Rechercher
Rechercher

Économie - Liban / FMI

Pour Saadé Chami, l’État est responsable, mais ses moyens sont « limités »

Le vice-Premier ministre estime qu’un accord avant les élections de mai reste possible, si l’exécutif et le législatif « unissent leurs efforts ».

Pour Saadé Chami, l’État est responsable, mais ses moyens sont « limités »

Le vice-Premier ministre Saadé Chami (2e en partant de gauche) s’exprimant hier à l’occasion d’une table ronde organisée au Conseil économique et social. Photo P.H.B.

Une semaine après le départ de la délégation du Fonds monétaire international (FMI), en visite éclair à Beyrouth en même temps que celle dépêchée par le Trésor américain, le flou règne toujours au sujet de l’état d’avancée des discussions entre le Liban et l’organisation internationale, sollicitée depuis 2020 pour financer une sortie de crise. C’est le moment choisi par le chef de l’équipe de négociateurs désignés par le gouvernement pour s’entretenir avec le FMI, le vice-Premier ministre Saadé Chami, lui-même un ancien de l’organisation, pour communiquer sur le dossier à l’occasion d’une table ronde organisée au Conseil économique et social (CES), à Beyrouth.

Les représentants de plusieurs organisations professionnelles (commerçants, hommes d’affaires, assureurs, etc.) et syndicales étaient présents pour adresser leurs réclamations et autres craintes concernant le déroulement des discussions jusqu’à présent, comme le contenu du projet de budget de 2022, actuellement étudié en commission. Comme l’a résumé le président du CES Charles Arbid, lors du point de presse clôturant la table ronde, les échanges ont porté sur les problématiques liées au taux de change, aux restrictions bancaires, ou encore à la répartition des pertes financières du pays, cumulées par l’État, la Banque du Liban (BDL) et le secteur bancaire. Autant de sujets étant au cœur du plan de redressement que le Liban doit préparer et que le FMI doit valider en amont d’un éventuel déblocage d’une assistance financière.

Face à certaines voix réclamant que l’État assume l’essentiel de ces pertes en raison de sa responsabilité dans la crise actuelle, à l’image de celle du président des organismes économiques, l’ancien ministre Mohammad Choucair, ou le président de l’Association des commerçants de Beyrouth, Nicolas Chammas, Saadé Chami assure ne pas chercher à remettre en question la pleine responsabilité de l’État dans la crise actuelle, mais il a néanmoins souligné que les moyens à la disposition de ce dernier pour assumer les pertes étaient limités, assez en tout cas pour ne pas éviter aux autres contributeurs identifiés – BDL, banques et déposants – de mettre la main à la poche.

Un endettement soutenable

« La participation de l’État est limitée par la nécessité de maintenir son endettement à un niveau soutenable », avait-il déclaré un peu plus tôt pendant l’échange, expliquant qu’il y avait une limite à la quantité de titres de dette qu’il pouvait émettre pour absorber une partie des pertes. Soulignant la gravité de la situation, le haut responsable a ajouté qu’il n’y avait « pas de plan idéal ( …) qui puisse satisfaire tout le monde » et que les dépôts bancaires ne seront pas reconstitués à leur valeur « d’avant ». De fait, ceux-ci ont déjà été rabotés par plus de deux ans de décote forcée par la combinaison des restrictions bancaires sur l’accès aux comptes en devises, l’effondrement de la livre et la coexistence aménagée, voire encouragée par la BDL de plusieurs taux de change. Au début de l’année, des extraits du plan de redressement préparé par la partie libanaise avait privilégié de « lirifier » (convertir en livres) une partie des 104 milliards de dépôts en devises comptabilisés à fin septembre dernier. Saadé Chami a insisté sur le fait que toute répartition des pertes devrait respecter plusieurs principes, dont celui de la hiérarchisation des contributeurs – les déposants devant être ponctionnés en dernière instance – ou encore le respect des standards internationaux en matière de transparence.

Lire aussi

Saadé Chami, l’énigmatique ministre chargé de négocier avec le FMI

Sur le montant des pertes, Saadé Chami a souligné que les 69 milliards arrêtés il y a quelques mois avaient augmenté depuis, évoquant une fourchette approximative allant entre « 70 et 72 milliards de dollars ». Il a ajouté que la restructuration du secteur bancaire passerait forcément par une réduction de sa taille, et que le processus devrait passer par le vote d’une loi cohérente de résolution bancaire. Concernant l’avancée des négociations avec le FMI, le haut responsable a assuré que « les choses allaient dans la bonne direction ». « Nous ne sommes toujours pas arrivés au résultat final, en revanche cela pourrait se passer au cours des prochaines semaines, à condition que le législatif et l’exécutif unissent leurs efforts », a-t-il ajouté. Il a de plus réfuté le fait que le FMI avait rejeté le plan de redressement présenté, comme certains bruits de couloirs le laissent entendre depuis février. « Les négociations se poursuivent. Compte tenu de la complexité de la crise libanaise, les discussions prennent du temps », a-t-il insisté.

