenal illégal du Hezbollah pro-iranien est pointé du doigt par les communautés locale et internationale.
Le député de Batroun et gendre du chef de l'Etat, Michel Aoun, s'est livré, en outre, à une diatribe contre plusieurs figures et forces politiques locales, notamment la coalition souverainiste du 14 Mars et le mouvement Amal du chef du Parlement Nabih Berry, estimant qu'ils constituent un "grand parti corrompu" qui vise à le "faire tomber et à faire tomber le CPL".
"Grand parti corrompu"
Dans un discours virulent prononcé à l'occasion de la 7ème conférence annuelle de son parti, le chef du CPL a fustigé la coalition du 14 Mars qu'il considère comme "falsifiée", dans une référence aux anciens alliés qui la formaient, à savoir les Forces Libanaises (FL) de Samir Geagea, le Courant du Futur de l'ancien Premier ministre Saad Hariri et le Parti socialiste progressiste (PSP) de Walid Joumblatt. Il a estimé que les forces du 14 Mars ont échoué et les a accusées d'être "une révolte trompeuse" alors que son parti, qui est en faveur de "la révolte honnête", demeure selon lui résilient.
"Il existe un grand parti au Liban qui est le parti de la corruption ; il ressemble à un caméléon qui change de couleur", a poursuivi M. Bassil, dans une critique implicite des forces du 14 Mars et du mouvement Amal. "Ceux qui changent de couleur ont profité de ce qu'ils ont gagné sous la tutelle (syrienne) et lorsque ce temps a changé ils ont changé de peau et surfé sur la vague de la liberté", a-t-il critiqué.
"Ils ont mis en échec les réformes et causé l'effondrement qui a commencé le 17 octobre 2019", a estimé le parlementaire, qui se référait au soulèvement populaire dans le pays. "Ils ont, par la suite, changé de peau et se sont considérés comme faisant partie de la révolte", a-t-il poursuivi, dans une allusion aux FL qui s'affichent comme des partisans du soulèvement alors qu'ils sont considérés par nombre de Libanais comme l’une des composantes de la classe au pouvoir accusée d'incompétence.
"En 2005, ils ont lancé une campagne d'attentat politique à notre encontre. Le criminel, même s'il sort physiquement de prison, demeure prisonnier de ses pensées et veut toujours tuer. S'il n'a pas de couverture pour le faire, il tuera politiquement", a-t-il dit, dans une allusion claire à Samir Geagea. Celui-ci a été emprisonné après la guerre civile qui a fait 150.000 morts au Liban entre 1975 et 1990, et relâché après 11 ans de prison en vertu d'une amnistie décrétée après le retrait syrien du Liban. L'attaque de M. Bassil contre les FL s'inscrit dans une volonté de jouer sur la fibre chrétienne et de s'adresser à l'électorat de sa communauté en amont du scrutin.
"Ils ont empêché l'adoption de la loi sur le contrôle des capitaux, afin de continuer à transférer leur argent à l'étranger", a ajouté M. Bassil, dans une critique peu voilée du chef du Législatif, et déploré le fait que "le caméléon a changé d'avis en annulant la 16ème circonscription", à laquelle les FL et Amal s'étaient opposés, alors que le CPL s'était prononcé en faveur d'un amendement de la loi électorale en vue de créer cette nouvelle circonscription. En 2018, les expatriés avaient voté exceptionnellement pour les 128 députés conformément à leur région d’origine. Pour les législatives de 2022, il était prévu que les émigrés votent uniquement pour 6 sièges qui seraient alors les représentants d’une 16e circonscription et qui viendraient s’ajouter aux 128 sièges. À partir de 2026, les 6 sièges de la diaspora devraient être réintégrés dans les 128 sièges initiaux du Parlement.
Dans son discours, M. Bassil a également fustigé la décision prise par le gouvernement, la semaine dernière, de ne pas mettre en place de mégacentres pour les élections du 15 mai mais de les adopter pour le prochain scrutin en 2026. "Ceux qui ont de l'argent contrôlent les médias, et ceux qui n'ont pas d'argent sont contrôlés par les médias. C'est clair, même avec les mégacentres. Ceux qui ont de l'argent ne veulent pas des mégacentres, car ils dépendent de l'influence qu'ils peuvent exercer sur les gens", a-t-il critiqué.
