La BDL annonce, sans plus de détails, qu’elle va fournir « des dollars aux banques »

Suite à une réunion entre le Premier ministre Nagib Mikati, le ministre des Finances Youssef Khalil et le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) organisée pour trouver des solutions face à la dépréciation de plus de 94 % de la monnaie nationale, le taux de change ayant atteint 29 000 livres pour un dollar mardi, la banque centrale a annoncé plusieurs mesures mardi soir.

« La BDL va fournir aux banques la partie restante de liquidités de ce mois en dollars américains en espèces au lieu de livres libanaises, et ce selon le taux de change de la plateforme Sayrafa (qui a atteint mardi soir 23 000 livres, NDLR). La BDL va demander aux banques de vendre tous les dollars achetés sur la plateforme Sayrafa à ses clients au lieu des livres libanaises » que la banque commerciale aurait dû fournir. La banque centrale n’a toutefois pas précisé, dans son court communiqué, à quelles conditions les clients pourraient obtenir ces devises, ni comment elle les fournirait, le niveau de ses réserves de devises étant très proche de celui des réserves obligatoires, dont la BDL a indiqué à plusieurs reprises qu’elle ne peut les utiliser.

Également, la Banque du Liban a annoncé qu’elle allait permettre le règlement « des crédits commerciaux dont le paiement était effectué en dollars en espèces (circulaire n° 568 d’août 2020, NDLR), en livres au taux de la circulaire n° 151 (renouvelée jeudi passé) à 8 000 livres pour un dollar actuellement. Cela aidera à diminuer la demande de dollars et à augmenter celle de la livre sur le marché ».

La banque centrale a resserré la circulation du billet vert dans l’économie libanaise, hautement dollarisée depuis la guerre civile de 1975 à 1990, en raison du creusement du déficit de la balance des paiements (flux entrants de biens et de services et de capitaux, moins ceux sortants), et a donc réduit l’octroi de devises aux banques qui ont à leur tour restreint, de manière illégale, l’accès aux comptes en devises des clients. Depuis près de deux ans, sauf s’il s’agit d’un compte de « dollars frais », comme le fixe la circulaire n° 150 de la BDL d’avril 2020, il est presque impossible pour les déposants de retirer des dollars en espèces.

La plateforme de change Sayrafa, lancée à nouveau en juin de cette année et ouverte aux banques, avait pour but d’octroyer des dollars aux clients, mais cette mesure n’est toujours pas entrée en vigueur, selon plusieurs sources interrogées.