Pressentie depuis plusieurs jours, l'annonce de l'ex-Premier ministre Saad Hariri de suspendre son activité politique au Liban et son refus de participer aux législatives de mai ont laissé ses partisans en proie à la tristesse et à la colère. Plusieurs d'entre eux se sont confiés à L'Orient-Le Jour et L'Orient Today, quelques instants après le discours du chef du courant du Futur qui a fait l'effet d'une bombe sur la scène politique du pays en grave crise.
"Makhzoumi peut faire l'affaire"
"Je suis très triste et déçu. Il n’y a que lui qui me représente. Le leadership sunnite est fait pour lui. S’il ne change pas d’avis, je boycotterai les élections", promet Osman, la vingtaine, qui s'est confié à notre journaliste Zeina Antonios, à Tarik Jdidé.
"On s’attendait à son départ. Peu importe qu'il participe ou non aux élections, pourvu qu’il puisse aider les sunnites", affirme pour sa part Ahmad, 21 ans. Pour lui, le richissime homme d'affaires et député sunnite Fouad Makhzoumi, rival de Saad Hariri, "peut faire l’affaire".
"Nous avions mis tous nos espoirs en Saad Hariri. Nous n'avons personne d'autre que lui. Nous n'allons voter pour personne d'autre. Nous ne faisons confiance qu'à lui", réagit pour sa part Mohammad Itani, résident dans le quartier beyrouthin de Verdun et partisan du chef du courant du Futur, dans un témoignage à la journaliste de L'Orient Today, Rana Tabbara.
"L'ambiance au Liban n'est pas propice pour le courant du Futur. Sa décision de ne pas participer aux élections était par respect pour son parti et je soutiens cela", affirme pour sa part Rima Ghalayini, également résidente à Verdun. Elle dit qu'elle votera "pour toute personne qui réussira à me convaincre avec son programme politique".
"Beaucoup de questions"
"Le retrait de Saad Hariri soulève beaucoup de questions. Cela constitue un pas positif vers la fin des partis politiques. Le problème, c'est qu'une seule communauté est allée dans ce sens", déplore Adel, 33 ans. "Je ne pense pas que cela soit juste envers les sunnites. Je ne pense pas pour autant que Saad Hariri reviendra sur sa décision", conclut-il.
Dans le quartier de Kaskas, des partisans de Saad Hariri ont bloqué en fin de journée des rues à l'aide de pneus brûlés, en signe de colère, rapporte notre journaliste Zeina Antonios. La voie publique au niveau de la mosquée Abdel Nasser, dans le quartier de Corniche Mazraa a elle aussi été fermée à l'aide de bennes à ordure, selon notre journaliste Mohammad Yassine.
Au Liban-Sud, à Saïda, Abdel Rahim se dit "frustré". "Nous sommes désormais démunis. Nous n'avons plus de soutien. J'ai pleuré lorsque j'ai entendu Saad Hariri annoncer son retrait de la vie politique", confie-t-il à notre correspondant Mountasser Abdallah. "Si seulement il pouvait faire marche arrière, lâche-t-il. J'ai peur que l'on soit finis, en tant que sunnites".
Au Liban-Nord, à Tripoli, les réactions à l'annonce de M. Hariri divergeaient entre approbation et rejet, selon notre correspondant Souhayb Jawhar. "C'est la décision la plus juste qu'il ait prise depuis des années", estime Hussein Allam, habitant du quartier de Gemmayzat. Mais pour Nadia Masri, résidente d'Abi Samra, la décision du chef du courant du Futur "fait peur". "Malgré toutes ses erreurs, Saad Hariri représente la modération politique et religieuse. Maintenant, nous craignons pour notre avenir", confie-t-elle.
commentaires (11)
qu'il quitte la vie politique, cela le regarde, mais il aurait dû appeler ca base a voter partie civile , et pourquoi pas FL si jamais il dispose du courage de son père.
Aboumatta
05 h 38, le 25 janvier 2022