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Nos Lecteurs ont la Parole

Seules les tribunes peuvent ouvrir la voie devant les hommes d’État

Lors de la conférence d’Alexandrie, au cours de laquelle la charte de la Ligue des États arabes fut adoptée, le projet de ladite Ligue prévoyait le vote à la majorité. Ce qui veut dire la mise en place d’un système fédéral entre les pays arabes qui aurait permis que la minorité soit contrainte par la décision de la majorité. Ce jour-là, le président libanais cheikh Béchara el-Khoury s’adressant aux présidents des États présents leur dit que le système fédéral nuit aux minorités et que la minorité chrétienne au Liban sera ainsi soumise à la majorité musulmane, ce qui ne correspond pas à l’esprit d’arabité qui refuse qu’il y ait distinction entre Arabes du premier degré et Arabes du second degré. L’objection de Béchara el-Khoury fut aussi celle du roi Farouk et du roi Abdel Aziz. Sous la pression exercée par l’Égypte et le royaume d’Arabie saoudite, tous les États arabes sont revenus sur leur décision et finirent par adopter le vote à l’unanimité.

L’arabité était un nouveau concept en ce temps-là, cherchant à donner toutes les garanties à ses adhérents de façon à ce que le vote des décisions soit à l’unanimité, et seuls les États qui les auront votées seraient liés par elles. Et c’est en fait le système confédéral où seules les parties qui ont voté une décision y seront liées, à l’exclusion des parties qui n’y ont pas consenti. Le système fédéral de la Ligue des États arabes fut ainsi modifié en un système confédéral par égard aux Libanais chrétiens. Riad el-Solh prit la même position que Béchara el-Khoury et les États arabes en ont tenu compte vu la situation particulière du Liban.

Quant au Liban, son système et sa Constitution ont établi un État unitaire, ni fédéral ni confédéral. Le système est resté ainsi unitaire avec un fédéralisme confessionnel vertical. De plus, la Constitution a prévu des pouvoirs permettant au président de la République de désigner et de destituer le Premier ministre et les ministres. Ce système est resté en vigueur même lors de la période la plus difficile de l’année 1958 quand les musulmans rejetèrent Sami el-Solh, mais qui est finalement resté Premier ministre jusqu’à la fin du mandat de Camille Chamoun.

Quand l’accord de Taëf a été signé, il transforma le système présidentiel en un système parlementaire en vertu duquel le Premier ministre est désigné par le Parlement suite à un vote en présence du président de la République et du président du Parlement. Donc, un nom est proposé et on procède au vote : la personne qui reçoit la majorité des votes sera désignée Premier ministre.

Ce système est resté en force jusqu’à l’émergence du Hezbollah, milice armée financée par l’Iran qui a imposé dans le système politique ce qui n’a pas été prévu dans les lois. Commença alors la paralysie du gouvernement. La partie qui ne vote pas en faveur d’une décision ne sera pas liée par cette dernière comme c’est le cas dans le système confédéral. Tout au contraire, cette partie est capable, en pratique et non par le biais d’un texte constitutionnel, de paralyser quelconque décision qu’elle n’approuve pas et qui est contre ses intérêts. C’était la tactique de Hezbollah qui a paralysé l’élection du président de la République pour trois années, et ce jusqu’à l’élection de Michel Aoun, son allié et partenaire. Si le Hezbollah n’avait pas donné son approbation, il n’y aurait pas eu un président de la République. Cette même tactique est adoptée pour paralyser le Conseil des ministres, chaque fois que quelques ministres du Hezbollah refusent de participer aux réunions.

Ainsi après avoir été confédéral, ce système devint dictatorial, non pas par le biais de promulgation de lois mais par le biais d’une classe politique qui se plie aux instructions du Hezbollah. Et cette dictature qui sait bien qu’elle ne gagnera pas les élections législatives, tentera d’interdire leur tenue.

Vers la fin du mandat français, le « christianisme » politique vécut une période d’anxiété causée par la « peur » d’une domination musulmane. Mais Riad el-Solh tenta et réussit à rassurer les chrétiens en leur donnant des garanties telles que les pouvoirs octroyés au président de la République. L’administration du pays était en sa majorité formée de personnalités chrétiennes, ce qui explique l’injustice que ressentaient les musulmans et qui aboutit au manque de loyauté de leur part. Ce fut alors l’« invasion » palestinienne après l’accord du Caire, suivi par la tutelle syrienne qui a contribué à l’animosité que ressentent les musulmans envers les Arabes et l’arabité.

