Après l'interdiction de voyager qu'elle lui a imposée il y a une semaine, la juge Ghada Aoun a interdit mardi au gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, de disposer des ses biens immobiliers et de ses voitures, suite à une plainte déposée contre lui par un collectif.
Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), la procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban a émis une interdiction sur tous les terrains et véhicules appartenant au gouverneur de la banque centrale, et en a notifié, pour sa mise en exécution, le registre foncier du caza du Metn, ainsi que le centre d'enregistrement des véhicules. La mesure de la juge Aoun intervient suite à une plainte déposée par le collectif "Le peuple veut la réforme du système" contre M. Salamé.
C'est ce même groupe qui avait porté plainte contre le gouverneur et s'était constitué partie civile en l'accusant de "détournement de fonds, enrichissement illicite et blanchiment d'argent".
Suite à cette plainte, la magistrate avait émis, le 11 janvier, une interdiction de voyager contre le dirigeant de la BDL, qui devait comparaître aujourd'hui mardi devant elle, ce qu'il a évité de faire.
Dans un pays en plein effondrement économique, où 74% de la population vit sous le seuil de pauvreté et alors que la livre libanaise a perdu plus de 95% de sa valeur face au dollar, une large frange de la population, ainsi que plusieurs forces politiques, tiennent le gouverneur de la BDL pour responsable de cette situation.
Le gouverneur fait déjà l'objet d'une série d'enquêtes judiciaires aussi bien au Liban qu'à l'étranger autour de soupçons de fraude, de blanchiment d'argent et d'enrichissement illicite, entre autres allégations. Il a nié à plusieurs reprises ces accusations.
En 2021, le Liban a ouvert une enquête sur le patrimoine de M. Salamé, suite à une demande d'aide du procureur général en Suisse, dans le cadre d'investigations décortiquant plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds opérés par le gouverneur et son frère Raja. Mais l'enquête libanaise est constamment bloquée par les ingérences de responsables politiques qui continuent de soutenir Riad Salamé. Ainsi, la perquisition de cinq établissements bancaires hébergeant les comptes du frère du gouverneur a été suspendue à la dernière minute.
Le gouverneur de la BDL, l'un des plus anciens dirigeants de banque centrale au monde, a longtemps minimisé les accusations portées contre lui, les jugeant infondées et sans preuves. En novembre dernier, il a déclaré qu'un rapport déposé par un cabinet d'audit qu'il avait engagé montrait qu'aucun fonds public n'avait été utilisé pour payer les honoraires d'une société appartenant à son frère.
commentaires (9)
...que les banques européennes aident Ghada AOUN et saisissent ses billions (NOTRE ARGENT) bien placées dans ces banques! au lieu de leur blablabla quotidien...
Marie Claude
09 h 54, le 20 janvier 2022