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Nos Lecteurs ont la Parole

Les dessous des affaires au-delà de l’enfer

Les dessous des affaires au-delà de l’enfer

Photographie originale extraite du livre « Les enfants la guerre, Liban 1985-1992 » par Samer Mohdad, de la série Beyrouth en feu.

Alors que les grands manitous de notre monde sont en train de se partager les ressources naturelles de la terre, nos héros nationaux continuent à chercher des manières pour escroquer davantage la communauté internationale et écraser encore plus leur peuple.

Le Liban contemporain a été dans son histoire un carrefour pour le blanchiment d’argent. Cela était le cas durant la guerre civile et cela s’est poursuivi après. L’accession au pouvoir de Hariri, homme d’affaires reconverti dans la politique, a permis de renforcer cette caractéristique libanaise.

À la fin des années 1980, le jeu sur le taux de change entre la livre libanaise et le dollar américain battait son plein, pour blanchir l’argent sale des organisations criminelles au niveau régional et se faire une fortune sur le dos d’un peuple écrasé par la déprime et la peur de la guerre entre les chefs de clan pour le contrôle du pouvoir.

La soi-disant deuxième indépendance du Liban en 2005, symbolisée par l’évacuation des troupes syriennes et la passation de la tyrannie des forces armées syriennes à celles du Hezbollah, n’a pas vraiment changé la donne. Aoun et Geagea sont de retour sur la scène politique. Arrivant avec un retard de quinze ans, ils sont avides de rattraper le retard dans le partage du gâteau, servi par le chef pâtissier Riad Salamé, l’artisan derrière la fabrication des sucreries destinées à gaver les chefs qui dominent le pays depuis la sortie de la guerre civile. Alors commence la deuxième vague de blanchiment et détournement de fonds pour remplir le ventre vide des derniers arrivants vacillant sous le poids des dettes. Cette fois-ci l’opération se déroule avec l’argent des aides internationales au Liban suite à la guerre de 2006 et les combats du Hezbollah contre les autres forces libanaises du clan adversaire en 2008. Une fois cette source épuisée et mieux contrôlée suite aux scandales de détournement de ces aides pour servir les causes intimes des organisations régnantes, le grand architecte du système financier libanais s’est tourné vers l’argent des dépositaires confié aux banquiers libanais.

Durant des années, cette pratique s’est réalisée pour enrichir les derniers arrivants dans le jeu et a aussi consolidé la fortune des autres chefs de clan, jouant sur la peur du retour vers l’État de la guerre civile. Entre-temps, les criminels de guerre sont devenus légitimement des élus du peuple selon une démocratie illusoire mise en place pour plaire aux grands manitous du monde.

Cette escroquerie a bien fonctionné tant qu’il y avait des liquidités sur le marché, injectées par les émigrés et autres grandes fortunes du monde attirées par un taux d’intérêt démesuré. Le brassage de toutes ces sommes énormes servait à couvrir le blanchiment d’argent produit par des affaires illicites menées par les hommes de main des chefs de clan, jusqu’au jour où le grand architecte des finances se serait senti trahi par le Hezbollah. Ce dernier avait-il rompu sa promesse de l’aider à s’octroyer la plus haute place dans la pyramide, le siège de la présidence ?

Pour se venger, Salamé aurait donc donné à l’establishment américain les deux banques qui s’occupaient de blanchir l’argent du Hezbollah, la Lebanese Canadian Bank en 2017 et Jammal Trust Bank en 2019.

Ainsi, Salamé et ses alliés dans le crime organisé pensaient faire d’une pierre deux coups en fermant ce circuit de blanchiment d’argent et en mettant en péril le mandat de Aoun, l’amenant dans une bataille perdue d’avance sur une terre brûlée. Et depuis septembre 2019 le système bancaire au Liban a été bloqué.

Il est clair que le jour où le gouverneur de la BDL actuel tombera, il fera tomber avec lui toute la classe politique libanaise, ainsi que des propriétaires de banques et de hauts fonctionnaires, pas seulement au Liban, mais aussi en France et ailleurs dans le monde.

Et si le Liban n’avait besoin de l’aide de personne, ni de la Banque mondiale, ni du FMI, ni même des pays du Golfe ? Il suffirait peut-être de bloquer les comptes des profiteurs de la grande escroquerie.

Nous nous trouvons dans un cas de justice simple : un crime a été commis et on connaît les criminels. La justice internationale ne devrait-elle pas saisir les fortunes et les biens immobiliers de ces criminels ? Les sommes récoltées seraient ainsi déposées dans un fonds international qui pourrait être sous le contrôle de la Banque mondiale, en attendant de créer une seule et unique banque au Liban, qui appartiendrait aux dépositaires. Ces derniers seraient alors amenés à élire un conseil de direction et un conseil exécutif de cette banque, des personnes honnêtes n’ayant pas d’appartenances ou d’affaires courantes ou passées avec les organisations criminelles qui règnent au Liban depuis la fin des années 1960.

Cette banque du Liban propre réinjectera les sommes colossales récoltées dans l’économie et redonnera immédiatement accès à leur argent aux dépositaires, sans aucune restriction. Non, cela n’est pas une utopie. Il faudrait agir immédiatement en soutenant massivement les actions en justice qui sont menées en France, en Suisse, au Luxembourg et ailleurs, contre X au Liban pour blanchiment d’argent et association de malfaiteurs.

Il ne faudrait pas craindre que les banques libanaises subissent le même sort que la Lebanese Canadian Bank et Jammal Trust Bank. Au contraire, cela mènerait à un « reset » total de l’économie libanaise et les dépositaires ainsi que les employés des banques actuelles, grands, moyens ou petits retrouveraient leur argent et leur emploi. Les grands mafieux criminels paieraient le prix, y compris les collaborateurs des pays étrangers.

Nous n’avons pas à choisir entre la mainmise de l’Iran ou celle des pays du Golfe ou celle des Américains. Nous devons regarder nos intérêts en faisant les choix qui conviennent avant tout au Liban et en finir avec l’ère de dominance des hommes d’affaires illicites, qui œuvrent en toute impunité pour le compte des grands manitous de ce monde.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Alors que les grands manitous de notre monde sont en train de se partager les ressources naturelles de la terre, nos héros nationaux continuent à chercher des manières pour escroquer davantage la communauté internationale et écraser encore plus leur peuple. Le Liban contemporain a été dans son histoire un carrefour pour le blanchiment d’argent. Cela était le cas durant la...

commentaires (1)

oui c'est bien ca la solution : un pays etranger, un consortium etranger , l'ONU ? mais que diable feront ils s'agissant de la "CULTURE" ANTI CIVIQUE DES LIBANAIS KELLON ET AUTRES ?

Gaby SIOUFI

11 h 37, le 09 février 2022

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Commentaires (1)

  • oui c'est bien ca la solution : un pays etranger, un consortium etranger , l'ONU ? mais que diable feront ils s'agissant de la "CULTURE" ANTI CIVIQUE DES LIBANAIS KELLON ET AUTRES ?

    Gaby SIOUFI

    11 h 37, le 09 février 2022

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