Joumblatt à Hariri : Ton absence n'aide en rien

Le chef druze Walid Joumblatt a une nouvelle fois assuré samedi qu'il ne peut sortir de l'"alliance historique" avec le Courant du Futur présidé par l'ancien Premier ministre Saad Hariri, dont "l'absence sur la scène politique n'aide en rien", face aux crises multiples que traverse le pays. 

S'exprimant au sujet des législatives du printemps prochain au cours d'une rencontre avec des partisans dans la région de l'Iklim el-Kharroub, au sud de Beyrouth, le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) a réaffirmé qu'"il ne peut pas sortir de l'alliance historique" entre son parti et le Courant du Futur. "Malgré tout, nous disons à Saad Hariri que le Liban est son pays et que son absence sur la scène locale n'aide en rien". Le chef du PSP a par ailleurs estimé que "livrer le pays à l'axe irano-syrien serait une erreur majeure". "Seul, je ne peux pas assurer une confrontation pacifique" avec les parties associées à cet axe, a-t-il noté. 

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Le chef druze avait accusé le Hezbollah il y a deux semaines de vouloir mener le pays à l’effondrement économique, notamment en faisant courir le risque aux Libanais travaillant dans le Golfe d’être expulsés suite à la crise diplomatique entre l’Arabie saoudite et le Liban déclenchée par les propos polémiques du ministre libanais de l'Information Georges Cordahi. Il avait aussi confié à L'Orient-Le Jour que "l’alliance avec le Courant du Futur et les sunnites revêt un enjeu historique et il n’est pas question de la laisser tomber".

De son côté, depuis qu'il s'est récusé en juillet de sa mission de former le gouvernement, après des mois de tractations tendues et d'échanges hostiles avec le Courant patriotique libre et son fondateur, le chef de l’État Michel Aoun, Saad Hariri se trouve aux Émirats arabes unis et n'est quasiment plus rentré au Liban. Ses interventions politiques et celles de son parti se font rares et il aurait confié à plusieurs de ses proches qu’il envisageait très sérieusement de ne pas se présenter aux futures législatives. Sa baisse de popularité, ses problèmes financiers et l’absence de soutien des pays du Golfe seraient à l’origine de cette décision. Une telle absence risquerait de faire bouger les alliances électorales au Liban.

La carte d'approvisionnement et les réformes
Walid Joumblatt a par ailleurs déploré le fait que la carté d'approvisionnement, prévue pour venir en aide aux familles démunies, n'ait toujours pas été mise en place, alors que les conditions de vie dans le pays continuent de se détériorer en raison de l'effondrement socio-économique et financier et que les subventions sur les produits de première nécessité ont quasiment toutes été supprimées. "Je ne sais pas pourquoi il n'y a pas de réformes ni pourquoi nous n'entendons plus rien sur la carte d'approvisionnement depuis l'entrave artificielle et perturbatrice qui est apparue suite aux déclarations de l'un des ministres sur la guerre au Yémen. Y-a-t-il des ministres qui ne veulent pas la mettre en place ou n'est-elle pas financée ?", s'est demandé le chef druze. "Les Affaires sociales ont-elles répertorié le nombre de familles les plus pauvres aujourd'hui ?", a-t-il poursuivi. "La pauvreté s'est étendue, il est donc inévitable d'effectuer de nouvelles statistiques afin d'identifier les personnes en situation de besoin", a-t-il estimé.

Une dizaine d'activistes étaient entrés de force vendredi dernier au siège du ministère des Affaires sociales à Beyrouth afin de protester contre la détérioration de leurs conditions de vie et de leur pouvoir d'achat, ainsi que contre l’inaction des responsables. Les militants avaient exigé de rencontrer le ministre Hector Hajjar, avec lequel ils ont eu une brève réunion houleuse.