C’était au tour des chiites qui ont vraiment souffert de privation et qui étaient divisés en deux parties : une partie qui fit allégeance au parti communiste et une autre qui fit allégeance au féodalisme qui lutta contre le chéhabisme car ce mouvement essaya d’établir un grand nombre d’écoles et d’hôpitaux dans le Sud. À ce propos, Ahmad Saad dit une fois à Béchara el-Khoury : « Mon fils Kamel a fait ses études scolaires et ça suffit ! » C’est un exemple qui explique pourquoi les chiites sont devenus des adhérents du parti communiste avant que l’Iran n’impose son parti.

Le système présidentiel s’effondra et fut remplacé par le fédéralisme. Aujourd’hui, en réalité, nous sommes sous un régime de dictature où en cas d’opposition du Hezbollah à une quelconque décision, elle deviendra nulle et non avenue.

De plus, le problème réside aujourd’hui dans l’absence totale de leadership sunnite. Fini le temps de Riad el-Solh et Saëb Salam. Saad Hariri n’était pas à la hauteur de l’ampleur et de la complexité de la tâche. Les chefs sunnites traditionnels font face aux nouveaux visages mis en avant ainsi qu’aux hommes qui résistent à la dictature du Hezbollah comme Achraf Rifi, mais ils ne font rien et ne laissent personne agir.

Tant que les plateformes médiatiques seront fermées comment pourrons-nous créer une nouvelle classe dirigeante solide ? Comment pourrons-nous avoir des hommes d’État à l’instar de Fouad Chéhab, Raymond Eddé, Saëb Salam, Riad el-Solh et Adel Osseiran, si les plateformes médiatiques nationales restent inaccessibles aux hommes ayant les qualités des hommes d’État ? Rendez ces plateformes accessibles.

Nous avons hâte de voir des hommes d’État et non des hommes politiques. La bataille est nationale et le rôle du pays en tant qu’oasis de liberté et de culture, avec des hôpitaux et des écoles pionniers dans le monde arabe, peut être restitué par de vrais hommes d’État. Et seules les tribunes peuvent leur ouvrir la voie et mettre fin aux politiciens corrompus.

Avocat

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Lors de la conférence d’Alexandrie, au cours de laquelle la charte de la Ligue des États arabes fut adoptée, le projet de ladite Ligue prévoyait le vote à la majorité. Ce qui veut dire la mise en place d’un système fédéral entre les pays arabes qui aurait permis que la minorité soit contrainte par la décision de la majorité. Ce jour-là, le président libanais cheikh...

commentaires (2)

deux commentaires qui, j'espere mr Al Ahdab ne trouveras pas offensant : ""une classe politique qui se plie aux instructions du Hezbollah""= cette "crasse" politique s'allie au hezb, fait ses interets donnant donnant.elle ne se plie pas aux instructions du hezb. "Seules les tribunes peuvent ouvrir la voie devant les hommes d’État"" SEULS DE VRAIS PARTIS POLITIQUES AU SENS MODERNE DU MOT POURRAIENT OUVRIR ENFIN LA VOIE AU SALUT,

Gaby SIOUFI

15 h 47, le 07 février 2022

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Commentaires (2)

  • deux commentaires qui, j'espere mr Al Ahdab ne trouveras pas offensant : ""une classe politique qui se plie aux instructions du Hezbollah""= cette "crasse" politique s'allie au hezb, fait ses interets donnant donnant.elle ne se plie pas aux instructions du hezb. "Seules les tribunes peuvent ouvrir la voie devant les hommes d’État"" SEULS DE VRAIS PARTIS POLITIQUES AU SENS MODERNE DU MOT POURRAIENT OUVRIR ENFIN LA VOIE AU SALUT,

    Gaby SIOUFI

    15 h 47, le 07 février 2022

  • Très bien commenté, tout à fait vrai !

    Hind Faddoul FAUCON

    06 h 20, le 07 février 2022

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