Taïwan a estimé en octobre dernier que les tensions militaires avec la Chine continentale en étaient à leur plus haut niveau depuis quatre décennies. Si le règne de l’intraitable Xi Jinping prenait prochainement fin, il y aurait lieu de se montrer optimiste, mais le mandarin suprême semble pouvoir rester en selle encore longtemps. Maintenant que Hong Kong est rentrée dans le rang, il reste l’île rebelle à rattacher au continent. Avant de partir, Xi voudra réaliser ce grand œuvre. S’il réussit, il sera vu comme l’égal de Mao par nombre de ses concitoyens.
Pour éviter le pire, Taipei devrait changer de stratégie. Elle devrait proclamer que Taïwan aspire à rejoindre l’Empire du Milieu, mais à certaines conditions. D’abord, celui-ci devra instaurer le multipartisme, réformer sa justice, en un mot comme en cent, devenir un État démocratique digne de ce nom.
Il faut à Taïwan susciter l’adhésion à ce nouveau paradigme de continentaux qui lui sont aujourd’hui hostiles. Ces derniers, plus riches maintenant, sont nombreux à avoir voyagé dans des pays démocratiques, à avoir un fils ou une nièce y ayant émigré. Ils sont sensibles à la liberté qui y prévaut. Plusieurs expatriés chinois y ont goûté et remettent aujourd’hui en question l’orientation autoritaire initiée par Xi. Il faut que Taïwan s’en fasse des alliés qui feront ensuite pression sur le Parti communiste.
La Chine de Xi est épeurante en ce début de XXIe siècle, mais cela pourrait changer rapidement. Souvenons-nous que les événements de la place Tiananmen auraient pu se conclure autrement en 1989 et que le mur de Berlin est tombé la même année.
Il faut à la petite Taïwan (23,5 millions d’habitants) jouer de ruse pour assagir la grosse Chine communiste (1,4 milliard d’habitants) et gagner du temps afin d’y faire advenir à terme la démocratie. L’Occident y a beaucoup à gagner. Parce que si une guerre éclate entre les deux frères ennemis, elle aura des répercussions planétaires désastreuses.
Montréal-Québec
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