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Politique - Législatives 2022

Au Metn, la bataille commence à prendre forme

L’écrasante majorité des partis chrétiens sont présents dans cette circonscription et préparent minutieusement leurs listes électorales.

Au Metn, la bataille commence à prendre forme

Un électeur libanais glissant un bulletin dans une urne lors des législatives de 2018. Joseph Eid/Photo d’archives/AFP

Le caza du Metn (Mont-Liban II) est la circonscription que tous les partis chrétiens majoritaires considèrent comme leur fief. C’est notamment le cas des Kataëb, mais aussi du Courant patriotique libre, du Parti syrien national social et du parti arménien Tachnag. Les Forces libanaises jouissent également d’une présence considérable au Metn, qui est aussi le bastion de Michel Murr, ex-député à la présence traditionnelle dans ce caza. Lors des législatives de mai, le Mont-Liban II sera donc, comme en 2018, le champ de bataille entre proches du pouvoir et opposants qui devraient se disputer huit sièges : quatre maronites, deux grecs-orthodoxes, un grec-catholique et un arménien-orthodoxe.


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Les yeux seront d’abord rivés sur le CPL. Principal parti au pouvoir, la formation fondée par le chef de l’État Michel Aoun avait fait, en 2018, front commun avec ses alliés traditionnels, à savoir le PSNS et le Tachnag. La liste alors baptisée « le Metn fort » est parvenue à obtenir 38 897 voix, raflant quatre sièges : un maronite (Ibrahim Kanaan), un grec-orthodoxe (Élias Bou Saab), un arménien-orthodoxe (Hagop Pakradounian) et un grec-catholique (Eddy Maalouf). En 2022, la donne semble un peu plus compliquée pour le courant aouniste. D’abord parce que le scrutin aura lieu cinq mois seulement avant l’expiration du mandat du président Aoun, en octobre prochain. Ensuite, car la bataille se déroule dans une région qui était l’un des épicentres du mouvement de contestation d’octobre 2019, principalement dirigé contre le camp de Baabda, notamment le CPL et son chef Gebran Bassil. L’on se souvient encore des milliers de Libanais (dont des partisans des FL et des Kataëb) qui bloquaient l’autoroute de Jal el-Dib pour manifester leur colère contre le pouvoir en place.Les aounistes se préparent donc lentement, mais sûrement pour la bataille. On s’attend à ce que Ibrahim Kanaan et Eddy Maalouf prennent part à la compétition à la faveur des résultats des primaires des élections aounistes internes tenues en novembre dernier. Élias Bou Saab devrait également faire partie de la liste parrainée par le CPL, à laquelle pourrait se joindre le PSNS.

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Le Tachnag et Michel Élias Murr

Les aounistes pourraient toutefois perdre l’appui de leur allié arménien traditionnel. Une impression que donne la présence de Hagop Pakradounian, secrétaire général du Tachnag, à la conférence de presse tenue la semaine dernière par l’ancien ministre Élias Murr. Ce dernier avait alors annoncé la candidature de son fils, Michel, à l’un des sièges grecs-orthodoxes de la circonscription. Si M. Murr a mis l’accent sur le caractère « historique et familial » du « partenariat avec le Tachnag », M. Pakradounian tient à tempérer. « Nous n’avons pas encore pris de décision définitive, ni au niveau des alliances électorales ni pour ce qui est des candidatures », déclare-t-il à L’Orient-Le Jour. Comment alors expliquer le geste arménien en direction d’Élias Murr et de son fils ? « Nous ne voulons pas voir fermées les maisons politiques traditionnelles », dit-il. « Nous ne voulons pas non plus faire du tort à nos alliés traditionnels, à savoir le CPL et le PSNS », ajoute-t-il, indiquant que son parti « voit que certains changements sont survenus au Metn ». Une façon de laisser la porte ouverte à un éventuel abandon de la formation aouniste, du fait de minutieux calculs électoraux.

