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Campus - ENSEIGNEMENT À DISTANCE

Les étudiants libanais peinent (encore) à suivre leurs cours en ligne

Entre les coupures quotidiennes de courant et la mauvaise connexion internet, suivre l’enseignement à distance n’est pas toujours facile pour les étudiants libanais.

Les étudiants libanais peinent (encore) à suivre leurs cours en ligne

Lama Najib. DR

Depuis le début de la crise sanitaire de Covid-19, les universités libanaises ont adopté, complètement ou partiellement, le mode d’enseignement en ligne. Enseignants et étudiants se sont familiarisés au fil des mois et des formations avec les plateformes d’e-learning et les séances en visioconférence. Alors que l’apprentissage en ligne fait partie du quotidien des étudiants libanais, des disparités sont observées entre ceux-ci en matière d’accès à l’électricité, à l’équipement informatique et à une connexion internet de qualité. Des problèmes qui peuvent pénaliser les jeunes universitaires en faisant baisser leur moyenne.


Nour Ghadban. DR

Connexion et coupures de courant

Ils sont nombreux à répéter que la qualité du réseau internet et le fait de ne pas avoir accès continuellement au courant les empêchent de plus en plus fréquemment d’assister à leurs séances de cours. « Avec la connexion peu fiable au Liban, il devient plus difficile de suivre les cours en ligne lorsque, sous le même toit, plusieurs personnes utilisent en même temps le wifi. Il m’arrive donc de devoir me connecter avec les données mobiles, et la connexion n’est pas, non plus, de bonne qualité », explique Nour Ghadban, étudiante en 3e année de chimie à l’Université libanaise. À cause de l’instabilité de sa connexion, la jeune femme a manqué des cours, ce qui l’inquiète particulièrement. « Il est possible pour les étudiants de consulter les ressources en ligne, mais l’interaction avec les enseignants est essentielle dans le cadre de l’apprentissage des matières scientifiques. L’obtention de bons résultats aux examens n’est pas garantie. »Lama Najib, en 3e année de lettres françaises à l’Université Saint-Joseph, campus du Liban-Nord (CLN), acquiesce : « Il est toujours possible de se rattraper en regardant les enregistrements des séances mais, même si les enseignants se tiennent à notre disposition pour tout renseignement complémentaire, il est préférable de pouvoir interagir directement avec eux durant la séance. » L’étudiante a heureusement pu compter sur le soutien de son université qui lui a offert un onduleur (UPS) qu’elle utilise lors des coupures de courant. « Sans cela, souligne-t-elle, impossible de suivre les différents cours répartis sur une journée. »


Nour Obeid. Photo Samar Obeid

Frais supplémentaires

Soucieux de poursuivre leur formation, les étudiants tentent de trouver des solutions pour ne pas manquer des cours. Nombre d’entre eux se trouvent ainsi contraints de payer à la fois les frais liés aux abonnements wifi et au forfait mobile, ces derniers grevant leur budget mensuel. « Il m’arrive souvent de me connecter en utilisant la connexion 4G de mon téléphone. Celle-ci est plutôt coûteuse et pas toujours de bonne qualité. Et je n’aime pas passer trop de temps devant un petit écran, cela entraîne des problèmes de vue », précise Nour Obeid, en 3e année de lettres françaises au CLN de l’USJ. « À cause de la crise de l’électricité au Liban et du faible débit de la connexion internet, j’ai dû acheter des équipements informatiques : un onduleur alimentation de secours et un amplificateur pour le wifi. Malgré cela, je suis parfois obligé de suivre des cours chez mes cousins ou depuis un café », raconte, quant à lui, Élio Safetly, en 3e année de licence en gestion des affaires internationales à l’Université américaine de technologie (AUT). Il estime que cette situation fait baisser ses notes aux évaluations. « Je rate forcément certaines explications et je n’ai pas d’interaction avec les enseignants », déplore-t-il. Comme lui, de nombreux étudiants confient être contraints de se connecter depuis un autre endroit que leur domicile. « Je trouve insupportable que les Libanais soient privés d’un accès au courant électrique 24h/24h. À cause du rationnement de plus en plus drastique, j’ai dû suivre à plusieurs reprises des cours et des formations chez mes oncles et tantes », regrette un étudiant en management à l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU), sous couvert d’anonymat. Pour ce dernier, la situation est inconfortable, les conditions n’étant pas réunies pour être concentré sur ses études. « On ne peut même plus compter sur les générateurs privés pour être certains de pouvoir se connecter, ce qui devient anxiogène et révoltant. »


Élio Safetly. DR

Renouer avec une vie sociale normale

D’autres facteurs compliquent l’apprentissage en ligne comme celui de ne pas disposer d’un ordinateur ou d’une tablette à usage personnel et d’un espace de travail isolé et au calme. De ce fait, les jeunes interrogés sont unanimes : ils préfèrent ne plus devoir alterner entre cours en ligne et en présentiel. Élio Safetly estime qu’en retournant définitivement sur le campus, il n’aura plus à faire face aux nombreuses distractions qui l’empêchent d’étudier efficacement en ligne. Lama Najib espère, elle aussi, pouvoir prochainement limiter la distance entre elle et ses interlocuteurs : « Je me sens isolée et n’arrive pas à m’exprimer comme je le souhaite derrière mon écran alors que j’ai besoin d’interagir avec les enseignants et les autres étudiants », remarque-t-elle. Nour Ghadban relève que les jeunes ont besoin de renouer avec une vie sociale normale, ce qui passe par un retour à l’université en respectant les normes sanitaires. « Rien ne peut remplacer le contact humain, cependant, avec la crise sanitaire, les frais de transport à prévoir et l’instabilité politique, le retour au campus s’annonce difficile au prochain semestre », regrette Nour Obeid qui, comme de nombreux étudiants, s’inquiète des conséquences des crises sanitaire et économique au pays du Cèdre.


Depuis le début de la crise sanitaire de Covid-19, les universités libanaises ont adopté, complètement ou partiellement, le mode d’enseignement en ligne. Enseignants et étudiants se sont familiarisés au fil des mois et des formations avec les plateformes d’e-learning et les séances en visioconférence. Alors que l’apprentissage en ligne fait partie du quotidien des étudiants...

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