Le délai d'inscription des Libanais de l'étranger sur les listes électorales pour les législatives du 27 mars 2022 a pris fin samedi à minuit, et désormais, plus de 244.000 électeurs pourront voter lors du prochain scrutin, qui risque toutefois d'être reporté, voire annulé, victime d'une énième crise politique qui se profile.
Selon les chiffres du ministère des Affaires étrangères actualisés quelques minutes après minuit, un total de 244.442 Libanais se sont enregistrés sur les listes électorales à l'étranger, un chiffre nettement en hausse par rapport à celui du dernier scrutin de 2018 et qui met en lumière une motivation croissante à prendre part au processus électoral dans un Liban en grave crise depuis deux ans. Pour les législatives de 2018, 82,965 Libanais s’étaient inscrits.
Dans le détail, 22.668 Libanais se sont inscrits en Océanie, 6.350 en Amérique latine, 59.211 en Amérique du Nord, 74.882 en Europe, 19.276 en Afrique et 61.204 en Asie.
Dans son communiqué annonçant le nombre total d'inscriptions, le ministère des AE a rappelé qu'en 2018, 92.810 émigrés s'étaient inscrits sur les listes électorales de l'étranger. Ce nombre élevé a été atteint "grâce à l'attachement des émigrés à leur mère patrie et à l'importance qu'ils accordent à participer aux élections", a-t-ajouté . Il a en outre souligné la "coopération totale" avec le ministère de l'Intérieur, annonçant qu'une fois les listes d'inscrits passées en revue, l'Intérieur dressera les premières listes électorales, qui seront partagées par les représentations diplomatiques, afin que les futurs électeurs puissent vérifier l'exactitude des données enregistrées.
À peine inscrits, nombre de Libanais établis à l’étranger ont été contactés par des partis politiques traditionnels ou des groupes alternatifs, après s’être enregistrés sur la plateforme de vote. Ces appels ont conduit certains électeurs et experts en sécurité numérique à s’interroger sur la confidentialité des données de la plateforme d’enregistrement, sur les personnes qui ont accès à leurs informations personnelles et où elles ont pu être partagées.
En France, dans le quartier de La Défense en banlieue parisienne, de jeunes Libanais, issus de milieux de la révolte populaire du 17 octobre 2019 et opposés au pouvoir politique en place au Liban, se sont rassemblés dans un restaurant pour poursuivre la campagne en faveur des inscriptions sur les listes électorales de l'étranger qu'ils mènent, rapporte notre correspondante Hoda Chedid. Ces jeunes, dont la campagne s'intitule "Tsajjal" (Inscris-toi), ambitionnent de voir "un nouveau Liban qui ne soit pas guidé par les partis traditionnels".
Mais, malgré l'enthousiasme et la mobilisation autour du processus d'inscription des Libanais de l'étranger sur les listes électorales, la tenue du scrutin au Liban reste plus qu'incertaine. Dans un entretien au quotidien Al-Akhbar, proche du Hezbollah, le président de la République, Michel Aoun, a ainsi affirmé qu'il ne signera pas le décret de convocation du collège électoral pour des élections législatives le 27 mars prochain, et qu'il n'approuvera que les dates du 8 ou du 15 mai 2022, tout en se prononçant contre la prorogation de la présente législature.
Expliquant les motifs de son refus d'avancer la date du scrutin, M. Aoun a fait valoir que certains jeunes risquent d'être privés de leur droit de vote, et que les conditions climatiques du mois de mars, notamment dans les régions montagneuses, peuvent perturber le bon déroulement des élections, ces arguments étant les mêmes que ceux brandis par le Courant patriotique libre (CPL), formation fondée par le président Aoun et dirigée par son gendre, Gebran Bassil. Ce refus du chef de l'Etat s'inscrit dans le cadre de son bras de fer politique avec le président du Parlement, Nabih Berry.
Le CPL a déposé, jeudi dernier, un recours en invalidation devant le Conseil constitutionnel contre les amendements apportés à la loi électorale pour la tenue du scrutin le 27 mars. Les députés aounistes auront attendu la fin du délai de quinze jours pour présenter leur recours, et le Conseil Constitutionnel a désormais un mois pour se prononcer. Or, le décret convoquant le collège électoral doit être signé par le président au plus tard le 8 décembre, soit trois mois avant le début de la date du vote des expatriés, qui doit avoir lieu deux semaines avant celle des élections au Liban. Si le Conseil constitutionnel tardait à prendre sa décision, les élections pourraient donc être renvoyées à mai. Si les élections étaient reportées ou annulées, le pays ferait face à une nouvelle crise institutionnelle. Dans ce cas de figure, M. Aoun pourrait refuser de quitter le palais présidentiel à la fin de son mandat, en octobre 2022.
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VU QUE LES LEGISLATIVES, SI IL Y EN AURAIT SERONT FAUSSEES PAE L,EXISTENCE D,UNE COMMUNAUTE ARMEE QUI INTIMIDE LES AUTRES COMMUNAUTES ET LES MENACE, ET SES COMPLICES LES TRAITRES CHRETIENS DE LA BERGERIE DE RAI MALHEUREUSEMENT, MON AMOUR PROPRE ET MA DIGNITE NE ME PERMETTENT PAS DE PARTICIPER A CES ELECTIONS DE LA MASCARADE.
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 30, le 21 novembre 2021