Le président de l'Association des banques du Liban (ABL), Salim Sfeir, a une nouvelle fois plaidé jeudi en faveur de la mise en place d'un contrôle des capitaux dans le pays, miné par un effondrement économique et financier depuis plus de deux ans, afin de "protéger les droits des déposants", alors que les banques imposent depuis le début de la crise des restrictions illégales sur les fonds de leurs clients.
Lors d'une réunion avec le Premier ministre, Nagib Mikati, M. Sfeir a souligné la "nécessité de protéger les droits des déposants, notamment au vu de la dépréciation de la livre libanaise qui a aggravé les pertes des Libanais et amoindri leur pouvoir d'achat". La livre libanaise, toujours officiellement indexée au taux de 1505,7 LL, s'échangeait à plus de 23.000 LL pour un dollar jeudi sur le marché parallèle. Salim Sfeir a dans ce contexte insisté sur la nécessité "d'adopter la loi du contrôle des capitaux afin de préserver l'argent qui se trouve toujours dans le pays et de protéger les droits des petits déposants".
Dans ce cadre, la réunion des commissions parlementaires des Finances et du Budget et de l’Administration et de la Justice au sujet du contrôle des capitaux, prévue hier, a été reportée à une date ultérieure, alors que le texte est à l'étude depuis des mois. Une proposition de loi urgente sur le contrôle des capitaux, qui encadre strictement le retrait et le transfert de devises, a été mise au point par le président de la commission parlementaire des Finances et du Budget, Ibrahim Kanaan, en mai dernier, plus d’un an après le début de la pire crise économique et financière dans le pays. Elle n'a toujours pas été avalisée par le Parlement.
"Le secteur bancaire est le plus touché par la crise et il est lié au plan gouvernemental attendu pour déterminer les voies de sortie de la crise", a ajouté Salim Sfeir, alors que les banques en seraient à leur "quatrième" phase de réduction de leurs effectifs, selon une source du secteur. M. Sfeir a par ailleurs souligné que les banques commerciales étaient prêtes à accorder à nouveau des prêts à condition qu'une loi soit adoptée au Parlement garantissant que les établissements bancaires seraient remboursés dans la même devise dans laquelle a été octroyé le prêt.
De son côté, le chef du gouvernement, Nagib Mikati, a assuré que "toute solution globale aux crises économique et financière sera envisagée en coopération avec les parties concernées, dont l'ABL". Il a également promis qu'il allait demander au président du Parlement Nabih Berry "d'essayer que la loi sur le contrôle des capitaux soit adoptée lors de la prochaine séance parlementaire", pour laquelle aucune date n'a encore été fixée.
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