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Économie - Rapport

Dans son scénario optimiste, l’IFI prévoit une croissance de 3 % du PIB libanais en 2022

Dans son scénario optimiste, l’IFI prévoit une croissance de 3 % du PIB libanais en 2022

L’IFI livre une projection de croissance proche de celle du projet de budget 2022 Photo d’illustration Toppercussion/Bigstock.

L’Institut de la finance internationale (IFI) a diffusé mercredi son dernier rapport sur le Liban, rédigé sous la houlette de son économiste en chef pour la zone MENA, Garbis Iradian, et publié avec un timing décalé de quelques mois par rapport à son calendrier habituel. L’IFI, qui rassemble plusieurs centaines de grandes banques dans le monde, affirme avoir dressé son évaluation de la conjoncture du pays à la suite d’une réunion virtuelle organisée entre les 23 et 25 février dernier avec des experts nationaux et internationaux, des officiels libanais, des responsables de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI), entre autres.

Dans la lignée de son précédent rapport livré dans le sillage de la formation du gouvernement de Nagib Mikati en septembre dernier, dans lequel il estimait possible un retour de la croissance libanaise à moyen terme, l’IFI soumet deux scénarios « plausibles » – un premier optimiste et un second qui l’est moins – dans lesquels le Liban affiche à chaque fois un PIB en hausse en 2022. Un choix qui semble indirectement valider la projection pourtant très critiquée du ministère des Finances qui a décidé de tabler sur un PIB en hausse de 3 % en 2022 dans le projet de budget pour cet exercice. Approuvé par le Conseil des ministres en février dernier, le texte est examiné depuis mardi par la commission parlementaire des Finances et du Budget, qui lui a consacré une seconde réunion hier en y approuvant les dépenses prévues pour la présidence de la République, le Conseil constitutionnel et les ministères de la Justice, de l’Information, du Tourisme et de l’Environnement.

Vers un accord avec le FMI en juin

Sans surprise, le scénario optimiste de l’IFI part du principe que le gouvernement mettra en place les réformes urgentes attendues, avec l’appui du Parlement, ce qui pourrait alors permettre au pays de faire aboutir ses négociations avec le FMI, avec un accord prévu en juin. Cette souscription à un programme d’assistance financière surviendrait alors juste après les élections législatives de mai – si elles sont maintenues. L’organisation ne s’avance pas sur le montant de l’aide obtenue mais considère que la dynamique enclenchée contribuera à faire croître le PIB libanais de 3,5 % en 2022, pour une valeur nominale en dollars de 22,8 milliards. À noter que la projection de l’IFI pour 2022 est légèrement inférieure à celle établie dans le rapport de septembre dernier (+4,1 %) et que le PIB a été divisé par plus de deux depuis son niveau à fin 2019.

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Ce scénario optimiste se base sur la mise en place d’une dizaine d’éléments-clés identifiés par l’IFI : (1) l’achèvement rapide de l’audit de la BDL ; (2) l’introduction de lois strictes en matière de transparence et de lutte contre la corruption ; (3) l’unification des multiples taux de change ; (4) la restructuration de la dette ; (5) la réhabilitation du système bancaire ; (6) l’approbation de la loi sur le contrôle des capitaux ; (7) l’adoption d’un cadre fiscal à moyen terme ; (8) l’approbation rapide du nouveau plan d’électricité ; (9) l’introduction d’un système complet de protection sociale ; et (10) l’établissement d’un haut conseil économique d’urgence indépendant.

En l’occurrence, l’organisation s’attend à ce que le taux de change dollar/livre, qui a dévissé dans des proportions impressionnantes en près de trois ans de crises – il navigue entre 22 000 et 24 000 livres pour un dollar depuis mercredi, soit une décote de plus de 90 % par rapport à la parité officielle de 1 507,5 livres –, affiche une moyenne d’environ 17 500 livres pour un dollar d’ici à fin 2022. L’inflation afficherait, elle, un taux moyen de près de 98 % (contre 154,8 % en 2021). Le ratio dette/PIB tomberait lui à 88,9 % (contre 212,7 % à fin 2021). Pour rappel, le Liban a fait défaut sur ses obligations en devises en mars 2020 et n’a toujours pas négocié de restructuration de sa dette avec ses créanciers. Le montant des eurobonds qui dépasse les 30 milliards de dollars est aujourd’hui détenu aux deux tiers par des investisseurs étrangers, selon une récente note de recherche de Bank of America.

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Le scénario pessimiste de l’IFI suppose, lui, que les autorités ne mettent en œuvre qu’une partie des réformes demandées et ne parviennent donc pas à convaincre le FMI de financer une sortie de crise – ce qui bloquerait également tous les projets d’investissements potentiels préparés par les soutiens du pays (comme la BM) ou des bailleurs de fonds privés. L’IFI s’attend alors à ce que le PIB enregistre tout de même une croissance de 0,8 % (pas loin du 1 % anticipé dans des conditions similaires par un récent rapport de Standard & Poor’s) pour un taux de change atteignant 35 000 livres pour un dollar en moyenne à fin 2022 et une inflation moyenne de 141 %. Le ratio dette/PIB reculerait dans des proportions très limitées pour afficher 193,4 % à fin 2022.

L’Institut de la finance internationale (IFI) a diffusé mercredi son dernier rapport sur le Liban, rédigé sous la houlette de son économiste en chef pour la zone MENA, Garbis Iradian, et publié avec un timing décalé de quelques mois par rapport à son calendrier habituel. L’IFI, qui rassemble plusieurs centaines de grandes banques dans le monde, affirme avoir dressé son évaluation de...

commentaires (3)

Quand on part de zéro, une croissance de 3%, de 50% de 100%, voire de infini % c’est pareil, c’est plus zéro…

Gros Gnon

19 h 51, le 11 mars 2022

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Commentaires (3)

  • Quand on part de zéro, une croissance de 3%, de 50% de 100%, voire de infini % c’est pareil, c’est plus zéro…

    Gros Gnon

    19 h 51, le 11 mars 2022

  • Thank you for the informative article. With the way things are going though he less optimistic scenario seems more likely.

    Kammoun Hilda

    11 h 16, le 11 mars 2022

  • ILS SONT PAS DROLES CES MECS ? PREVISIONS OPTIMISTES BASEES SUR ..... RIEN MOINS QUE DES VOEUX PIEUX.... PREVISIONS BASEES SUR DES REALISATIONS IMPOSSIBLE A APPLIQUER.

    Gaby SIOUFI

    10 h 46, le 11 mars 2022

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