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Société - Journalistes au Liban

Rejet d’une plainte de l’ordre des rédacteurs contre le Rassemblement alternatif

Le juge des référés de Baabda a soulevé la question de la liberté d’expression dans sa décision, estimant qu’il ne peut interdire à qui que ce soit de s’exprimer.

Rejet d’une plainte de l’ordre des rédacteurs contre le Rassemblement alternatif

Le président de l’ordre des rédacteurs de presse Joseph Kossaïfi s’adressant au président Michel Aoun, qui recevait le 14 décembre 2021 à Baabda le conseil de l’ordre nouvellement élu. Photo Dalati et Nohra

Un recours présenté par l’ordre des rédacteurs contre le Rassemblement alternatif de la presse, principalement sa coordinatrice Elsy Moufarrej, en vue de lui interdire de publier des déclarations et des articles, a été rejeté lundi pour vice de forme par le juge des référés de Baabda, Élias Moukheiber. Le Rassemblement avait auparavant porté plainte contre l’ordre pour « irrégularités » durant les dernières élections qui se sont déroulées début décembre, un scrutin à l’issue duquel l’intégralité de la liste du président de l’ordre Joseph Kossaïfi (reconduit à son poste) a été élue.

Dans le texte de la réponse du juge Moukheiber, dont L’Orient-Le Jour a pu consulter une copie, il est expliqué que l’ordre a demandé que le Rassemblement soit « interdit de publier des informations, des communiqués et des articles de quelque type que ce soit, sous peine d’obliger ses membres à payer une amende de 100 millions de livres pour toute infraction ».

Dans son texte, le juge évoque la Constitution qui garantit la liberté d’expression, les différentes conventions internationales signées par le Liban qui vont dans le même sens, soulignant que « la liberté d’opinion et d’expression est au cœur de tout système démocratique ». Il rappelle également que « la justice se doit de protéger les libertés ». Le texte explique que la plainte de l’ordre va dans le sens d’une mesure préventive en vue d’éviter une atteinte hypothétique à ses droits « en l’absence d’une preuve de nuisance réelle ». « Répondre favorablement à la demande du plaignant reviendrait donc à prendre une décision à caractère absolu qui aurait valeur de système », poursuit le texte, qui cite un article de la loi sur le code de procédure civile interdisant au juge « d’émettre des jugements formulés comme des systèmes ».

La réforme du règlement intérieur au cœur de la querelle

Elissar Kobeissi, qui était la candidate du Rassemblement alternatif aux élections de l’ordre des rédacteurs début décembre, pense que « le conseil de l’ordre se rend compte qu’il fait face, pour une fois, à un interlocuteur sérieux et déterminé à exposer ses failles ». Elle rappelle à L’OLJ que le Rassemblement a porté plainte contre l’ordre à la suite des dernières élections qui étaient, selon elle, « entachées d’irrégularités ».

« Nous demandons des réformes profondes au sein de l’ordre, exigeant que nous soient livrées les listes d’électeurs, ce qui nous a été refusé jusqu’à présent, poursuit-elle. Nous pensons en effet qu’il y a beaucoup d’inscrits qui ne sont même pas des journalistes. Nous réclamons également des changements dans le règlement interne, principalement celui-ci : que l’ordre de la presse, qui regroupe les patrons, cesse d’avoir le dernier mot pour autoriser ou pas l’affiliation des journalistes à l’ordre des rédacteurs. »

Pour mémoire

Elyssar Kobeïssi, candidate du Rassemblement alternatif de la presse

Interrogé sur toutes ces questions par L’OLJ, Georges Chahine, secrétaire général du conseil de l’ordre des rédacteurs, dément fermement qu’« il y ait une quelconque intention de museler qui que ce soit ou de porter atteinte à la liberté d’expression ». « Nous avons décidé de porter plainte parce que nous avons été insultés par une formation qui n’est pas légale », assure-t-il. Comment explique-t-il alors le raisonnement du juge qui a évoqué la liberté d’expression à plusieurs reprises ? « Le juge est libre d’expliciter sa décision comme il l’entend, je ne m’immisce jamais dans les affaires de la justice », répond-il.

Le journaliste rejette également toutes les accusations portées contre l’ordre. « Ce n’est pas vrai que nous refusons de livrer la liste d’électeurs, ou que celle-ci contient des personnes qui ne sont pas journalistes, indique-t-il. Rien qu’en une seule réunion, nous avons annulé des centaines d’affiliations de non-journalistes, nous sommes dans un processus d’épuration de ces listes. » Il n’est pas vrai non plus, selon lui, que l’ordre soit fermé aux demandes d’affiliation. « Nous avons accepté près de 200 nouveaux journalistes l’année dernière, affirme-t-il. Je peux vous certifier qu’aucune demande n’est rejetée, mais encore faut-il qu’ils présentent des demandes ! Nous encourageons tout le monde à le faire, d’autant plus que nous avons facilité le processus puisque nous avons annulé la condition d’inscription à la Sécurité sociale. »

Pour lui, il existe actuellement « un grand chantier de réforme du règlement intérieur, contrairement à ce qui se dit ». « Une des grandes réformes a été d’ouvrir l’ordre aux journalistes non issus de la presse écrite, sinon comment Walid Abboud par exemple aurait-il été élu, lui qui est une figure de la télé ? » Quoi qu’il en soit, selon Georges Chahine, « il est certain que l’avocat de l’ordre va interjeter appel de cette décision » du juge des référés. Pour Elissar Kobeissi, « il vaudrait mieux que l’ordre s’arrête là, parce qu’il s’est placé dans une position très répréhensible, le juge l’ayant remis à sa place en assumant son rôle de protecteur des libertés ».

Dans tous les cas, le Rassemblement alternatif a obtenu l’appui du Rassemblement des journalistes indépendants, une liste qui s’était présentée aux élections face à celle présidée par le président de l’ordre, Joseph Kossaïfi. Dans un communiqué, ce groupe accuse le conseil de « tenter de faire taire des voix qui veulent rectifier le tir au sein de l’ordre et de moderniser son règlement intérieur », dénonçant « les atteintes, les incitations et la diffamation exercées à l’encontre de journalistes indépendants et libres ». Priée de commenter la décision du juge Moukheiber, May Abboud Abi Akl, membre du Rassemblement des journalistes indépendants, affirme « avoir été confortée dans sa confiance en la justice ». 

Un recours présenté par l’ordre des rédacteurs contre le Rassemblement alternatif de la presse, principalement sa coordinatrice Elsy Moufarrej, en vue de lui interdire de publier des déclarations et des articles, a été rejeté lundi pour vice de forme par le juge des référés de Baabda, Élias Moukheiber. Le Rassemblement avait auparavant porté plainte contre l’ordre pour «...

commentaires (1)

La nomination du fameux animateur d’une émission de télé au poste de ministre de l’information en dit long sur leur sincérité et leur dignité. Rien à ajouter.

Sissi zayyat

11 h 28, le 23 décembre 2021

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Commentaires (1)

  • La nomination du fameux animateur d’une émission de télé au poste de ministre de l’information en dit long sur leur sincérité et leur dignité. Rien à ajouter.

    Sissi zayyat

    11 h 28, le 23 décembre 2021

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