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Lifestyle - La MODE

Chez Valentino, Pierpaolo Piccioli fait exploser les couleurs et étreint la mode « modeste »

Une collection de mode peut vous flanquer le syndrome de Stendhal en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Ce fut le cas de l’hiver 2021-22 de Pierpaolo Piccioli pour Valentino, lors du défilé donné en juillet dernier à l’Arsenal de Venise, plus précisément au chantier naval – ou Gaggiandre – de la Sérénissime. Lors de cette présentation haute en émotions esthétiques, se sont profilés des modèles annonciateurs d’une autre ligne exclusive exposée cette semaine en avant-première à Doha, Qatar.

Chez Valentino, Pierpaolo Piccioli fait exploser les couleurs et étreint la mode « modeste »

Exposition d’abayas Valentino des Ateliers au Doha Design District, Doha, Qatar. Photo DR

D’abord les couleurs et les superpositions de formes et de matières. Mais résumer Valentino à ces deux caractéristiques serait infiniment réducteur. Il faut imaginer, doré sous les derniers feux d’un de ces longs crépuscules de la Lagune, le cadre magique d’un chantier naval du XVIe siècle où se construisait un bateau par jour et l’éveil maritime de ces embarcations qui reliaient le monde au monde. Une plateforme flottante donne l’impression d’un défilé sur l’eau. Les invités ont tous obéi au dress-code : blanc. Et pour cause, la palette composée par Pierpaolo Piccioli ne supportait aucune concurrence.

Collection Valentino des Ateliers (haute couture), automne-hiver 2021-22. Photo DR

Sur un radeau en bout de piste, un piano égraine des notes fragiles, et la voix de la chanteuse britannique Cosima s’élève, chaude et sensuelle dans un silence d’église, sur les accents de I am calling you, bande-son du film Bagdad Café (1987). Dans le décor ainsi posé va se déployer, en 84 compositions, une féerie couture comme cette industrie en a rarement vue depuis, peut-être, la collection des Ballets Russes d’Yves Saint Laurent. Dix-sept peintres contemporains – « La peinture est aux beaux-arts ce que la haute couture est à la mode », souligne Pierpaolo Piccioli – ont prêté leur inspiration à ces incroyables compositions textiles. Parmi ces artistes, on retiendra notamment Jamie Nares, Luca Coser, Francis Offman, Andrea Respino, Kerstin Brätsch, Patricia Treib, Benni Bosetto et Wu Rui.

Collection Valentino des Ateliers (haute couture), automne-hiver 2021-22. Photo DR

Du dialogue entre la haute couture et les beaux-arts

Les tissus peints, les fabuleux collages dont certains ont nécessité des dizaines de tissus différents et des centaines d’heures de confection, s’expriment en pures émotions chromatiques: rose et chartreuse, violet et colvert, cacao et rose flamant, aubergine et lilas, bleus de toutes nuances, saturés, profonds, célestes ou aquatiques, et bien sur le fameux « rouge Valentino »… Les superpositions, les capes, caracos, chemises, pantalons, jupes micro, midi ou longues, les gants d’opéra et les capelines surdimensionnées de forme méduse, surmontées de nuages de plumes d’autruche, les revers contrastés, les volumes boule ou trapèze, les écharpes soulevées par la brise, tout crépite, exalte, provoque des orages électriques. Comme on l’a évoqué plus haut, en plus des quelques éléments masculins annonciateurs de collections marquées par la fluidité du genre, une pièce en particulier attire le regard vers quelque chose de radicalement nouveau chez Valentino des Ateliers, le label haute couture de Valentino : des manteaux fluides à revers contrastés, dont un bleu à revers pailleté d’argent, et des hauts à capuche, s’invitent dans le vestiaire de la mode « modeste ».

Collection Valentino des Ateliers (haute couture), automne-hiver 2021-22. Photo DR

En quinze abayas, un exercice de haute voltige autour de la mode modeste

Ces pièces sont les précurseurs d’une ligne de sublimes abayas haute couture spécialement réalisées pour l’événement Qatar Creates 2021, et exposées au Doha Design District, à Doha, Qatar. On pouvait les découvrir, uniquement sur rendez-vous, du 31 octobre au 5 novembre. Partant de sa conviction qu’au-delà du vêtement, la mode a le pouvoir d’influencer perceptions et mentalité, Pierpaolo Piccioli s’engage à travers Valentino à étreindre toutes les particularités vestimentaires, à commencer par celles de la mode modeste, propre à la tradition musulmane, qui cherche sa voie dans une industrie dominée par l’esthétique occidentale.

« Le challenge était surtout dans l’approche », a souligné Piccioli, en réponse à une question de cheikha al-Mayassa, présidente des musées du Qatar, sur les difficultés rencontrées lors de l’élaboration de cette collection. « Je devais comprendre, ne pas me contenter de répliquer la forme. Je devais entrer dans la culture qui entoure l’abaya à partir de ma propre culture. Comprendre ce qu’est un vêtement modeste et y infuser ma sensibilité et mon histoire personnelle. Garder la forme, parce que c’est là que se trouve le sens, analyser la technique de base et y apporter la touche couture. ».

Collection Valentino des Ateliers (haute couture), automne-hiver 2021-22. Photo DR
À l’arrivée, ce sont 15 sublimes coordonnés composés de robes-tuniques longues, monochromes, de forme A, à manches longues et col ras-du-cou arrondi, sur lesquelles vont se poser des abayas d’une beauté spectaculaire, certaines ornées de grands nœuds typiquement Valentino, d’autres jouant les grands volumes sur taffetas de soirée. Les doublures jouent la surprise avec des contrastes à couper le souffle, qu’il s’agisse de nuances de couleurs ou de matières souvent lumineuses ou métallisées. Chaque ensemble porte les noms des artisans qui l’ont réalisé. Parce que Valentino, c’est aussi la délicatesse humaine et le souci de rendre hommage au savoir-faire et aux métiers d’amour et de patience sans qui rien de tout cela ne serait possible.

D’abord les couleurs et les superpositions de formes et de matières. Mais résumer Valentino à ces deux caractéristiques serait infiniment réducteur. Il faut imaginer, doré sous les derniers feux d’un de ces longs crépuscules de la Lagune, le cadre magique d’un chantier naval du XVIe siècle où se construisait un bateau par jour et l’éveil maritime de ces embarcations qui...

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