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Économie - Conjoncture

S&P croit en une légère reprise de la croissance libanaise en 2022

L’agence de notation financière table sur un taux de change moyen de 18 000 livres pour un dollar sur la période étudiée.

S&P croit en une légère reprise de la croissance libanaise en 2022

Standard & Poor’s (S&P) est l’une des trois principales agences internationales de notation avec Moody’s et Fitch. Emmanuel Dunand/AFP

Les rapports des agences de notation financières évaluant la solvabilité du Liban sont moins suivis depuis que le pays a fait défaut sur ses titres de dette en devises en mars 2020, reléguant donc les notations souveraines du pays vers les échelons réservés aux mauvais payeurs et entités en faillite. Cela n’empêche pas cependant ces sociétés de continuer à surveiller l’évolution de la conjoncture libanaise dans le cadre de tours d’horizon annuels.

Un exercice de routine complété en ce début de semaine par Standard & Poor’s (S&P), l’une des trois principales agences internationales de notation avec Moody’s et Fitch. Dans son rapport global publié lundi soir, S&P s’attend à ce que le PIB libanais renoue avec la croissance en 2022, avec un petit pas en avant de l’ordre de 1 %. Un pronostic affiché alors que ni la Banque mondiale (BM), dans son Lebanon Economic Monitor publié en janvier, ni le Fonds monétaire international (FMI), qui avait mis à jour ses prévisions quelques mois plus tôt, ne se sont risqués à miser sur une évolution du PIB sur le même exercice, compte tenu du nombre important d’inconnues qui subsistent. S&P table aussi sur une croissance annuelle de 1,4 % entre 2023 et 2025. Par ailleurs, dans le préambule de l’avant-projet de budget de 2022 – qui a depuis été envoyé au Parlement –, le gouvernement de Nagib Mikati, lui, indique miser sur une croissance de 3 % pour cette année.

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L’évolution du PIB dépend en effet en grande partie de l’issue des discussions officielles lancées entre les dirigeants libanais et le FMI, sollicité depuis mai 2020 pour débloquer une assistance financière en échange de la mise en œuvre de réformes critiques : rééquilibrage budgétaire, restructuration financière, refonte du secteur de l’électricité, etc. Le passif de la classe dirigeante en matière de promesses de réformes non tenues et le risque d’un nouvel épisode de blocage institutionnel soulevé par le calendrier – les législatives sont programmées en mai prochain – renforcent le degré d’incertitude, comme l’a récemment souligné Bank of America dans une note à l’attention de ses clients. Un sentiment accentué par le fait que ces mêmes dirigeants ont laissé la crise empirer au point de devenir une des pires de l’histoire contemporaine. Selon la Banque mondiale, le PIB nominal (en tenant compte de l’effet de l’inflation), qui est passé de 52 milliards de dollars fin 2019 à 21,8 milliards fin 2021, soit une baisse de 58,1 %, place la contraction du Liban sur cette période au premier rang de 193 pays. La dépréciation de la livre libanaise, qui a perdu plus de 90 % de sa valeur, et les restrictions bancaires mises en place au détriment des droits de nombreux déposants viennent un peu plus alourdir la balance.

Restructuration de la dette après les législatives

Ces nombreuses zones d’ombre ne sont pas occultées par S&P, qui les aborde également dans son analyse. L’agence met néanmoins en avant les « progrès » affichés dans les discussions entre le FMI et les négociateurs libanais lors de la première session de réunions, tenues virtuellement du 24 janvier au 11 février. Elle ajoute qu’au-delà du déblocage d’une aide en dollars, un accord avec le FMI aura pour effet indirect de concrétiser des promesses d’aides et d’investissements de la part de soutiens du Liban – États et organisations internationales principalement – à même de mettre le pays sur la bonne voie. S&P s’attend enfin à ce que le processus de restructuration de la dette, et plus spécifiquement des 31 milliards de dollars d’eurobonds, s’enclenche après les élections. Un total détenu aux deux tiers par des investisseurs étrangers, selon Bank of America.

L’agence de notation financière table aussi sur un taux de change moyen de 18 000 livres pour un dollar sur la période étudiée, tout en restant prudente, compte tenu des incertitudes qui demeurent à ce stade, et sous réserve que les autorités adoptent, dans le cadre des réformes, un « régime de change plus flexible » que celui faisant coexister plusieurs taux fixes comme c’est le cas actuellement. S&P mise également sur une baisse du déficit de la balance des paiements, liée à la baisse des importations causée par la pénurie de devises sur le marché, et la « résilience » concernant le niveau des transferts de fonds en provenance de la diaspora. La fonte du niveau des réserves de devises de la Banque du Liban contribuera cependant à maintenir la situation sous pression.

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S&P rappelle enfin qu’elle a attribué au Liban mi-2020 la note de SD (défaut sélectif) pour les titres de dettes libanais en devises à long terme, un niveau qui pourrait être relevé à « CCC » (risqué) ou dans les catégories basses des notes en « B » (spéculatif), une fois la restructuration de la dette en devises achevée et en fonction des capacités de rembourser ces montants. Pour les titres de dette en livres, les notations sont de « CC » pour ceux à long terme et « C » pour ceux à court terme, deux niveaux de notes situées dans la catégorie des obligations à risque. L’amélioration de ces notes dépend de la taille du financement que le Liban recevra de l’étranger et qui lui permettrait de lancer des réformes de façon immédiate. En revanche, S&P envisagerait de baisser ces notes au cas où le gouvernement déciderait de restructurer sa dette en livres en plus de celle en devises.

La publication de ce rapport a enfin coïncidé avec l’arrivée lundi de deux délégations venues de Washington. Une première envoyée par le FMI et dirigée par le chef de mission pour le Liban, Ernesto Ramirez-Rigo, a déjà visité dans le désordre depuis lundi le chef de l’État Michel Aoun, le Premier ministre Nagib Mikati ainsi que deux des négociateurs devant discuter avec l’organisation, à savoir le vice-président du Conseil Saadé Chami et le ministre de l’Économie et du Commerce Amine Salam. Rien n’a filtré sur le détail de ces réunions ni sur le contenu de celles auxquelles a participé la seconde délégation, envoyée celle-ci par le Trésor US et qui a déjà rencontré Michel Aoun, le président du Parlement Nabih Berry, Nagib Mikati, ainsi que le ministre de l’Intérieur et des Municipalités Bassam Maoulaoui.

Les rapports des agences de notation financières évaluant la solvabilité du Liban sont moins suivis depuis que le pays a fait défaut sur ses titres de dette en devises en mars 2020, reléguant donc les notations souveraines du pays vers les échelons réservés aux mauvais payeurs et entités en faillite. Cela n’empêche pas cependant ces sociétés de continuer à surveiller l’évolution...

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Some light at the end of the tunnel.

Kammoun Hilda

08 h 56, le 02 mars 2022

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  • Some light at the end of the tunnel.

    Kammoun Hilda

    08 h 56, le 02 mars 2022

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