Le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun, a assuré mercredi qu'il "n'acceptera pas la sédition" dans le pays, estimant qu'elle n'est qu'"à quelques pas", au moment où le Liban est paralysé par des crises multiformes. Il s'est également prononcé contre un retour des "milices" et des "gangs armés", dans une allusion probable aux affrontements armés de Tayouné qui avaient opposé des partisans du tandem chiite Amal-Hezbollah à des habitants du quartier de Aïn el-Remmané, où les Forces libanaises (FL) ont une forte présence, et qui avait rappelé les quinze années de guerre civile (1975-1990).
La sédition "à quelques pas"
Le pays est "à quelques pas de la sédition", a estimé M. Aoun dans un article du magazine de l'armée. "Nous n'accepterons une telle sédition", a-t-il toutefois assuré, estimant que "le Liban a, aujourd'hui plus que jamais, besoin de l'armée". "L'expérience de l'année 1975 (qui correspond au déclenchement de la guerre civile au Liban, ndlr), était amère et nous n'accepterons pas qu'elle se répète", a-t-il affirmé, soulignant que "personne n'accepte le retour des milices ni de vivre à la merci des gangs armés, du terrorisme ou de la drogue", dans une allusion voilée au Hezbollah qui possède un arsenal illégal.
Une manifestation contre le juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur les explosions au port de Beyrouth, à laquelle avait appelé le tandem chiite, avait dégénéré le 14 octobre dernier en combats meurtriers, faisant 7 morts et une trentaine de blessés, dans un quartier situé sur l'ancienne ligne de démarcation qui coupait la capitale en deux, durant la guerre civile. Ces affrontements ont fait craindre le retour de la sédition qui avait sévi au Liban durant les 15 ans de guerre.
L'armée libanaise a par ailleurs déjoué plusieurs opérations de trafic de drogues vers les pays arabes, notamment l'Arabie saoudite, qui entretient des relations tendues avec le Liban en raison de la mainmise du Hezbollah sur sa politique et, dernièrement, de la crise diplomatique qu'avaient déclenchés des propos de l'ancien ministre de l'Information, Georges Cordahi, sur le rôle de Riyad dans la guerre au Yémen.
"Confiance de la communauté internationale"
Commentant les crises que traverse le pays, Joseph Aoun a par ailleurs estimé que "les sacrifices et les efforts des militaires ont empêché l'effondrement du Liban en dépit de tout ce qui s'est passé depuis octobre 2019". "Avec les manifestations, la propagation du coronavirus et l'explosion au port de Beyrouth, le Liban a connu une situation remplie de crises. Mais nous avons pu préserver la paix civile grâce à la confiance que notre peuple et la communauté internationale nous accordent, ce qui a encouragé beaucoup de personnes à nous aider", s'est félicité M. Aoun. Il a toutefois affirmé que des soutiens financiers à l'armée sont attendus mais "confrontés à des obstacles légaux et constitutionnels". La troupe a mobilisé l'aide de nombreux pays ces derniers mois, notamment la France, les Etats-Unis et le Qatar, qui lui ont envoyé du matériel et de la nourriture.
Le commandant en chef de l'armée a également rappelé que "le devoir de la troupe est d'aider l'Etat à trouver des solutions en assurant la sécurité et la stabilité". Il a dans ce contexte salué les efforts des militaires qui ont vu leurs conditions de vie et de travail s'effondrer, à l'instar du reste de la population, au vu des crises qui paralysent le pays, et les a appelés à ne pas déserter l'institution militaire dont l'effectif s'est réduit au cours de l'année écoulée.
Chiffres de désertion "amplifiés par les rumeurs"
A propos de ces désertions, le général Aoun a souligné que les chiffres avaient été "amplifiés par les rumeurs" et qu'un grand nombre de soldats ayant quitté leur poste avaient ensuite rejoint à nouveau les rangs de l'armée après s'être rendu compte que l'institution fournit des garanties qui ne sont pas offertes dans d'autres secteurs. "L'armée continue à fournir les meilleurs services médicaux, malgré la détérioration de ses conditions", a-t-il notamment précisé, mentionnant que l'hôpital militaire de Beyrouth dispose de cinq salles d'opération modernes et que des travaux d'expansion étaient envisagés. D'un point de vue pratique, le commandant en chef a annoncé que la troupe avait acheté des bus et des camionnettes afin d'assurer les problèmes de transport des militaires, qui doivent faire face, comme le reste de la population, à la hausse des prix des carburants. Ces véhicules seront "bientôt mis en service", a-t-il promis.
Il a par ailleurs révélé que 68 % des militaires étaient entièrement vaccinés, un taux équivalent à légèrement moins du double de la population ayant reçu deux doses du vaccin (34,9 % selon les chiffres de mardi).
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Tant que le peuple libanais reste accroché à des hezb ou des religions au lieu d'être d'abord libanais et mettre dehors l'Iran, la Syrie et les autres qu'ils font leurs guerres chez nous et qu'ils nous empêche d'être nous même chez nous dans notre pays le Liban nous devons nous battre pour notre nation et non pour des chefs de hezb qu'ils ne pensent qu'à leurs propres intérêts et à l'intérêt des pays étrangers. Que l'armée du Liban défendent les libanais et peut importe la religion de chacun QUE L'ON SOIT LIBANAIS D'ABORD et chacun sa religion dans son cœur si non nous sommes condamné à mourir à petit feu sans aucun gagnant. Vive le Liban libre si 1 jour le peuple se réveille d'un cauchemar qui dure depuis longtemps.
Sawaya Alfred
10 h 27, le 23 décembre 2021