Voilà le grand jour et l’heure de vérité, c’est mon premier rendez-vous avec cette créature de rêve. Je jubile, je suis surexcité, tous mes voyants sont au rouge, je suis exalté, mais inquiet tout de même, j’ai peur, elle est libanaise, mais avec une particularité très rare, son nom et son prénom ne permettent pas de définir sa religion.
J’ai la pétoche, oh Marie ! aide-moi à lui expliquer si nécessaire qu’il n’y a pas trente-six façons d’être libanais, mais une seule, celle d’aimer et respecter son pays avec son histoire, ses citoyens, ses confessions, ses églises, ses mosquées, ses synagogues, ses monuments, ses cèdres et ses saints.
J’ai peur, elle va forcément défendre sa confession et son zaïm, et se présenter comme victime des autres Libanais. Ce n’est pas grave, je lui démontrerai qu’il ne faut pas rester plongé dans cette naïveté déconcertante en gardant une loyauté idiote pour certains leaders bandits de grand chemin, sinon tous nos dirigeants au pouvoir et leurs parrains étrangers finiront comme d’habitude par renvoyer leurs désaccords aux calendes grecques et nous par réélire leurs vieux singes ou leurs rejetons.
J’ai la trouille qu’elle se comporte comme beaucoup de bobos libanais et qu’elle se mette à bla-blater de grands discours bidons sur les conflits Russie/Ukraine ou Iran/Arabie ou Israël/Palestine, ou... Là, je la stopperai net pour lui suggérer qu’il n’y a qu’une seule cause urgente pour nous, celle de sauver le Liban et le sortir de son cauchemar et son naufrage programmé, il est encore temps, mais pas pour longtemps.J’ai le cœur qui pétille, mais advienne que pourra. Mon cœur abrite mon amour pour ma famille, mes amis, le Liban, les abbayes, le chocolat et le vin libanais, mais il reste encore une place assise ou couchée pour d’autres amours et surtout pour une fée belle, rebelle et intelligente. Alors j’irai la retrouver demain, je lui sortirai le grand jeu, « je lui dirai des mots bleus, des mots qu’on dit avec les yeux » et je lui chanterai comme d’habitude, la femme est l’avenir de l’homme.
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