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Culture - Cinéma

« Their Algeria », un long voyage d’exil et de silences

En collaboration avec Metropolis Cinema, Dar el-Nimer présente ce soir, à 18h, le film documentaire de Lina Soualem « Their Algeria » (Leur Algérie). Une œuvre à la fois intimiste et universelle.

« Their Algeria », un long voyage d’exil et de silences

Aïcha et Mabrouk Soualem parlent de leur Algérie... Photo DR

Comment et pourquoi, après 62 ans de vie commune, Aïcha et Mabrouk, des émigrés algériens vivant à Thiers, en France, depuis des décennies, décident-ils de se séparer ? Une question qui obsède la réalisatrice Lina Soualem, leur petite-fille, et qui est le point de départ de son film documentaire de 72 minutes à la fois intimiste et à portée universelle. À travers Leur Algérie, elle retrouve les pièces manquantes d’une histoire que ses aînés ont emportées avec eux en France et qu’ils détiennent comme un grand secret.

Retrouver les racines

Née et basée à Paris, la cinéaste et actrice franco-palestino-algérienne a étudié l’histoire et les sciences politiques à l’Université de la Sorbonne. Elle a commencé à travailler dans le milieu du journalisme et en tant que programmatrice dans des festivals de cinéma, cherchant à combiner ses intérêts pour le 7e art et l’étude des sociétés arabes contemporaines. Lina Soualem a été programmatrice pour le Festival international du film sur les droits humains à Buenos Aires et le Festival Palest’In & Out à Paris, entre autres et joué dans trois longs-métrages réalisés par Hafsia Herzi, Hiam Abbass et Rayhana. Actuellement, elle est sur des projets comme auteure et assistante réalisatrice sur des fictions, des documentaires et des séries télévisées, mais planche aussi sur son second documentaire en voie de développement.

Pour Lina Soualem, fille du comédien Zinedine Soualem et de l’actrice palestinienne Hiam Abbas, il était urgent de s’interroger (avant leur disparition) sur le long périple qu’ont vécu ses grands-parents. Son instinct ne l’a pas trompée, puisque son grand-père Mabrouk est décédé lors de la postproduction.

Des questions non résolues

Le couple venu d’Algérie pour s’installer, il y a plus de 60 ans, dans cette petite ville médiévale de la France, Thiers, a vécu plus d’une aventure sans pour autant jamais dire un mot là-dessus. Pour la réalisatrice, qui en est à sa première œuvre, il était essentiel de briser le silence en prenant la caméra et témoigner de cette vie tumultueuse. Elle a réussi, tout en pénétrant l’intimité de ses grands-parents – un pépé taiseux et une mémé passant du rire aux larmes en quelques secondes –, à garder quand même une certaine distanciation. Probablement une caractéristique qui a trait à son passé de journaliste. Car si elle connaissait l’histoire de l’Algérie, Lina Soualem en savait moins sur celle de ses grands-parents qu’elle sonde dans ce récit filmique tout en pudeur, mais qui prend également le parti de l’humour de ce drame algérien, de l’exil de tout un peuple vers la France dans les années 50 et qui a vécu longtemps dans le désir de revenir au pays. Et pour preuve, le fils, Zinedine Soualem, n’a fait des démarches pour avoir la nationalité française qu’à l’âge de 28 ans... La réalisatrice raconte aussi à travers ce portrait de famille délicat et touchant, la (non)-quête d’identité de trois générations, leur implication dans la communauté française, notamment en tant que travailleurs (dans la coutellerie de Thiers) mais aussi leur attachement très fort à leurs traditions dans la plus grande discrétion et le plus grand silence. « Que je parle ou que je ne parle pas, quelle est la différence », dit le grand-père Mabrouk. Enfin, il y a ce personnage de Aïcha (la grand-mère) plus large que la vie et qui crève l’écran comme une véritable professionnelle. Les grandes questions qui étayent le film sont les suivantes : comment perçoivent-ils leur présence sur cette terre d’accueil ? Que transmettent-ils à leurs enfants ? Et quid de la troisième génération, c’est-à-dire celle de Lina Soualem ? C’est cette curiosité aiguisée qui a mené cette dernière à effectuer ce travail de recherches à travers des vidéos ou des photos de famille qu’elle a recueillis. Ainsi, la réalisatrice se pose en tant qu’interlocutrice, témoin et lien conducteur entre ces trois générations. Soutenu par un brillant montage signé Gladys Joujou (Beirut Phantom, In Syria….), le film de Lina Soualem a reçu le prix du Best Doc-in-progress au Doc Corner du Festival de Cannes en 2019. Leur Algérie a également été sélectionné pour être présenté en avant-première en Suisse au Festival international du film Visions du réel 2020. Il sort actuellement en France et bénéficie de cette projection à Dar el-Nimer. À ne pas rater.

Comment et pourquoi, après 62 ans de vie commune, Aïcha et Mabrouk, des émigrés algériens vivant à Thiers, en France, depuis des décennies, décident-ils de se séparer ? Une question qui obsède la réalisatrice Lina Soualem, leur petite-fille, et qui est le point de départ de son film documentaire de 72 minutes à la fois intimiste et à portée universelle. À travers Leur Algérie,...
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