Il reste que la candidature de Michel Élias Murr est en soi porteuse d’un message clair à tous les protagonistes présents sur la scène metniote : même après le décès de Michel Murr (le 31 janvier 2021), la famille compte poursuivre son action publique et politique. Un message que les aounistes devraient être les premiers à capter. Car, lors des élections de 2018, celui qui fut surnommé « le patriarche » du Metn a créé la surprise en formant une liste électorale (incomplète) baptisée « la fidélité metniote ». Une démarche qui s’était heurtée à plusieurs obstacles : Michel Murr s’était vu abandonné tant par le Tachnag que par l’homme d’affaires maronite Sarkis Sarkis. Ce dernier lui avait été « arraché » par le courant aouniste, mais n’avait pas été élu. En revanche, et avec 11 945 voix, « Abou Élias » a pu faire son entrée à l’hémicycle.

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Tout comme le CPL, le leader des FL, Samir Geagea, qui se présente comme un farouche opposant au pouvoir, avance lentement ses pions au Metn, où il affrontera aussi bien ses adversaires aounistes que les Kataëb de Samy Gemayel, avec qui les rapports sont en dents de scie. En 2018, les FL avaient parrainé une liste qui n’a pu séduire que 13 138 électeurs parmi les 92 446 votants. Cette liste, alors menée par l’homme d’affaires grec-catholique Michel Mecattaf, PDG du quotidien Nidaa el-Watan, avait obtenu un siège maronite, celui que Eddy Abillamaa occupe, avec 8 922 voix. Il s’agissait alors d’une première pour le parti de Samir Geagea. Fort de ce résultat, le leader chrétien a annoncé il y a une semaine la candidature de Melhem Riachi, ex-ministre de l’Information et artisan, avec Ibrahim Kanaan, de la « réconciliation interchrétienne » scellée par l’entente de Meerab, au siège grec-catholique du Metn. Quant à Razi Hajj, activiste et économiste, il brigue un siège maronite, comme il l’avait fait en 2018 aux côtés des FL. L’économiste avait alors été crédité de 1 018 votes préférentiels. Contacté par L’OLJ, M. Hajj explique qu’il avait pris part au mouvement de contestation de 2019 et qu’il est allié au parti de Samir Geagea pour donner une nouvelle dimension à son combat. « Nous sommes sûrs d’obtenir au moins un siège au Metn. Nous travaillons pour le second », dit-il, faisant savoir que les FL mèneront bataille côte à côte avec le Parti national libéral de Camille Dory Chamoun, tant au Metn qu’à Baabda. Une information que le PNL a confirmée dans un communiqué publié vendredi dernier. Il y a même annoncé la candidature de Rachid Khalil Abou Jaoudé à l’un des sièges maronites du Mont-Liban II.

Samy Gemayel sur ses terres

Du côté des Kataëb, Samy Gemayel est sur ses terres. Se voulant le fer de lance de l’opposition, le député qui a remporté le plus grand score en 2018 (13 968 voix) au Metn prépare minutieusement sa liste. « Dans cette circonscription, nous sommes les plus forts », déclare sans ambages Élias Hankache, actuel député du caza. « Nous sommes en bonne position dans toutes les circonscriptions où les opposants peuvent s’unir », ajoute-t-il, faisant état de contacts en cours autour de cet objectif.

Pour ce qui est des candidatures, on s’attend à ce que MM. Gemayel et Hankache (maronites) se lancent de nouveau dans la bataille. Mais le bureau politique du parti n’a pas encore pris de décision à ce sujet. De source informée, on apprend en outre que les Kataëb sont en contact avec Laury Haytayan, experte en hydrocarbures et qui fait partie du collectif « Taqaddom », et Ghassan Moukheiber, ex-député grec-orthodoxe qui avait claqué la porte du groupe parlementaire aouniste.

