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Lifestyle - Gastronomie

ilili DC, festin libanais dans un jardin enchanté

Les frères Massoud ouvrent leur deuxième restaurant aux États-Unis avec pour mission d’élever la cuisine libanaise et d’encourager la production au pays du Cèdre.

ilili DC, festin libanais dans un jardin enchanté

ilili DC, une belle victoire de Philippe Massoud. Photo Rey Lopez/ilili DC

Washington DC. Sur une rive du Potomac, un bâtiment d’un étage, à la façade vitrée et aux meneaux en aluminium gris se fond dans le contexte urbain. Rien ne laisse présager son intérieur. Sur le toit, se dresse un palindrome aux lettres jaunes parfaitement parallèles : ilili. Le deuxième restaurant des frères Massoud, Alexander et Philippe, vient d’ouvrir ses portes dans la capitale américaine. Entrer dans ilili – dis-moi en arabe–, c’est découvrir un univers insoupçonné et être transporté dans la cour intérieure d’une maison traditionnelle libanaise. Le lieu, d’un réalisme magique, est pensé du plafond aux carreaux sur le sol, et a un pouvoir immersif exceptionnel. Chaque détail – ou presque – a été imaginé et exécuté par des Libanais : l’architecte Nasser Nakib, le designer Karim Chaaya (spockdesign et ACID), l’artisan de rotin Barbour et le studio Bokja. « Notre objectif était d’envoyer une grosse part du budget du restaurant au Liban. Le pays étant dans une situation catastrophique, c’est la moindre des choses que l’on puisse faire », explique Philippe Massoud, chef exécutif et propriétaire d’ilili, à L’Orient-Le Jour.

ilili DC, une belle victoire de Philippe Massoud. Photo Nour Braidy

Le « plus authentique possible »

Tout a été fait pour créer une ambiance de « jardin enchanté » : les cages d’oiseaux en rotin exportées du Liban qui pendent du plafond, les petites lumières avec des ailes blanches style Ingo Maurer qui sont parsemées un peu partout, le papier peint fait à la main sur lequel sont dessinés des citronniers, des rosiers et des oiseaux, les chaises brodées de citrons, grenades et oranges signées Bokja et spockdesign et les carreaux bleus avec des dessins de marguerites. Au centre de la salle de 400 m2 a été placée une fontaine de pierre. L’eau qui en ruisselle apporte sa touche de musique. Au menu du restaurant, du libanais, avec des « petits voyages » et des « interprétations », comme le dit Philippe Massoud. « Notre mission est très simple : servir de la nourriture libanaise la plus authentique possible », assure-t-il. Chez ilili on peut donc manger du hoummous, du baba ghannouj, de la mouhammara, du fattouche, du taboulé, des falafels… Mais aussi, du canard avec des cerises ou des choux de Bruxelles avec du yaourt et de la menthe. La carte est riche en vins libanais : Kefraya, Ksara, Ixsir, Massaya, Musar, Domaine des Tourelles… On peut aussi boire de l’arak et des cocktails comme le Spicy Sumac Margarita ou le Beirut to Manhattan. Philippe Massoud n’a qu’un objectif en tête : « “Élever la nourriture libanaise”. Il n’y a aucune raison que cette nourriture ne soit pas en compétition avec la française, l’espagnole ou l’italienne, dit-il. C’est ma mission et mon devoir en tant qu’expatrié libanais de promouvoir le Liban. »