Saadé Chami est enfin revenu pêle-mêle sur les réformes attendues par le FMI, citant notamment l’adoption d’une loi de contrôle des capitaux – jointe à celle de résolution bancaire – ainsi qu’une autre « modifiant voire supprimant » le secret bancaire. L’adoption d’un budget pour 2022, mais également d’une politique financière viable à moyen terme font également partie des prérequis. « Une crise de cette ampleur nécessite des solutions compliquées, les solutions à prendre sont douloureuses. Plus ces décisions sont prises rapidement et moins douloureuses elles seront. Il faut que ces mesures soient adoptées le plus tôt possible » a-t-il conclu.

Une semaine après le départ de la délégation du Fonds monétaire international (FMI), en visite éclair à Beyrouth en même temps que celle dépêchée par le Trésor américain, le flou règne toujours au sujet de l’état d’avancée des discussions entre le Liban et l’organisation internationale, sollicitée depuis 2020 pour financer une sortie de crise. C’est le moment choisi par...

commentaires (5)

Mais de quel État parle ce monsieur? La république libanaise n’existe plus que sur le papier et si ce monsieur pense représenter quelque chose, il se fourre un doigt dans les deux yeux. Allez réclamer l’argent à ceux de vos confrères qui ont volé l’argent public pas à ceux qui ont travaillé honnêtement toute .dur vie pour se constituer une modeste épargne. Si le FMI accepte un plan qui ponctionne les simples déposants alors ce FMI est aussi gangster et voleur que tous nos dirigeants politiques

Lecteur excédé par la censure

19 h 48, le 10 mars 2022

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Mais de quel État parle ce monsieur? La république libanaise n’existe plus que sur le papier et si ce monsieur pense représenter quelque chose, il se fourre un doigt dans les deux yeux. Allez réclamer l’argent à ceux de vos confrères qui ont volé l’argent public pas à ceux qui ont travaillé honnêtement toute .dur vie pour se constituer une modeste épargne. Si le FMI accepte un plan qui ponctionne les simples déposants alors ce FMI est aussi gangster et voleur que tous nos dirigeants politiques

    Lecteur excédé par la censure

    19 h 48, le 10 mars 2022

  • chami saade c'est qui lui pour OSER mettre dans la balance les sous des deposants dans la meme balance que les autres acteurs , du a des echecs demultiplies ? de quel droit il se permet cette idiotie ?

    Gaby SIOUFI

    15 h 12, le 10 mars 2022

  • " L'ETAT EST PLEINEMENT RESPONSABLE" admet officiellement le VP du Conseil des ministres, mais "il a des moyens limites pour assumer les pertes". Ceci est un AVEU, on ne peut plus clair, de responsabilite juridique! Passons alors a la 2eme etape: l'Etat a des representants au niveau de l'Executif et du Legislatif qui ont pris, depuis des dizaines d'annees et jusqu'a aujourd'hui, les decisions catastrophiques en tout genre qui ont ruine le pays. Ce sont eux et leurs nombreux complices a tous les niveaux qu'il faut aller chercher en toute vitesse pour le remboursement des dettes de cet Etat-voyou. Leurs biens devraient etre immediatenent geles par la communaute internationale comme cela a ete fait avec succes et a la vitesse de la lumiere pour les oligarques russes. Appel a l'ordre des avocats et aux ordres des medecins et des ingenieurs, aujourd'hui mobilises pour la bonne cause, pour travailler en ce sens! Citoyen volé

    Citoyen volé

    13 h 31, le 10 mars 2022

  • Alors si l'on comprend bien, le principe adopté est que si une organisation est surendettée, en cessation de paiement, et a donc peu de moyens pour s'endetter plus, la solution serait de faire rembourser ses dettes par 'd'autres contributeurs' ?? Et le FMI va gober ça?! C'est de l'hérésie.

    Barbara Daoud

    10 h 19, le 10 mars 2022

  • En clair, M (Antoun) Saade Chami n'a rien de plus a offrir que ce que sa canaille politichienne et les crapules bancaires proposent : Haircut et lirification pour faire payer les epargnants. Point a la ligne. Le tout enrobe d'un pseudo jargon economique. Circulez, y'a rien a voir, dans la droite ligne fascisante du PPS.

    Michel Trad

    10 h 06, le 10 mars 2022

Retour en haut