Les grues géantes du port de Beyrouth. Photo P.H.B.
Lancé en novembre, l’appel d’offres remettant en jeu la gestion du terminal conteneur du port de Beyrouth – le quai aux 16 grues géantes équipées pour accueillir la plupart des navires – devrait rendre son verdict la semaine prochaine, selon plusieurs sources bien informées.
Seuls deux candidats ont déposé des offres à l’issue de cette procédure : le transporteur et logisticien français CMA CGM, dirigé par le Franco-Libanais Rodolphe Saadé, et l’émirati Gulftainer associé à l’entrepreneur libanais Antoine E. Amatoury. Et ce bien que le délai accordé ait été prolongé le 11 janvier dernier jusqu’à la fin de ce même mois afin de justement permettre à un plus grand nombre de candidats de se manifester. Les sources précisent que le comité temporaire de gestion et d’exploitation du port de Beyrouth (GEPB) a passé en revue le volet technique des deux offres en attendant l’ouverture décisive des plis financiers.
Certaines questions concernant le dénouement de la procédure avec seulement deux offrants ont animé les débats en coulisses cette semaine. En vertu de son règlement financier (article n° 117), GEPB était en effet en position de choisir de relancer l’appel d’offres, de négocier directement avec le meilleur des deux offrants ou, dans le cas où aucune des offres ne serait jugée acceptable, de suivre le processus de surenchère en trois rounds prévus par son règlement (article n° 119). « Concernant la décision de lancer ou non un nouvel appel d’offres, le choix devait être guidé par la considération suivante : est-ce que faire traîner plus longtemps l’attribution du marché public en relançant l’appel d’offres allait coûter plus ou moins cher au port que de se suffire de ces deux offres, même si ce nombre n’est pas optimal pour garantir le meilleur prix possible pour la prestation en jeu », a expliqué à L’Orient-Le Jour une source gouvernementale.
Le dénouement de cet appel d’offres met fin en tout cas à un feuilleton entamé début 2020, avec un appel à manifestation d’intérêts qui avait mobilisé cinq offrants potentiels, dont les deux candidats actuels, CMA CGM étant alors associé à l’italo-suisse MSC (Mediterranean Shipping Company). Le contrat de Beirut Container Terminal Consortium (640 emplois en comptant les sous-traitants) venait alors d’arriver à échéance et avait été formellement prolongé une fois pour une période de trois mois. À l’issue de cette période, l’opérateur est resté en place. Entre-temps, ses revenus ont été fortement impactés par la crise, la dépréciation de la livre et la destruction partielle de la zone portuaire, le 4 août 2020.
Les deux candidats à l’appel d’offres sont également très impliqués dans l’activité portuaire du pays. Plus gros client du port de Beyrouth, CMA CGM a beaucoup investi au Liban ces dernières années. Le groupe a notamment installé son siège régional à Beyrouth, il a construit un port sec dans la Békaa et racheté les parts de la filiale libanaise de… Gulftainer dans le port de Tripoli, le second du pays et seul, avec celui de la capitale, à être équipé de grues géantes. Antoine E. Amatoury – cette fois en partenariat du syndicat des entrepreneurs de travaux publics – et CMA CGM avaient également manifesté courant 2021 leurs intérêts respectifs à prendre en charge la reconstruction de la zone portuaire.
