Le Premier ministre libanais Nagib Mikati a exprimé mardi sa "crainte d'une faible participation" des sunnites aux élections législatives du 15 mai, tout en réitérant sa volonté de ne pas se présenter au scrutin pour le moment, selon des propos rapportés par le quotidien local al-Akhbar.
"Jusqu'à maintenant, mon choix est de ne pas être candidat", a déclaré le chef du gouvernement libanais. "Je réfléchis toujours à ma décision finale, avec un fort penchant pour le fait de ne pas me présenter", a poursuivi M. Mikati avant d'affirmer que son choix n'a "aucun rapport" avec le récent retrait de Saad Hariri de la scène politique libanaise.
Fin janvier, le Premier ministre avait déjà affirmé qu'il n'appellerait pas à un boycott sunnite des élections, après le retrait du leader sunnite de la vie politique. "J'ai plusieurs fois exhorté les gens à voter, en refusant le boycott de la communauté sunnite", rappelle-t-il. "Seulement, je crains une faible participation de leur part." Nagib Mikati a assuré ensuite que le courant qu'il représente, al-Azm, "participera" aux élections, insistant sur le fait qu'un boycott "serait inacceptable, quelle que soit la raison."
15 millions de dollars nécessaires
Alors que des doutes planent sur la tenue du scrutin et sur son éventuel report, le Premier ministre a une nouvelle fois assuré que "les élections seront tenues en temps et en heure", affirmant que "le gouvernement est sur le point de finir toute l'organisation du scrutin." Quant aux moyens financiers, "nous avons économisé les fonds nécessaires", déclare Nagib Mikati.
Alors qu'une séance du Conseil des ministres doit se tenir mardi à 15 heures, Nagib Mikati a promis que "lors de cette séance, une décision sera prise en ce qui concerne les dépenses nécessaires pour les élections". "Nous considérons avoir besoin de 15 millions de dollars pour la tenue des élections, au Liban et hors du Liban. Un tiers de ce montant a été réuni", détaille le Premier ministre avant d'affirmer que le reste pourra être fourni par le Trésor "sans difficulté".
Le ministre de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a abondé dans le sens du Premier ministre. "Nous avons fait toutes les préparations nécessaires au scrutin, car pour nous il est impossible de le reporter", a-t-il déclaré mardi aux médias locaux. Il affirme également avoir "confié une note au Conseil des ministres contenant tous les crédits nécessaires" à la tenue des élections. Il a confirmé que la question avait été placée à l'ordre du jour de la réunion du Conseil des ministres prévue mardi après-midi. Le ministre de l'Intérieur a également appelé la "communauté internationale" à aider le Liban à obtenir des fonds pour la tenue des élections, "sans porter atteinte à sa souveraineté", a-t-il toutefois précisé.
Nagib Mikati a présidé une réunion au Grand Sérail de Beyrouth avant celle du Conseil des ministres, présence du ministre de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib et des Finances, Youssef Khalil. Cette réunion a porté sur la tenue des élections législatives.
Les législatives prochaines sont vues par nombre de Libanais comme une opportunité de changer la scène politique, alors que le pays du Cèdre traverse la pire crise économique de son histoire moderne.
En France, les élections législatives coûtent environ 150 millions d'euros. Dont 57 millions de mise sous pli et envoi par la poste des programmes et bulletins. Et 15 millions pour les indemnités versées aux fonctionnaires qui aident dans les bureaux. Pour une population 11 fois plus petite, et si on enlève les frais de poste et les indemnités de personnel, les elections au Liban et à l'étranger ne devraient pas coûter plus de 5 millions de dollars. Peut on connaître le détail de ces 15 millions de dollars annoncés? Merci de votre enquête à ce sujet
16 h 35, le 15 février 2022