Coral Beach, Beyrouth

La nourriture libanaise, ce chef de 50 ans l’a mangée, respirée et appréciée dans les cuisines du Coral Beach, propriété de son grand-père, puis de son père. De 1975 à 1981, pendant la guerre, la famille Massoud se réfugie à l’hôtel. « Notre maison à Kantari a été volée et celle de Aley a été pillée et brûlée. » En 1981, la famille emménage dans un appartement à Ramlet el-Baïda, mais Philippe Massoud continue d’aller et venir à l’hôtel. « Je mangeais avec les employés en cuisine et en profitais pour voler des petits fours ou un peu de crème pâtissière. » Et lorsqu’il voulait préparer un plat chez lui, il demandait au chef de l’hôtel de le guider. « Évidemment, au début, c’était un désastre. Mais en fait, sans le savoir, je m’entraînais pour ce que je fais aujourd’hui. » En 1985, à l’âge de 14 ans, Philippe Massoud quitte le Liban pour les États-Unis. Il vit chez sa tante à Scarsdale, dans l’État de New York, entre à l’école et fait de son mieux pour s’adapter à sa nouvelle vie. Malheureusement, en octobre 1986, son père est assassiné « par la mafia ou la milice », et sa mère prend le Coral Beach en main avant de le revendre un peu plus d’un an plus tard. Philippe Massoud, lui, fait des études d’hôtellerie. Ces études – au Rochester Institute of Technology, après un passage à Cornell – sont d’abord « douloureuses » et « traumatisantes ». Tout lui rappelle son père, le Coral Beach, sa famille et son pays. Il revient au Liban en se disant qu’il « veut aider à la reconstruction du pays ». Mais la petite voix dans sa tête lui dit de retourner aux États-Unis et d’y décrocher un diplôme. Les cours l’ennuient mais il s’adapte petit à petit jusqu’à être placé sur la liste d’honneur du doyen. Diplôme en main, Philippe Massoud, qui se dit « pétrifié » par la nourriture libanaise servie à New York, veut ouvrir un « fast-food libanais ». Il décide d’abord de travailler chez les meilleurs : Bourj el-Hamam et Ya Hala au Liban ; Diwan et Noura à Paris. Acheter un local pour son futur restaurant s’avère plus compliqué que prévu. Le projet du jeune homme, alors âgé de 24 ans, tombe à l’eau. Il se met à travailler dans des restaurants de la ville jusqu’en 1998.

Photo DR

De Neyla DC à ilili NY

Il rejoint ensuite Béchara Nammour, pour lancer les restaurants Neyla. Ces derniers connaissent selon lui « un échec total » à Detroit et Los Angeles. Philippe Massoud décide alors de lui-même prendre en charge l’ouverture de la branche de Georgetown. Le restaurant, qui occupe un espace où quatre autres enseignes avaient échoué, connaît un franc succès.

Pour mémoire

Derrière les deux meilleurs restaurants de Philadelphie... une Libanaise !

Contacté par des investisseurs à New York, il commence à rêver de son propre restaurant. Lorsqu’il trouve l’espace au 236 de la 5e avenue, c’est une « révélation divine ». En novembre 2007, ilili ouvre ses portes mais c’est le début de la récession américaine. La presse new-yorkaise le « massacre » et prédit la faillite de son restaurant. « Il fallait être un peu fou pour ouvrir un restaurant de 300 places d’un coup, mais j’étais confiant. Client après client, recette après recette, j’allais gagner. » Trois ans plus tard, en septembre 2010, Philippe entre à ilili, ouvre le livret des réservations : le restaurant est complet. Aujourd’hui, ilili DC affiche complet pour le mois prochain.

Si Philippe Massoud n’avait pas eu des « petits soucis de santé », « il y aurait eu une dizaine d’ilili à travers les États-Unis ». Aujourd’hui, l’ouverture d’ilili DC, quinze ans après celui de New York, apparaît comme une victoire, mais, semble-t-il aussi, comme le début d’une expansion.

Washington DC. Sur une rive du Potomac, un bâtiment d’un étage, à la façade vitrée et aux meneaux en aluminium gris se fond dans le contexte urbain. Rien ne laisse présager son intérieur. Sur le toit, se dresse un palindrome aux lettres jaunes parfaitement parallèles : ilili. Le deuxième restaurant des frères Massoud, Alexander et Philippe, vient d’ouvrir ses portes dans la...

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