Ébruitées jeudi, les informations sur une convocation du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, par le parquet du tribunal militaire qui voudrait recueillir sa déposition sur les affrontements meurtriers de Tayouné, le 14 octobre, n’étaient toujours pas officiellement confirmées hier. À Meerab, on confie à L’Orient-Le Jour que M. Geagea n’a pas été notifié d’une quelconque convocation, au moment où le parquet de la Cour de cassation de Beyrouth faisait allusion à une possible convocation sans aller jusqu’à l’affirmer.
Selon les informations qui ont circulé jeudi, le commissaire du gouvernement par intérim près le tribunal militaire, Fadi Akiki, a chargé les services de renseignements de l’armée de convoquer M. Geagea, sur la base de données qui auraient été fournies par des partisans des FL interpellés après de violents affrontements avec des combattants du Hezbollah qui manifestaient dans le périmètre du Palais de justice pour réclamer le remplacement du juge Tarek Bitar, chargé de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020. Sept personnes sont mortes durant l’échange de tirs, qui fait toujours l’objet d’une enquête menée par l’armée. Plus d’une vingtaine de personnes ont été jusque-là interpellées, dont des partisans des FL qui démentent cependant toute implication dans cette affaire, alors que le Hezbollah les accuse d’être à l’origine des violences.
Dans la journée, plusieurs médias locaux ont relayé une information selon laquelle le procureur de la République, Ghassan Oueidate, a gelé la démarche du juge Akiki. Si M. Oueidate a démenti toute intervention dans cette affaire, il a indirectement confirmé une volonté judiciaire de recueillir le témoignage de M. Geagea au sujet des incidents de Tayouné. « L’information rapportée par certains médias au sujet d’une décision du procureur général près la Cour de cassation de geler celle que (….) le juge Fadi Aki a prise (…) est dénuée de tout fondement. La notification par laquelle le commissaire du gouvernement par intérim demande à la direction des services de renseignements de l’armée d’auditionner le chef des FL fait l’objet d’un suivi de la part des autorités compétentes pour déterminer si elle implique un interrogatoire auprès de cette direction ou auprès du magistrat qui a lancé la notification », explique le communiqué que le bureau du procureur a fait paraître dans l’après-midi, en prenant soin de préciser qu’ « il n’existe aucun délai pour cela ». Ce qui, en d’autres termes, signifie que le chef des FL peut être à tout moment notifié d’une convocation qui, pour l’heure, semble être brandie comme une épée de Damoclès .Pour Samir Geagea, il s’agit d’une tentative d’intimidation qui s’explique par une volonté du Hezbollah de museler ses adversaires. Dans son intervention télévisée jeudi soir, au cours de laquelle il avait répondu presque point par point au réquisitoire dressé contre lui lundi par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le chef des FL avait critiqué une justice instrumentalisée selon lui par la formation pro-iranienne. Il avait aussi insisté à plusieurs reprises sur le fait que « le temps où le système sécuritaire libano-syrien faisait la loi est à jamais révolu », laissant ainsi entendre qu’il ne sera pas possible aujourd’hui au Hezb de monter un dossier contre lui.
Samir Geagea s’était dit disposé à comparaître devant le magistrat s’il est convoqué pour témoigner, mais à condition que ce dernier recueille également la déposition de Hassan Nasrallah. Il est revenu à la charge sur ce point hier. « En tant que chef d’un parti officiel libanais, je reste sous la loi. Mais pour que justice soit faite, il faut que la magistrature se comporte sur cette base avec toutes les parties locales. Il semble cependant que les principaux acteurs des événements de Aïn el-Remmané (Tayouné) se considèrent au-dessus de la loi, et malheureusement, la justice militaire les conforte dans cette conviction », a-t-il écrit sur son compte Twitter, pendant que des députés de son bloc parlementaire se déchaînaient contre le Hezbollah.
L’affaire semble avoir pris une dimension politique qui outrepasse le cadre du bras de fer entre les deux partis adversaires, si l’on tient compte des informations rapportées en soirée par la LBCI au sujet de l’entretien que le chef de l’Église maronite, le patriarche Béchara Raï, a eu avec le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, qu’il a reçu le matin à Bkerké. Citant des sources informées, la LBCI a indiqué que le général Aoun aurait demandé au patriarche d’intervenir pour geler la convocation adressée à M. Geagea, de peur d’une « aggravation de la tension sur le terrain, notamment au sein de la rue chrétienne », et que Mgr Raï aurait pris contact avec le juge Ghassan Oueidate pour relayer cette demande. Sollicité par la LBCI, Bkerké a démenti cette information, ainsi que tout lien entre la rumeur sur une intervention du procureur de la République auprès du parquet militaire et la visite de Joseph Aoun au patriarche « prévue depuis bien avant les incidents de Tayouné ». Il n’en demeure pas moins que sur son compte Twitter, Bkerké a repris des extraits de la dernière homélie dominicale du patriarche, stigmatisant, sans le nommer, le comportement du Hezbollah et mettant en garde contre « la fabrication de dossiers contre telle ou telle partie ».
commentaires (7)
Faudrait d’abord convoquer Berri et le barbu iranien qui ont attaqué agressivement un quartier paisible . Common sense,,
Wow
16 h 48, le 23 octobre 2021