Le CPL avait plaidé pour la mise en place de bureaux géants de vote qui permettraient aux Libanais de voter sans devoir se rendre à leur région d'origine. Certains observateurs estiment que le CPL pourrait utiliser le prétexte de l'absence des mégacentres pour justifier un report du scrutin.
Alliance avec le Hezbollah
Côté législatives, M. Bassil a estimé que le projet de ses adversaires est de le "faire tomber et de faire tomber le CPL, et non pas le redressement de l'Etat et de l'économie". "Supposez qu'il remportent les élections et deviennent la majorité fictive, vont-ils confisquer les armes du Hezbollah ou l'empêcher d'être représenté dans le gouvernement ?", a-t-il renchéri, dans une critique directe des FL qui font de la résistance au Hezbollah leur cheval de bataille. "Le Hezbollah nous a tendu la main pour une alliance électorale, tout comme nous lui avons tendu la main le 6 février 2006 lorsqu'ils ont essayé de l'isoler", a-t-il affirmé, dans une référence à l'accord de Mar Mikhaël, signé il y a plus de 16 ans, et qui avait scellé l'alliance des deux partis. "Ils veulent nous étouffer et nous isoler, mais nous sommes libres et grâce à notre force et notre alliance nous allons réussir", a martelé M. Bassil.
Le chef du CPL a expliqué, dans ce cadre, que "l'alliance au niveau des listes électorales n'est pas une alliance au niveau des programmes, il s'agit d'une opération de fusion des voix". "Nous établissons une alliance pour les élections, mais nous demeurons libres en politique", a-t-il assuré. "Nous n'abandonnons pas notre cause, et ne nous livrons pas à la corruption ou à une dépendance" vis-à-vis de quiconque, a-t-il poursuivi, alors que l'arsenal illégal du Hezbollah est critiqué par la communauté internationale et une grande partie des forces politiques locales. "Ils savent bien que nous sommes patriotes et protecteurs en ce qui concerne la souveraineté" du pays, s'est-il justifié.
M. Bassil a enfin annoncé les candidats de son parti aux élections du 15 mai. Le parti aouniste soutient Nicolas Sehnaoui à Beyrouth I, où huit sièges sont à pourvoir, et Edgard Traboulsi à Beyrouth II, où onze députés seront élus.
Au Mont-Liban I, où les candidats se disputent huit sièges, le CPL a nommé Simon Abi Ramia à Jbeil et Nada Boustany dans le Kesrouan. Au Mont-Liban II (Metn, 8 sièges), Eddy Maalouf, Elias Bou Saab et Ibrahim Kannan se portent candidats. Au Mont-Liban III, circonscription représentée au Parlement par six députés, le député Alain Aoun se présente pour un nouveau mandat à Baabda. Au Mont-Liban IV, qui permettra de faire parvenir à la Chambre treize députés, César Abi Khalil est le candidat du CPL à Aley et Ghassan Atallah dans le Chouf.
Au Liban-nord I (sept sièges), M. Bassil a nommé Assad Dargham et Jimmy Jabbour dans le Akkar. Dans la circonscription du Liban-nord III, Georges Atallah se porte candidat dans le Koura et Pierre Raffoul à Zghorta. Gebran Bassil a également annoncé sa propre candidature à Batroun, où deux sièges maronites sont à pourvoir.
Au Liban-sud I (cinq sièges), le CPL présente trois candidats à Jezzine, Salim Khoury, Amal Abou Zeid et Ziad Assouad.
Sélim Aoun sera candidat à Zahlé dans la Békaa I (sept sièges) et Charbel Maroun dans la Békaa II (six sièges). M. Bassil a enfin indiqué que le candidat grec-catholique de la circonscription de la Békaa III sera déterminé ultérieurement.
Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a annoncé dimanche les candidats aounistes aux législatives du 15 mai, et confirmé son alliance avec le Hezbollah alors que son parti est en nette perte de popularité, mais il a tenu à souligner que "l'alliance au niveau des listes électorales n'est pas une alliance au niveau des programmes" et assuré tenir à la souveraineté du...
commentaires (39)
Et il va toucher combien pour nous vendre aux barbus ...
Zeidan
08 h 53, le 15 mars 2022