À l’image des Kataëb, plusieurs groupes de la société civile vont tenter de faire leur entrée dans l’hémicycle. Si en 2018, la liste Koullouna Watani n’a pas remporté la bataille (5 027 voix alors que le seuil d’éligibilité s’élevait à 11 300 voix), les factions et groupements issus de la thaoura veulent profiter du climat de colère populaire généralisé. « Nous voulons présenter aux électeurs une alternative sérieuse pour leur montrer que cette classe politique n’est pas indispensable », affirme à L’OLJ Salman Samaha, membre fondateur du groupe « Metniotes indépendants » qu’il présente comme « une plateforme qui veut fédérer toutes les forces du changement ». « Nous œuvrons pour la mise en place d’une liste complète », dit-il. Les noms de certains candidats potentiels commencent à circuler, dont Élie Yachoui, expert économique (maronite) et Nada Zaarour, ancienne présidente du Parti des verts (maronite) et candidate malheureuse au scrutin de 2018, une bataille qu’elle avait menée aux côtés des Kataëb.

Le caza du Metn (Mont-Liban II) est la circonscription que tous les partis chrétiens majoritaires considèrent comme leur fief. C’est notamment le cas des Kataëb, mais aussi du Courant patriotique libre, du Parti syrien national social et du parti arménien Tachnag. Les Forces libanaises jouissent également d’une présence considérable au Metn, qui est aussi le bastion de...

commentaires (6)

Déjà il faut se mobiliser pour voter et surtout voter utile. Il ne sert a rien de voter pour des gens qui n'ont pas la capacité de résister aux pressions dont ils seront victimes: Menaces de morts, d'accidents, d'agressions, etc... car elle si les souverains gagnent, et ils gagneront, le Hezbollah, PSNS, et leurs affidés reprendrons leur travail de sape et de potentiel assassinats. Ils auront besoin des partis traditionaux comme le PNL et surtout les FL. Les Kataeb ont malheureusement profité du système même s'ils se prétendent avec les manifestants d'Octobre. Personnellement tant que Sami sera a la tête de se parti, je ne puis leur faire confiance. S'est un affairiste comme son père. Voter utile, voter FL!

Pierre Hadjigeorgiou

09 h 22, le 08 février 2022

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Commentaires (6)

  • Déjà il faut se mobiliser pour voter et surtout voter utile. Il ne sert a rien de voter pour des gens qui n'ont pas la capacité de résister aux pressions dont ils seront victimes: Menaces de morts, d'accidents, d'agressions, etc... car elle si les souverains gagnent, et ils gagneront, le Hezbollah, PSNS, et leurs affidés reprendrons leur travail de sape et de potentiel assassinats. Ils auront besoin des partis traditionaux comme le PNL et surtout les FL. Les Kataeb ont malheureusement profité du système même s'ils se prétendent avec les manifestants d'Octobre. Personnellement tant que Sami sera a la tête de se parti, je ne puis leur faire confiance. S'est un affairiste comme son père. Voter utile, voter FL!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 22, le 08 février 2022

  • Ne votez pas CPL.

    Eleni Caridopoulou

    19 h 21, le 07 février 2022

  • Autant j’encourage les nouveaux candidats à se présenter, autant je peux concevoir que des députés qui ont démissionné pour se démarquer se représentent, autant je vomis les députés sortants qui ont le culot de se représenter. Beurk!

    Gros Gnon

    13 h 44, le 07 février 2022

  • Ne vous fatiguez pas, et ne faites pas d’illusions. Le moutons vont voter pareil. Bê bêê.

    Gros Gnon

    13 h 16, le 07 février 2022

  • Si les citoyens votant ne sont pas assez conscients de la nécessité d'un changement radical vers une nouvelle classe honnête, impartiale, courageuse et compétente, ils ne peuvent plus se plaindre dans les rues.

    Citoyen

    11 h 15, le 07 février 2022

  • Le titre de l’article pourrait être: où vont aller les 38.897 voix aounistes de 2018 ? Si en 2022 ne serait-ce que la moitié va encore aux aounistes, c’est que tout changement au Liban par voie « démocratique » est impossible.

    Citoyen libanais

    08 h 19, le 07 février 2022

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