L'attaché culturel de l'ambassade d'Irak à Beyrouth a été convoqué à Bagdad pour une enquête sur la vente par des universités libanaises de "centaines" de faux diplômes à des Irakiens, dont des députés, une fraude qui a poussé Beyrouth à également enquêter. "Au moins trois universités privées libanaises sont impliquées", a indiqué jeudi à l'AFP une source académique irakienne qui a requis l'anonymat.
Les faux diplômes étaient vendus à des Irakiens qui n'avaient jamais mis les pieds dans ces établissements et étaient inscrits en enseignement à distance, une méthode d'apprentissage favorisée par les mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19, selon cette source.
Un grand nombre de députés et de hauts responsables irakiens auraient payé pour obtenir ces "diplômes" qui allaient du master au doctorat, en particulier dans les matières religieuses, a détaillé un autre responsable irakien qui, lui non plus, n'a pas souhaité être identifié. Les faux diplômes se monnayaient "entre 5.000 dollars pour un master et 10.000 dollars pour une thèse de doctorat", selon lui. Le chiffre de "27.000 faux diplômes évoqué dans certains médias est faux", a-t-il expliqué, assurant qu'il se situe plutôt "dans les centaines".
En Irak, les titres universitaires permettent à leurs titulaires de jouir d'une déférence qui confine parfois à l'obséquiosité et, surtout, ils constituent un sésame pour obtenir les postes les plus convoités dans la fonction publique. Le ministère irakien de l'Enseignement supérieur a ouvert une enquête et "l'attaché culturel de l'ambassade irakienne au Liban, Hachem al-Chammari, a été convoqué à Bagdad", a indiqué à l'AFP Haider al-Aboudi, un porte-parole du ministère, car les échanges culturels et universitaires sont "au cœur de sa mission".
Le ministère libanais de l'Education a lancé sa propre investigation à l'encontre de trois universités privées. L'un des établissements mis en cause, l'Université islamique, affiliée au Conseil supérieur chiite (CSC), plus haute instance religieuse de cette communauté, a limogé sa présidente et quatre chefs de départements. Un nouveau président a été nommé mercredi et le CSC a de son côté ouvert une enquête, selon les médias libanais.
Le Liban compte 36 universités privées. Aux côtés d'établissements prestigieux et centenaires comme l'Université américaine de Beyrouth ou l'Université Saint-Joseph, le gouvernement a autorisé après la fin de la guerre civile en 1990 l'ouverture d'un grand nombre d'établissements, certains à caractère religieux, d'un moindre niveau.
commentaires (9)
Je propose que nous deservions des diplômes es-corruption. Vu notre expertise en la matière, nous sommes les plus légitimes à aller jusqu'au doctorat, avec ses variantes et spécialités : trafic en tous genres...
Nicolas ZAHAR
00 h 06, le 21 novembre 2021