Rechercher
Rechercher

Économie - Impact de la Guerre en Ukraine

Au Liban, le mécanisme de fixation des prix des carburants à l’épreuve de l’affolement des cours

Le ministère de l’Énergie pourrait modifier dès aujourd’hui les modalités et la fréquence des ajustements des prix en dollars de l’essence et du mazout.

Au Liban, le mécanisme de fixation des prix des carburants à l’épreuve de l’affolement des cours

Sur fond de hausse brutale des cours mondiaux suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les sociétés libanaises importatrices de pétrole militent pour une modification du mécanisme de fixation des prix en dollars de l’essence et du mazout. Photo João Sousa

L’Ukraine en guerre a continué d’affoler les cours des matières premières sur les marchés mondiaux hier, avec un nouveau cap dépassé par les barils de Brent et de WTI (110 dollars à la mi-journée, un plus haut en 7 ans) et des records absolus battus pour le gaz européen (194,715 euros le mégawattheure) ou l’aluminium (3 552 dollars la tonne).

La hausse brusque des cours du pétrole (entre 15 et 20 dollars de hausse en quelques jours toutes catégories confondues), combinée aux perturbations du trafic maritime entre la mer Noire et la Méditerranée, a poussé les sociétés importatrices de pétrole locales à militer pour une modification du mécanisme de fixation des prix en dollars de l’essence et du mazout. Une démarche qui pourrait aboutir d’ici à vendredi.

Selon nos informations confirmées par trois sources, dont une au ministère de l’Énergie et de l’Eau chargé de mettre à jours ces tarifs, une réunion a eu lieu hier entre la direction du pétrole rattachée au ministère et les membres de l’Association des sociétés importatrices (APIC). « L’association a proposé une nouvelle méthodologie pour fixer les prix qui soit plus adaptée à la fébrilité actuelle du marché. Le but étant que les sociétés, mais aussi le ministère qui importe du carburant via la direction des installations pétrolières, ne revendent pas leur produit à perte tout en continuant d’approvisionner le marché de façon régulière », explique une des sources.

La nouvelle formule proposée

Les prix en livres de l’essence et du mazout vendus aux consommateurs libanais sont modifiés en fonction de deux paramètres principaux. Le premier est le taux dollar/livre applicable, qui peut être modulé quotidiennement en cas de variations importantes et qui dépend du taux auquel la Banque du Liban accepte de vendre 85 % des dollars facturés aux importateurs et du taux du marché pour les 15 % restants que ces derniers doivent eux-mêmes trouver. Le second est l’indice de la société S&P Global Platt, qui mesure la moyenne des cours en dollars du pétrole sur plusieurs semaines et qui est ajusté tous les mardis.Or les importateurs considèrent que la fréquence à laquelle ce second paramètre est ajusté crée une importante distorsion avec la réalité du marché, instable dans ce contexte de forte hausse des cours. « Une fois publiée, la nouvelle valeur de l’indice est rapidement dépassée par l’évolution du marché, et les coûts à engager pour remplacer les stocks deviennent exorbitants de jour en jour », confirme la seconde source, ajoutant que ce point-là ne représente qu’une partie du problème. « Environ un tiers du carburant importé au Liban vient de la mer Noire. Or la perturbation du trafic maritime met les importateurs face à un dilemme: subir la baisse des quantités qu’ils peuvent importer via leurs circuits habituels ou combler le manque via des commandes de spot-cargo, qui sont généralement plus chères », explique-t-elle encore.

Lire aussi

Le prix du kWh des générateurs en baisse, ceux de l’essence et du mazout en hausse

La nouvelle formule préparée par l’APIC vise ainsi à proposer une alternative adaptée à la situation actuelle, en attendant une normalisation de la situation sur les marchés mondiaux. Les sources contactées n’ont pas pu indiquer quand le ministère comptait prendre sa décision, sans écarter la possibilité qu’il puisse le faire cette semaine, voire dès aujourd’hui, selon une des sources contactées. Le ministère n’avait, lui, pas encore communiqué sur le sujet hier soir.

Ces tractations interviennent alors que le syndicat des propriétaires de stations-service a accusé en début de semaine les importateurs de limiter les quantités de carburant livrées, voire de les suspendre certains jours de la semaine, en attendant la mise à jour du S&P Global Platt.

Bonbonnes de gaz a priori non concernées

Enfin, le système de modification du prix des bonbonnes de gaz, qui suit un mécanisme similaire à celui de l’essence et du mazout, ne devrait pas être modifié, selon le président du syndicat des distributeurs de ce type de produit, Jean Hatem. « D’une part, la demande de bonbonnes de gaz au Liban est plus élastique, au contraire de celle d’essence et surtout de mazout, ce qui permet de moduler la distribution sans risque de pénurie immédiate. D’autre part, les sociétés importatrices de gaz au Liban se fournissent en Algérie et en Grèce. Elles ne sont pas donc affectées par ce qui se passe du côté de la mer Noire », explique-t-il.

Lire aussi

Les propriétaires des stations-service dénoncent « une pénurie qui n’existe pas »

En deux ans et demi d’une crise marquée par des restrictions bancaires et un effondrement de la monnaie nationale, le Liban a connu des pénuries ponctuelles d’essence et de mazout, dont les prix étaient longtemps subventionnés par la Banque du Liban, et dans des proportions plus importantes qu’aujourd’hui. Depuis mardi, le prix des 20 litres d’essence à 95 octane est passé à 369 000 livres (+7 000 livres), contre 379 000 livres pour l’essence à 98 octane (+8 000 livres). Le prix du bidon de diesel utilisé a augmenté de 3 000 livres et s’élevait hier à 334 000 livres, tandis que la bonbonne de gaz se vend à 273 000 livres (-3 000 livres). Quant au prix du kilolitre de mazout, il a augmenté de 14 dollars, passant de 743 à 757 dollars.

L’Ukraine en guerre a continué d’affoler les cours des matières premières sur les marchés mondiaux hier, avec un nouveau cap dépassé par les barils de Brent et de WTI (110 dollars à la mi-journée, un plus haut en 7 ans) et des records absolus battus pour le gaz européen (194,715 euros le mégawattheure) ou l’aluminium (3 552 dollars la tonne).La hausse brusque des cours du...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut