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Nos Lecteurs ont la Parole

Le pouvoir aux femmes

Dans sa pièce de théâtre L’assemblée des femmes, Aristophane donnait le pouvoir aux femmes pour voir comment elles gouvernent. L’idée paraît intéressante et assez novatrice pour l’époque. Les femmes constituent, à elles seules, un pouvoir dominant que semblent minimiser certains dirigeants. Notre gouvernement ne comprend malheureusement qu’une seule femme. La misogynie ambiante continue, doublée d’un machisme certain. La dernière déclaration du Premier ministre en est la preuve flagrante. Il a provoqué, en effet, un tollé général dans la gent féminine qui est montée au créneau, montrant combien les femmes peuvent être plus compétentes et diplomates que leurs homologues masculins. Au vu des derniers événements qui ont mis le pays en effervescence, on se demande si elles n’avaient pas raison.

Avec la 183e place mondiale en 2018 et six députées, le Liban se place parmi les cancres de la féminisation politique, loin derrière le Rwanda (61,3 % de femmes au Parlement) ou le Nicaragua (46 %). Pourtant, Dieu sait combien nous avons de jeunes femmes de carrière non affiliées à des partis qui désirent révolutionner la place politique. Pourquoi ce manque de considération au sexe qui depuis longtemps n’est plus aussi faible qu’il n’y paraît ?

Si les femmes n’osent pas se présenter, c’est probablement à cause d’une mentalité rétrograde qui veut que la femme soit une potiche. Pourtant, elle a des fois des qualités de gestion supérieures à son conjoint ou à son collègue masculin et mérite respect et considération. Toute misogynie mise à part, elles ne sont pas toutes des Margaret Thatcher ou des Angela Merkel, deux exemples exceptionnels dans l’histoire. Mais, au Liban, il y en a sûrement au moins une qui sort du lot. Que personne ne vienne me dire, avec tout le respect que j’ai pour les uns et les autres, qu’il n’existe pas une maronite capable de gérer le pays ou une sunnite qui puisse tenir un gouvernement d’une main de fer. Nous avons eu une ministre de la Justice et une autre des Finances dont les compétences avérées n’ont jamais été remises en cause. Non ! Les femmes capables n’ont pas toutes émigré. Des surdiplômées, il en existe à la pelle et qui travaillent dans les meilleurs bureaux d’audit ou dans des banques ou dans des entreprises internationales. Christine Lagarde, actuelle directrice de la Banque centrale européenne et ancienne présidente du Fonds monétaire international, n’était-elle pas dans un grand cabinet d’audit à New York ? Regardez chez nous tous ces jeunes talents qu’on retrouve chez KPMG ou EY et dont les compétences, au fil des ans, sont devenues telles qu’elles rivalisent d’ingéniosité avec leurs collègues masculins. Regardez celles qui ont réussi à atteindre de bons postes à l’intérieur de sociétés locales (sans pour autant qu’ils soient stratégiques et c’est malheureux !). Un simple exemple récent du pouvoir des femmes libanaises hors du Liban : Rana Salhab, directrice chez Deloitte, en 2017 et 2018, a été classée parmi les femmes les plus influentes dans le cadre entrepreneurial (Global Champions in Women on Business) par le Financial Times, journal de référence au Royaume-Uni.

Le problème, au Liban, c’est qu’on leur coupe l’herbe sous le pied. Elles peuvent donner beaucoup plus et s’investir de telle sorte qu’elles participeront à l’accroissement du pays et à une amélioration de son économie. Nous sommes encore restés au stade que la meilleure place de la femme est derrière les fourneaux. Après, on se demande pourquoi les meilleures vont voir ailleurs. Car on leur donne leur chance. Dans les entreprises libanaises, les salaires sont appréciés différemment car, un jour ou l’autre, la jeune embauchée va se marier et – ô drame existentiel – courir le risque d’avoir des enfants, d’où une baisse de productivité, ce qui pourrait nuire au développement planétaire de la société et à la remise en cause de son emploi. Quelle mentalité ! Est-ce réellement suffisant pour ne pas les considérer comme les égales de l’homme ? À un moment évident où les mentalités changent, nous en sommes encore au stade archaïque. Les pays scandinaves ont sauté le pas en accordant un congé paternité presque égal. Nous en sommes encore à nous demander si les deux jours accordés au jeune papa ne sont pas de trop.

Tout cela est révoltant !

À l’approche des élections, présentez-vous mesdames ! Le changement, c’est vous et ne pourra pas se faire sans vous ! Pour reprendre le slogan de François Hollande lors de l’élection présidentielle française, le changement, c’est maintenant, et il ne passera pas sans les femmes et ne pourra se faire sans elles. Et pour paraphraser Barack Obama, oui, vous le pouvez !
Yes, you can !


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Dans sa pièce de théâtre L’assemblée des femmes, Aristophane donnait le pouvoir aux femmes pour voir comment elles gouvernent. L’idée paraît intéressante et assez novatrice pour l’époque. Les femmes constituent, à elles seules, un pouvoir dominant que semblent minimiser certains dirigeants. Notre gouvernement ne comprend malheureusement qu’une seule femme. La misogynie...

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