Le chef de l'Etat, Michel Aoun, et le Premier ministre Nagib Mikati ont tous les deux commenté mercredi le blocage du gouvernement, qui ne s'est pas réuni depuis le 12 octobre, le premier dénonçant un "acte délibéré" de la part de certains ministres et le second disant craindre que la convocation de son cabinet ne mène à une "fracture du pays", déjà miné par des crises multiformes. Ces propos sur la crise gouvernementale se sont invités à une réunion du Conseil supérieur de défense au cours de laquelle le président Aoun a averti qu'il n'était "pas tenu" de signer des décrets exceptionnels pour remplacer les décisions du Conseil des ministres, une façon implicite de faire pression sur le chef du gouvernement, qui assure travailler pour "rapprocher les points de vue" entre les membres de son cabinet.
L'équipe Mikati, formée le 10 septembre, ne s'est pas réunie depuis plus de deux mois en raison de divergences entourant l'instruction menée par le juge Tarek Bitar dont le tandem chiite Amal-Hezbollah critique la "politisation". Si le mouvement dirigé par le chef du Parlement, Nabih Berry, réclame que les dirigeants politiques poursuivis dans le cadre de l'enquête soient jugés devant la Haute cour de justice, une instance qui n'a encore jamais siégé, le parti pro-iranien réclame pour sa part le dessaisissement du juge.
"Acte délibéré"
"Le boycott des réunions du gouvernement est un acte délibéré de la part de certains membres du cabinet et c'est inacceptable", a lancé le chef de l'Etat au début de la réunion du Conseil de défense à Baabda, appelant "chaque ministre à prendre conscience du danger d'une telle prise de position". Il a également noté que "s'il y a une opposition concernant un certain sujet, il est toujours possible de la régler à travers les institutions", en référence claire aux tensions provoquées par l'instruction concernant le drame du 4 août. "Ce qui se passe est un acte délibéré", a insisté M. Aoun, qui rappelle que "le gouvernement doit se réunir et assumer ses responsabilités". Le président a par ailleurs affirmé qu'il n'"est pas obligé de signer, seul, des décrets" exceptionnels, estimant que cette procédure exceptionnelle ne peut se substituer au travail du gouvernement "qui présente toutes les qualifications requises par la Constitution".
"Fracture du pays"
Pour sa part, le chef du gouvernement a une nouvelle fois exprimé sa crainte que "la convocation du gouvernement ne mène le pays à une fracture". "Je tiens, tout comme le président, à la réunion du gouvernement parce que le blocage nuit à tout le monde", a-t-il déploré, espérant qu'il pourra "prochainement convoquer son équipe ministérielle à une réunion pour traiter les sujets urgents". "Les responsables dans ce pays sont destinés à travailler pour rapprocher les positions et les points de vue et non pas approfondir le fossé. C'est notre rôle et nous y œuvrons", a-t-il souligné.
Réuni au palais de Baabda, le Conseil supérieur de défense a recommandé la prolongation de l'état de mobilisation générale au Liban jusqu'au 31 mars 2022, au moment où les contaminations au coronavirus repartent à la hausse de manière inquiétante dans un Liban en pleine crise. Il a également appelé les institutions militaires et sécuritaires à rester mobilisées afin d'assurer la stabilité et la sécurité pendant les fêtes de fin d'année et annoncé avoir pris une série de décisions concernant plusieurs dossiers sécuritaires, notamment le trafic au niveau des passages frontaliers légaux et illégaux ainsi que la production et le trafic de drogues et les plateformes en ligne annonçant le taux de change du dollar, sans toutefois détailler les dispositions adoptées.
Les réunions du Conseil supérieur de défense réunissent habituellement le président de la République, le Premier ministre, les ministres concernés par les différents dossiers évoqués et les chefs des différentes institutions militaire et sécuritaires. Peu avant cette réunion, le chef de l'Etat s'était également brièvement entretenu avec le président du Conseil.
commentaires (12)
Mikati continue à se raconter des chimères. Où voit il un pays uni? Il est divisé et fracturé depuis la naissance de cette organisation terroriste que tous les politiciens ont nourri à force de soumissions et de lâcheté. Il craint une explosion en réunissant les ministres pour entamer des réformes pour le sauver parce que d’après lui s’il s’exerçait son pouvoir de PM il risque l’explosion? C’est l’implosion qui attend ce pays si ces tordus continuent à le bloquer les citoyens et le pays se meurent et lui assiste à leur agonie sans broncher de peur d’une hypothétique réaction des vendus qui ne peut que les anéantir s’ils persistaient à jouer aux plus forts par ce qu’en face d’eux il n’y a que des poules mouillées et des vendus qui tremblent à chacune de leurs actions de blocage, exercées tantôt par eux directement tantôt par les leurs alliés vendus qui prétextent le sauvetage du pays. A un moment il faut prendre le taureau par les cornes et tant pis pour la suite. On ne peut pas continuer à vivre au gré de leurs humeurs changeantes et de leurs projets néfastes en espérant une solution miracle. Alors de grâce que tous ces mauviettes agissent ou alors qu’ils partent et qu’ils laissent ce pays toucher le fond pour pouvoir rebondir. On ne peut plus vivre avec des menaces de guerre et de division en laissant le pays dériver vers des horizons inconnus et incertains qui signera pour sûr sa fin tragique sans avoir livré bataille.
Sissi zayyat
10 h 29, le 23 décembre 2021