
L’ancien Premier ministre libanais et leader du courant du Futur, Saad Hariri. Photo d’archives/AFP
Viendra-t-il, viendra-t-il pas ? Telle est la question à un million de dollars qui taraude les esprits de tous les acteurs politiques sur la scène locale au sujet du retour à Beyrouth du chef du courant du Futur, Saad Hariri. Le suspense que fait durer ce dernier depuis quelques semaines est devenu d’autant plus suspect que la date des législatives approche à grands pas et que le leader sunnite n’a toujours pas dévoilé ses cartes. Que compte-t-il faire dans le cadre de cette échéance? Va-t-il se présenter, laisser présenter des membres de sa formation ? Si oui, avec quelle configuration d’alliances ? Dans les milieux du courant du Futur, le mot d’ordre est au mutisme collectif. Aucun responsable du parti haririen ne veut s’aventurer à répondre à la place du chef. De manière synchronisée, ils se contentent tous de la même formule : il faudra attendre son retour, ou le jour où il décidera de s’exprimer en public pour en savoir plus. L’Orient-le Jour a toutefois appris que le Premier ministre Nagib Mikati est entré en contact récemment avec M. Hariri qui lui aurait assuré qu’il rentrerait à Beyrouth d’ici à une dizaine de jours. Une information validée avec prudence par une source proche du courant du Futur qui précise qu’il reviendrait peut-être d’ici à une semaine ou plus. L’ancien chef de gouvernement, Fouad Siniora, et l’ancien ministre joumblattiste Waël Bou Faour se seraient récemment rendus auprès de M. Hariri aux Émirats arabes unis pour en savoir plus. « Ils n’ont rien pu en tirer », rapporte un responsable qui suit la question de près.
Le scénario selon lequel Saad Hariri pourrait renoncer même à l’idée de rentrer au Liban semble de plus en plus plausible. Dans ce cas de figure, il annoncerait ses intentions au sujet des élections depuis son lieu de résidence actuelle. Retiré de l’arène politique notamment à la suite de son échec à former un gouvernement en juillet 2021, M. Hariri a quitté le Liban pour aller s’installer dans les Émirats arabes unis où il s’est réinvesti dans le monde des affaires. À tous ceux qui l’interrogent, il leur dit que son entreprise marche bien et qu’il n’est pas disposé à retourner dans le jeu politique pour le moment, confie une source proche. Il affirme également qu’il vaut mieux que le Hezbollah prenne les rênes du pouvoir et qu’il en assume la responsabilité pour la phase à venir. Il fait aussi valoir l’argument selon lequel le courant du Futur a gagné les élections dans le passé (les législatives de 2009), mais qu’il n’a pas pour autant été capable de faire quoi que ce soit pour mettre un terme à l’effondrement. Comprendre : ce n’est pas le bon timing ni le contexte approprié pour revenir sur la scène politique.
Le leader du courant du Futur avait déjà par le passé annoncé à plusieurs de ses proches qu’il envisageait très sérieusement de ne pas se présenter. Sa baisse de popularité, ses problèmes financiers et l’absence de soutien des pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, seraient à l’origine de cette décision.
« Irremplaçable »
Tout en refusant de confirmer si l’ancien Premier ministre se présentera ou non aux prochaines législatives, le chargé de communication du courant du Futur, Abdel Salam Moussa, préfère parler de l’état d’esprit dans lequel se trouve aujourd’hui le chef de sa formation. « Il réfléchit actuellement à la pertinence de s’engager dans la bataille électorale. Si ces élections ne servent qu’à reproduire le même paysage politique avec les mêmes problématiques qui ont conduit à l’effondrement, pourquoi devrait-il se présenter ? » s’interroge M. Moussa. Saad Hariri suit de près, en parallèle, les mutations majeures actuellement en gestation dans la région et qui pourraient transformer le paysage politique (en référence aux pourparlers de l’Occident avec l’Iran à Vienne ainsi que les discussions en cours entre Téhéran et Riyad), note encore M. Moussa. Un facteur qui pousserait l’ancien chef de gouvernement à revoir ses calculs.
Quid du reste des membres du courant du Futur ? À ce sujet, les informations sont également distillées au compte-gouttes. Alors que certains évoquent la possibilité pour les membres de la formation haririenne de se présenter sous la bannière du courant du Futur, d’autres sources affirment que dans le cas où Saad Hariri décide de ne pas se présenter, cela signifiera que personne d’autre ne se présentera au nom du Futur. Si l’un ou l’autre des membres du courant haririen souhaite s’engager dans la bataille, il devra le faire en tant qu’indépendant et non sous l’étiquette du parti.
Si les choses sont donc aussi claires et tranchées dans la tête de Saad Hariri, pourquoi ce dernier maintient-il le flou ? « Tout simplement pour déstabiliser ses concurrents directs ou indirects. En faisant durer le temps mort, Saad Hariri réduit au maximum leur marge de manœuvre et continue de contrôler un tant soit peu la dynamique des alliances », confie un analyste proche du dossier. On pense notamment à l’ancien Premier ministre, Fouad Siniora, pressenti pour prendre la relève dans le cas où Saad Hariri renoncerait à la bataille. L’intéressé, qui observe un mutisme quasi absolu depuis que Saad Hariri s’est éclipsé, ne veut surtout pas créer de divisions sur la scène sunnite, note un de ses proches. M. Siniora était pressenti comme candidat-substitut à M. Hariri à Beyrouth II. Mais pour le courant du Futur, Saad Hariri, qui continue de bénéficier malgré tout d’une grande popularité dans la rue sunnite, beyroutine entre autres, est « irremplaçable ». « Pouvez-vous me nommer un seul candidat qui a son impact à Beyrouth ? » demande Abdel Salam Moussa dans ce qui ressemble plus à une réponse qu’à une question.
Viendra-t-il, viendra-t-il pas ? Telle est la question à un million de dollars qui taraude les esprits de tous les acteurs politiques sur la scène locale au sujet du retour à Beyrouth du chef du courant du Futur, Saad Hariri. Le suspense que fait durer ce dernier depuis quelques semaines est devenu d’autant plus suspect que la date des législatives approche à grands pas et que le leader...
commentaires (10)
OLJ should emphasize that the Hariri clan is the main architect of the financial collapse after they decided that the Lebanese government should accumulate debt in US $. Mr. Saad Hariri had resigned after the October 17 uprising. Their banks have benefited from the artificially bloated high interests on the Eurobonds i.e. sovereign debt in US $ which constitutes self-dealing and a conflict of interest. They brought in Mr. Riad Salame and have supported him to remain the governor of BDL for over 30 years. Mr. Hariri partook in the corruption and should be exposed for it. In this way, perhaps his base will start abandoning him and voting for other Sunnis from the October 17 Parties. We no longer need individual leaders. We need leadership through well-organized, transparent and honest political Parties that have a clear electoral agenda aimed at transforming our economy and moving us forward into the 21st century.
Mireille Kang
20 h 30, le 19 janvier 2022